C’est la dernière ligne droite. A six jours des élections européennes, chaque tête de liste s’attelle à arracher les quelques points qui peuvent s’avérer décisifs. Pour les uns, il s’agit d’arriver à tout prix en tête, pour les autres de rester dans la course en atteignant les 5 % nécessaires, afin d’envoyer des députés au Parlement européen. Dans ce sprint final, tous veulent croire que les appels à voter de dernière minute peuvent convaincre les hésitants. Surtout ceux arrachés au camp d’en face.

Le soutien est arrivé au détour d’une conversation lors d’un forum sur l’Europe organisé samedi 18 mai, par Libération. « Je pense qu’il faut qu’il y ait le plus de députés européens socialistes, donc de députés français socialistes », a déclaré François Hollande, à qui on demandait pour qui il fallait voter aux élections européennes. Sans jamais nommer Raphaël Glucksmann, l’ex-président de la République a ajouté : « C’est la liste qui permettra d’avoir le plus de parlementaires socialistes au groupe socialiste. » M. Hollande devrait se prononcer plus clairement en faveur de M. Glucksmann mercredi 22 mai, lors de la matinale de RMC.

L’ancien chef de l’Etat aura donc attendu le dernier moment pour s’afficher. Il n’a jamais caché que le choix de son parti de confier sa tête de liste à un non-socialiste, qui plus est, très critique sur son quinquennat, ne lui plaisait guère. Mais l’appui de l’ancien président pèse encore dans l’électorat social-démocrate et Olivier Faure le sait. Le patron des socialistes avait donc fait, le 15 mai, un discret appel du pied à M. Hollande en faisant des déclarations positives sur le quinquennat 2012-2017.

« C’est un peu la brocante »

Raphaël Glucksmann a enregistré, en outre, l’appui explicite de Najat Vallaud-Belkacem, dimanche 19 mai, lors d’un meeting à Paris. Très populaire dans l’électorat socialiste, l’ancienne ministre de l’éducation qui s’était retirée de la politique, a rendu un hommage appuyé au fondateur de Place publique, qui a eu « le courage de reconstruire la gauche ; il faut le dire, assez largement contre elle-même ».

« Ségolène Royal est en quête d’un poste mais son ralliement [à LRM] ne fera pas bouger quoi que ce soit », soupire un cacique du PS.

Ségolène Royal, en revanche, fait durer le suspense. Annoncé depuis plusieurs jours, son appel à voter en faveur de la liste LRM se fait attendre. Son ralliement, qui ne semblait guère faire de doute, devrait avoir lieu dans les prochains jours. Les ténors socialistes font mine de ne plus s’en soucier : les paroles de l’ancienne ministre de l’écologie n’auraient plus d’impact sur leur base électorale. « Ségolène est en quête d’un poste mais son ralliement ne fera pas bouger quoi que ce soit », soupire un cacique. « Toutes ces vieilles gloires qui se précipitent au chevet d’Emmanuel Macron et vont à la gamelle, c’est un peu la brocante », a lancé Olivier Faure en meeting à Paris, dimanche.

A La République en marche (LRM), plusieurs dirigeants se réjouissent de l’appui annoncé de ce « soutien de poids ». « Ce serait un ralliement très positif », a jugé la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, vendredi, sur RMC, en soulignant avoir « beaucoup d’estime » pour la socialiste. « Ce serait un atout majeur pour LRM car Ségolène Royal a un fort taux de sympathie dans l’opinion et incarne des valeurs fortes, comme la défense de l’environnement, l’égalité femmes-hommes ou la démocratie participative », observe le délégué général adjoint de LRM, Pierre Person.

Sans être en mesure d’afficher de réelles prises de guerre, la droite peut se targuer d’avoir rassemblé son camp. La tête de liste du parti Les Républicains (LR), François-Xavier Bellamy, a ainsi enregistré le soutien de 803 maires de droite, qui ont signé une tribune dans le Journal du dimanche, publié le 19 mai. « Nous, maires de France, voulons une Europe à hauteur d’homme », écrivent ces élus, dont le maire LR de Nice, Christian Estrosi, un temps tenté par un ralliement à LRM, ainsi que celui de Marseille, Jean-Claude Gaudin, ou encore Rachida Dati, candidate LR pour les municipales à Paris.

De quoi modifier les résultats le 26 mai ? Si les différents partis espèrent que ces soutiens de dernière minute leur bénéficieront dans les urnes, un stratège de la campagne de LRM juge ces opérations « pas très utiles », dans la mesure où « il y a toujours un soupçon » sur leur sincérité. « Les gens pensent que ce sont des soutiens intéressés », juge-t-il, persuadé que les Français, in fine, « ne voteront pas pour ça ».

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