Un agent de santé vaporise un désinfectant dans un centre de traitement Ebola de Butembo, ville de l’est de la RDC, le 27 mars 2019. / Baz Ratner / REUTERS

Le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé lundi 20 mai à l’union face à l’épidémie d’Ebola en République démocratique du Congo, qui a fait près de 1 200 morts depuis août 2018, qualifiant le virus d’« ennemi public numéro ». Le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus s’exprimait à l’occasion de l’ouverture de la 72e assemblée de l’OMS, l’organe décisionnel suprême de cette agence spécialisée de l’ONU.

« J’ai rencontré le président de la RDC et des responsables de l’opposition. Nous avons parlé ensemble des mesures à mettre en place pour lutter contre cette flambée parce qu’Ebola est l’ennemi public numéro un, a déclaré M. Tedros. A moins que nous nous unissions pour mettre un terme à cette flambée, on court le risque qu’elle se répande et qu’elle coûte encore beaucoup plus cher et qu’elle soit encore beaucoup plus agressive. »

L’actuelle épidémie de fièvre hémorragique Ebola, déclarée en août 2018 dans les provinces du Nord-Kivu et d’Ituri (est du pays), est la dixième et la plus grave enregistrée sur le sol congolais depuis 1976. Elle est la deuxième la plus importante après celle en Afrique de l’Ouest de 2014-2016 (plus de 11 000 morts en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia principalement).

Rumeurs et défiance

Depuis le début de l’épidémie, il y a eu quelque 1 160 décès pour 1 760 cas confirmés et probables, selon l’OMS. « Jusqu’à maintenant, cette flambée ne s’est pas étendue au-delà de deux provinces », mais « le risque de propagation reste très élevé », a relevé M. Tedros. Le nombre de nouveaux cas a fortement augmenté au cours des dernières semaines.

Sur le terrain, les travailleurs humanitaires font face à des résistances et à des violences dans une région où plusieurs groupes armés sont actifs. En outre, rumeurs et défiance entravent le travail des personnels de santé : une partie des habitants sont dans un déni de la maladie et s’opposent parfois avec violence aux enterrements sécurisés pour éviter la propagation du virus. « Depuis le mois de janvier, il y a eu des dizaines d’attaques menées contre des structures de santé dans le Nord-Kivu, a détaillé le chef de l’OMS. Chaque attaque donne au virus un avantage et empêche les intervenants d’agir. »

M. Tedros a également indiqué avoir convenu avec le Conseil de sécurité d’un « renforcement de l’action à l’échelle de tout le système des Nations unies », tout en reconnaissant que le virus « Ebola n’est pas la seule urgence » dans le monde. Il a par ailleurs appelé les pays à adopter au cours de l’assemblée mondiale le budget proposé pour 2020-2021, qui s’élève à 4,8 milliards de dollars (4,3 milliards d’euros), soit près de 420 millions de plus que le précédent. Il a aussi annoncé la nomination de divers ambassadeurs de bonne volonté, dont la mère de la chanteuse Lady Gaga, Cynthia Germanotta, nommée ambassadrice pour la santé mentale.