(Si vous avez cliqué sur cet article, vous savez qu’il dévoile l’intrigue du dernier épisode de la huitième saison de Game of Thrones, mais ça va mieux en le redisant.)

  • Diplomatie

On n’est jamais trahi que par les siens : à peine nommé, voire même pour l’être, Bran a dû accepter la sécession du royaume du Nord, décidée par sa sœur Sansa. Ce qui devait être le chantier diplomatique le plus simple de son règne s’est instantanément transformé en cauchemar : comment négocier tarifs douaniers et droits de passage avec la femme qui l’a protégé ? Pour ne rien arranger, la campagne de Daenerys Targaryen a laissé de profondes cicatrices dans le tissu diplomatique des Sept-Couronnes, pourtant déjà considérablement abîmé par huit saisons de luttes fratricides. Les îles de Fer, qui ont fait leur Brexit du royaume de Conflans depuis plusieurs saisons, sont désormais dirigées par Asha Greyjoy, soutien de Daenerys qui n’a accepté que du bout des lèvres le nom de Bran.

Sansa Stark, nouvelle idole de Theresa May.

Plus au sud, l’incertitude règne sur les relations que le trône pourra entretenir avec la maison Baratheon et l’accès aux vallées fertiles des Terres de l’orage. La meilleure ambassadrice de Bran auprès de Gendry Baratheon, sa sœur Arya, est partie voguer vers de nouvelles aventures, plantant (figurativement) celui qui lui avait demandé sa main. Ce contexte chargé ne rend que plus urgente la nomination d’un Maître des chuchoteurs, poste toujours vacant faute de candidat évident. A moins que le poste ne soit rendu inutile par le fait que Bran soit omniscient, point qui n’est toujours pas tout à fait clair.

  • Economie

Cet homme est chargé de l’économie de la zone Dragon d’or. Ca va bien se passer.

Des chantiers cruciaux attendent le Conseil restreint sur ce point, alors que les signaux d’alerte sont au plus haut. A Westeros, les commentateurs politiques s’interrogent sur le choix de Ser Bronn comme Maître des monnaies : si tous reconnaissent en lui un négociateur hors pair doublé d’un homme courageux, capable de tentative d’extorsion envers deux des hommes les plus dangereux de Westeros, Jaime et Tyrion, ses compétences réelles pour le poste restent un point d’interrogation. Tout comme ses priorités : sa volonté de faire passer la reconstruction des maisons closes avant l’établissement d’un système de traitement des eaux usées a été saluée comme une incitation à la relance de la consommation, mais les analystes de la Bourse de Castral Roc craignent que cette vision court-termiste soit insuffisante pour juguler l’inflation galopante qui ne pourra manquer de suivre la destruction de Port-Réal.

Quelques éléments positifs sont toutefois à signaler pour la trésorerie du royaume : la destruction totale de la compagnie dorée lors de l’attaque de la capitale dispensera la Couronne du versement du reste de la solde, ce qui compensera en partie les pillages dothrakis. En revanche, le Conseil restreint aura du mal à emprunter s’il souhaite lancer une politique de grands travaux : la note du royaume a été dégradée de AB à CC par la fédération des banques de Braavos, qui espérait voir un Lannister (« ils payent toujours leurs dettes ») l’emporter. La lourde tâche de négocier des taux d’intérêt moins exorbitants reviendra à Ser Bronn, tâche dans laquelle il devra certainement mettre de côté son franc-parler (« Quand on est con, y a pas de remède », a-t-il fameusement dit à Tyrion en parlant de Joffrey Baratheon).

  • Sécurité et marine

La guerre est gagnée, mais on ignore ce que peuvent faire les milliers d’Immaculés et de Dothrakis qui n’ont pas juré allégeance au trône et disposent toujours d’armes-chevaux-navires. La protection de Port-Réal passe d’abord par la reconstitution d’une marine de guerre, tâche confiée à Ser Davos. Le choix de ce professionnel expérimenté s’imposait comme une évidence, envoyant de plus un signal politique fort en montrant qu’à Westeros, même un petit trafiquant d’oignons peut prétendre aux plus hautes responsabilités s’il travaille dur toute sa vie (et a le bon goût de choisir les bonnes alliances au bon moment).

Une lecture complotiste dirait que la nomination de Podrick au sein de la garde royale est la manière choisie par Brienne pour cracher sur la tombe de Jaime Lannister.

En charge de la sécurité de Port-Réal et du roi, Brienne de Torth a elle aussi largement démontré ses compétences par le passé. Seuls les soupçons de népotisme entourant la nomination de son sympathique mais assez peu compétent ancien écuyer Podrick à la garde royale ont entaché son entrée au Conseil restreint.

  • Education et santé

La nomination de Samwell Tarly au poste de grand maester a été accueillie avec enthousiasme par le SMESUP (Syndicat des maesters, enseignants et savants pour l’union des possibles, classé à gauche), majoritaire au conclave de la Citadelle. Les chantiers qui s’ouvrent à lui sont, cependant, immenses : dans ce royaume largement analphabète et où les ravages de la guerre sont encore partout, les domaines pourtant clés de la sécurité sociale des vétérans et de la formation des orphelins ne semblent pas figurer parmi les priorités de celui qui est pourtant un ancien de la Garde de nuit.

Jon a abandonné la politique pour « passer du temps avec ses proches ».

Sa proximité avec Jon Snow, qui fut longtemps son principal appui politique, ne lui étant désormais plus d’aucune utilité depuis que son mentor a succombé à la tentation de Venise au nord du Mur, il aura fort à faire pour réussir à conserver son budget. Certains commentateurs évoquent déjà la possibilité qu’il connaisse un destin politique semblable à celui de Nicolas Hulot…

  • Environnement

C’est, en théorie, le point fort de Bran, seul candidat au trône à avoir communié avec la nature en devenant la corneille aux trois yeux. Il a d’ailleurs donné un signal fort en ce sens lors du premier (et unique) Conseil restreint, durant lequel sa seule préoccupation était de retrouver Drogon, le dernier dragon survivant. Mais cette volonté de protéger la biodiversité a été accueillie avec fraîcheur par son gouvernement d’union nationale, qui semblait plus disposé à retrouver Drogon pour l’éliminer que pour lui offrir une place dans une réserve naturelle.

Les émissions de GCD (gaz de combustion dragonniques) ont d’ores et déjà diminué de 98 %, une première victoire de la politique environnementale du nouveau souverain.

Sur le dossier majeur du changement climatique, un plan de quelques secondes sur un morceau de plante verte perçant sous la neige, à la toute fin de l’épisode 6, laisse entendre que finalement, peut-être, l’hiver ne viendra pas. Ce serait une bonne nouvelle pour Westeros, qui échapperait à la famine, et moins pour Bran, puisque l’opposition climatosceptique aurait beau jeu de rappeler que le slogan « Winter is coming » de la série était un mensonge depuis le début.

  • Dialogue social et vie politique

Un démocrate, un contrebandier, un professionnel de la politique qui a été Main du roi toute sa vie sans jamais devoir travailler, un mercenaire et une chevalière : l’élite politique de Port-Réal.

Les seigneurs de Westeros ayant courageusement résisté à la tentation d’établir une démocratie sur le continent, il appartiendra à Tyrion Lannister, Main du roi, de faire vivre le débat politique dans la capitale. Sa tâche sera simplifiée par le fait que les seules personnes dont l’avis compte font partie du Conseil restreint, soit un total de cinq individus.

  • Culture et religion

Après l’attentat au feu grégeois commandité par Cersei Lannister qui avait détruit le Notre-Dame local, le grand septuaire de Baelor, Port-Réal est toujours privé de son principal lieu de culte. Heureusement pour la foi des Sept, l’échec de la série à concrétiser la prophétie faite par Mélisandre à Arya limite sérieusement le crédit dont aurait pu bénéficier le culte du maître de la lumière R’hllor. Le fait que tous ses disciples connus sont morts durant la dernière saison ne joue pas non plus en la faveur du dieu des flammes.

La concurrence viendra plutôt, pour les nouveaux dieux, d’un possible renouveau de la foi dans les Anciens. D’abord parce que Bran, élevé dans les deux cultes, préfère visiblement les anciens dieux, au point d’en devenir un à moitié lui-même. Et aussi parce que le risque de voir le Nord se détourner de la foi des Sept pour former une théocratie ne peut être écarté.

La politique culturelle institutionnelle menée par Samwell Tardy semble devoir s’orienter vers une relance de la production d’enluminures, un choix là encore sensé dans un univers où les seules personnes qui apprennent à lire sont celles qui ont les moyens d’acheter des ouvrages copiés à la main.

  • Agriculture

Pourtant centrale dans un régime féodal médiéval-fantastique, la politique agricole de Bran est une totale inconnue.

NDLR : Cette mini-série d’articles parodiques sur la politique à Westeros s’arrête ici avec la fin de la série. Mais nous vous laissons méditer ces phrases de George R. R. Martin, sur les limites qu’il perçoit dans le Seigneur des anneaux de Tolkien :

« Tolkien peut dire qu’Aragorn devient roi et règne pour un siècle, et qu’il était sage et bon. Mais Tolkien ne se demande pas quelle est la politique fiscale d’Aragorn. Est-ce qu’il maintient une armée en permanence ? Que fait-il en cas d’inondation ou de famine ? Et que deviennent les orcs ? A la fin de la guerre, Sauron est mort, mais les orcs sont toujours là, dans les montagnes. Aragorn ordonne-t-il un génocide systématique et leur extermination ? Et tue-t-il même les bébés orcs, dans leurs berceaux orcs ? »

Une audience nombreuse et fidèle pour « Game of Thrones », malgré les critiques

L’épisode final de la série regardé dans un quartier de Manhattan, à New York. / CAITLIN OCHS / REUTERS

En dépit d’un accueil critique mitigé, l’épisode final de la saison 8 a enregistré un nouveau record d’audience, avec 19,3 millions de téléspectateurs devant HBO (la chaîne câblée et ses plates-formes mobiles) dimanche 19 mai au soir, selon les chiffres communiqués par la chaîne. Le premier épisode de la saison 8, diffusé le 14 avril, avait déjà battu un record lors de sa diffusion avec 17,4 millions de spectateurs, sans compter les visionnages en différé. A l’international, ce sont pas moins de 25,46 millions de personnes qui ont regardé cet épisode.

L’audience de Game of Thrones (GoT) dans l’ensemble des pays qui le diffusent n’a cessé d’augmenter avec les saisons, passant de 9,3 millions de spectateurs en moyenne pour la saison 1 à 25,7 millions pour la saison 6. Au cours de la saison 8, les audiences ont continué à augmenter d’épisode en épisode, avec une légère inflexion pour le deuxième. Ce phénomène est rare, les séries ayant plutôt tendance à perdre de l’audience avec le temps.

Si le distributeur français de Game of Thrones, OCS, ne communique pas sur ses audiences, il a fait savoir par e-mail vendredi que les épisodes diffusés en simultané (à 3 heures du matin, heure de Paris) font « trois fois plus d’audience [cette saison] que lors de la saison 7 », « avec un record pour l’épisode 3 », « La Longue Nuit ».

Lors de la diffusion du lundi soir en prime time, « les épisodes ont fait près de deux fois plus d’audience que lors de la saison 7, plaçant OCS comme première chaîne payante sur la TV d’Orange, devant Canal+ ». La chaîne précise en outre que « la consommation à la demande des saisons précédentes de GoT dépasse actuellement celle de la saison 8 ».