A l’appel de l’intersyndicale CFE-CGC, SUD-Industrie et CGT, les salariés se sont réunis devant le site belfortain de GE pour accompagner, sur une centaine de mètres, la sortie de l’usine du convoi exceptionnel transportant une turbine à gaz. / SEBASTIEN BOZON / AFP

Plusieurs centaines de salariés de GE Belfort (500 selon les syndicats, 350 selon la police) ont manifesté, mardi 21 mai, pour exprimer leur crainte qu’un vaste plan social touche leur site de production de turbines à gaz où travaillent 1 900 personnes.

A l’appel de l’intersyndicale CFE-CGC, SUD-Industrie et CGT, les salariés se sont réunis devant le site belfortain de GE pour accompagner, sur une centaine de mètres, la sortie de l’usine du convoi exceptionnel transportant une turbine à gaz.

Il s’agissait de montrer « leur fierté » de posséder ce savoir-faire industriel, a déclaré Fabrice Chirat, délégué syndical CGT. La manifestation se voulait « positive et pacifiste », a ajouté Philippe Petitcolin, délégué CFE-CGC. « Ce n’est pas le bon forum pour une discussion. Je vous ai entendu et je comprends votre inquiétude », a répondu aux salariés, muni d’un mégaphone, le directeur du site, Antoine Peyratout. Celui-ci recevra mardi après-midi l’intersyndicale, qui doit également rencontrer dans la journée la préfète du Territoire de Belfort, Sophie Elizéon.

Fabricant de turbines, pilier de la reprise en 2015 de la branche énergie d’Alstom, Belfort subit les conséquences des difficultés générales de GE et de la baisse actuelle de ses marchés.

Délégation à l’Elysée

GE a lancé depuis le début de l’année plusieurs procédures de rupture conventionnelle collective (RCC) et de plans seniors au sein de sa division énergie, et l’intersyndicale redoute que le groupe américain supprime 800 à 1 000 postes dans l’entité turbines à gaz. Au total, General Electric emploie près de 4 000 personnes à Belfort.

Une délégation de cinq élus locaux sera reçue mercredi à l’Elysée par la secrétaire générale adjointe, Anne de Bayser, a pour sa part déclaré Damien Meslot, maire LR de Belfort, qui fera partie de cette délégation.

Début mai, Emmanuel Macron avait assuré, dans un courrier aux élus locaux, que le dossier GE Belfort faisait l’objet de « la plus grande vigilance de la part de l’Etat ». Fin mars, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, s’était déjà engagé à « étudier toutes les pistes industrielles possibles pour maintenir l’emploi » à Belfort.

Alstom, histoire d’un fleuron industriel français

1879 La Société alsacienne de constructions mécaniques (SACM) s’établit à Belfort.

1928 La SACM fusionne avec Thomson-Houston et devient Alsthom.

Années 1970 Lancement des programmes nationaux nucléaires et TGV.

1998 Introduction en Bourse sous le nom d’Alstom.

1er janvier 2001 Première mention de l’article L151-3 dans le code monétaire et financier (CMF). Les investissements étrangers réalisés en France et liés à la sécurité publique et à la défense nationale nécessitent l’autorisation préalable du ministre de l’économie.

11 mars 2003 Patrick Kron devient PDG d’Alstom.

7 juillet 2004 La Commission européenne valide la renationalisation partielle négociée entre Patrick Kron et Nicolas Sarkozy, ministre de l’économie. L’Etat français recapitalise à hauteur de 720 millions d’euros. Bouygues rachètera la participation de l’Etat en 2006.

21 juin 2006 Nomination à la présidence de General Electric (GE) France de Clara Gaymard, ex-présidente de l’Agence française pour les investissements internationaux et épouse d’Hervé Gaymard, plusieurs fois ministre sous Jacques Chirac.

2010 Le Department of Justice américain (DoJ) lance une enquête anticorruption.

2012 Des rumeurs persistantes font état de la volonté de Bouygues de céder sa participation (29,4 %) dans Alstom. Au 31 décembre 2017, Bouygues détient 28% d’Alstom.

23 octobre 2012 L’Agence de participation de l’Etat, dirigée par David Azéma, commande au cabinet AT Kearney une étude évaluant les avantages et les inconvénients d’un changement d’actionnaire pour Alstom.

14 avril 2013