Nigel Farage, après avoir été visé par un jet de milkshake, le 20 mai à Newcastle. / SCOTT HEPPELL / REUTERS

A la veille d’une victoire annoncée aux élections européennes, où les sondages le donnent en tête de tous les partis, le Brexit Party (« Parti du Brexit ») du dirigeant d’extrême droite Nigel Farage est sur la sellette. Lundi 20 mai, la commission électorale a annoncé qu’elle se rendrait le lendemain au siège de cette formation politique créée en janvier sur les décombres de UKIP (Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni), l’ancien parti de M. Farage devenu ouvertement xénophobe et antimusulman depuis sa victoire au référendum sur le Brexit.

« Coup monté »

Alors que la loi britannique ne soumet à aucun contrôle les dons aux formations politiques inférieurs à 500 livres (570 euros), la commission électorale soupçonne le Parti du Brexit d’avoir détourné cette règle en encaissant une multitude de règlements tout juste inférieurs à ce plafond via Paypal, un système de paiement en ligne qui ne permet pas de vérifier l’origine des fonds ni le véritable payeur. Or, la législation exige que tout don supérieur à 500 livres provienne d’une source britannique répertoriée.

L’ancien premier ministre Gordon Brown a accusé M. Farage d’« affaiblir la démocratie » en acceptant des financements de campagne « dont l’origine est inexpliquée ». Le Parti du Brexit, qui fait régulièrement salle comble dans une campagne des européennes désertée par les grands partis, n’a pas formellement d’adhérents. Il compte des « partisans répertoriés » qui versent au minimum 25 livres par an, apportant un revenu estimé à 2,75 millions de livres. Lundi, à l’annonce de l’enquête de la commission électorale, Nigel Farage a dénoncé « un coup monté par l’establishment » et « une ingérence directe dans la campagne électorale ». Une enquête de la télévision Channel Four a établi que M. Farage, député européen, avait reçu 450 000 livres de l’homme d’affaires Arron Banks, financier de la campagne du Brexit. Il affirme ne pas les avoir déclarés au Parlement européen parce qu’il s’apprêtait à quitter la politique après la victoire du Brexit.