Un cambriolage a eu lieu dans la nuit de samedi 18 à dimanche 19 mai au siège de l’avionneur Dassault, à Saint-Cloud, a révélé la presse indienne vendredi 22, information que l’entreprise a confirmée au Monde sans autre précision.

Les faits se sont produits dans des bureaux attenant au siège de l’avionneur mais séparés, mis à disposition par Dassault pour l’équipe indienne traitant le contrat d’exportation du Rafale, a déclaré la presse de New Delhi. « Il y a eu une intrusion dans le bureau de l’équipe de projet de l’armée de l’air indienne. Aucun disque dur ou document n’a été volé. Nous vérifions certains détails pour éclaircir les motivations », avait fait savoir une source militaire à l’agence de presse ANI. Les sources judiciaires du Monde ont, cependant, affirmé que des documents, mais surtout des sommes d’argent avaient été dérobées.

L’enquête pour « vol avec effraction » a été confiée au service départemental de police judiciaire des Hauts-de-Seine, ce qui indique que l’affaire est prise au sérieux, les cambriolages étant habituellement traités par la sûreté. Mais plus que l’espionnage, les enquêteurs privilégient à ce stade une piste crapuleuse. 

36 avions Rafale vendus à l’Inde en 2016

« Une enquête de police est en cours, nous ne faisons aucun commentaire supplémentaire », s’est-on contenté de déclarer du côté de Dassault. La France a vendu 36 avions de combat Rafale en 2016 à l’Inde et les premières livraisons du contrat estimé à 8,4 milliards d’euros doivent intervenir cette année. La presse indienne a précisé que l’équipe présente chez Dassault est dirigée par un officier de l’armée de l’air, afin de gérer le calendrier de la vente et la formation des personnels qui assureront la maintenance des appareils.

Dans la campagne électorale qui vient de s’achever en Inde, la vente des Rafale est devenue un sujet explosif tournant au scandale politique. Le Parti du Congrès, dans l’opposition, a attaqué le gouvernement nationaliste de Narendra Modi sur son manque de transparence et sa connivence avec Anil Ambani, le partenaire indien de Dassault. La Cour suprême indienne avait rejeté fin 2018 les appels à une enquête sur des soupçons de corruption et de trafic d’influence.

Le Monde a révélé en avril que la France avait en 2015 annulé un redressement fiscal d’un montant global de 143,7 millions d’euros, pourtant réclamé depuis des années, en faveur d’une entreprise française appartenant au groupe Reliance Communications d’Anil Ambani. Le litige a été réglé entre février et octobre 2015, au moment même où l’Inde et la France négociaient la vente des 36 avions de combat. Anil Ambani a aussi financé en 2016 une partie du film Tout là-haut, coproduit par Julie Gayet, la compagne du président François Hollande.