Un frémissement de fin de campagne pour la liste de Raphaël Glucksmann ? Pas sûr au regard du dernier meeting du candidat Parti socialiste (PS) /Place publique. Ce mardi 21 mai, les socialistes avaient préféré jouer les modestes en réservant la salle du Parc à Lomme (Nord). Pas de grand rassemblement à Lille-Grand Palais comme ils en avaient l’habitude. A peine 400 personnes s’étaient déplacées pour venir écouter l’essayiste qui les mène à la bataille pour les européennes. Et venir applaudir Martine Aubry. Elles sont loin les grandes heures du socialisme lillois…

« Martine ! Martine ! » C’est bien la maire de Lille qui était attendue par les militants. C’est en effet le dernier poids lourd que le PS a mobilisé pour soutenir la tête de liste qui ne parvient pas à percer dans cette campagne européenne insaisissable. L’ancienne ministre de Lionel Jospin a assuré qu’elle vivait « un moment de bonheur ». Elle a d’abord salué Olivier Faure pour avoir essayé de réunir la gauche sociale-démocrate, même avec ses limites :

« Nous aurions aimé dépasser nos quatre organisations [derrière la liste]. Mais c’est un geste fort, inédit d’avoir compris la nécessité de se mettre derrière une personne qui représente les valeurs de la gauche. C’est le début d’une histoire. »

Mme Aubry a poursuivi son discours en attaquant avec énergie La République en marche (LRM) et surtout Emmanuel Macron qui s’acharne à opposer les progressistes aux nationalistes. « Il est en train de se légitimer en désignant le Rassemblement national (RN) comme le seul ennemi et espère ainsi qu’on ne parlera pas de lui ». Mais, s’est-elle exclamée, « Emmanuel Macron n’est pas progressiste ! » Il ne l’est pas parce qu’« un progressiste n’aurait pas fait voter la loi travail, désindexé les retraites, fait baisser les APL ou supprimé l’ISF. Depuis deux ans, les inégalités explosent ! ». A ses yeux, le vrai progressisme, c’est de « rompre avec l’ordre établi et le désordre social ».

Martine Aubry, le « roc » du PS

La maire de Lille a poursuivi son discours très à gauche en disant qu’elle voulait « en finir avec le libéralisme financier », avec le programme porté par le candidat d’Envie d’Europe. « Il n’y a qu’une urgence celle d’agir » pour la justice sociale et écologiste, « parce que les premières victimes seront les plus pauvres », a-t-elle insisté. Avant de dire qu’il fallait « ouvrir les portes aux migrants de l’Aquarius » et qu’elle avait « applaudi » Angela Merkel « parce qu’elle avait sauvé l’honneur de l’Europe ». « L’Europe n’en serait pas là avec les nationalistes si elle avait mieux accueilli. »

Elle a, enfin, salué le « courage » de Raphaël Glucksmann. Reprenant des propos de François Mitterrand, elle a enjoint son parti : « Gardons la nuque raide, ce n’est pas facile en ce moment mais avec toi, Raphaël on va y arriver. » En écho, la tête de liste a rendu hommage à son hôte en lançant : « quand le vent souffle et que les girouettes tournent, il nous faut à tous Martine. Tu es notre roc ». Avant d’ajouter : « ce qui se joue le 26 mai, ce n’est pas le score de Macron ou Le Pen mais veut-on revenir à l’Europe de Jacques Delors », a-t-il dit devant sa fille. Comme si ce meeting était d’abord celui de la patronne lilloise.

« En cinq jours, on peut renverser les montagnes », avait assuré auparavant Paul Magnette, bourgmestre de Charleroi et candidat belge. Au milieu de la soirée, Lionel Jospin faisait savoir par un communiqué que, lors d’un dîner de la section PS de la Chapelle-Goutte d’Or du PS à Paris, « fidèle au socialisme démocratique et adhérent du Parti socialiste », il voterait pour Raphaël Glucksmann. De quoi mettre un peu de baume pour le final de cette campagne poussive.