L’annonce est arrivée lundi 20 mai par un courriel d’Arnaud Lagardère, président d’Europe 1, adressé à l’ensemble des salariés de la station. Le jour même, le vice-président de la station, Laurent Guimier, hospitalisé le 27 avril à la suite d’une chute au stade de France, où il assistait à la finale de la Coupe de France entre le Paris Saint-Germain et Rennes, devait reprendre le travail. Mais, à la surprise générale, M. Lagardère a annoncé son remplacement à titre provisoire par Constance Benqué, l’actuelle directrice générale des activités médias du groupe.

Fidèle parmi les fidèles, Constance Benqué, 58 ans, a été débauchée au Nouvel Observateur par Arnaud Lagardère en 1999. A l’époque pour diriger – déjà – les régies des médias audiovisuels de Lagardère. Contrairement à M. Guimier, Mme Benqué est une professionnelle de la publicité. Sera-t-elle chargée de la grille de rentrée, une tâche traditionnellement dévolue à un journaliste ? « Cette question sera tranchée en fonction de la date de retour de Laurent Guimier », fait valoir une source, qui rappelle qu’Arnaud Lagardère reste l’actuel président de la radio. « En attendant le retour de Laurent Guimier, il faut avancer », explique pour sa part Constance Benqué. En interne, on explique qu’un séminaire de rentrée avait eu lieu juste avant l’accident de Laurent Guimier et que les différents scénarios sont déjà sur la table.

Lagardère aux abonnés absents

Accusé d’être aux abonnés absents, l’héritier de Jean-Luc Lagardère a prévu de venir parler aux salariés mardi 4 juin. Cette absence provisoire de Laurent Guimier, nommé à l’été 2018, intervient alors que la rédaction d’Europe 1 a adopté, le 18 avril, une motion de défiance à l’encontre d’Arnaud Lagardère et que les rumeurs sur son départ ont commencé à se propager. Le texte, voté massivement, a exprimé la défiance des salariés à l’égard de celui qui avait décidé, il y a deux ans, de devenir PDG de la radio, et le désigne comme « responsable au premier chef de la situation dans laquelle se trouve l’entreprise aujourd’hui ». Outre la chute des audiences – la radio est passée sous les 6 % d’audience cumulée au premier trimestre –, la motion évoque également d’autres sujets d’inquiétude et de mécontentement parmi les salariés, notamment « la persistance d’importantes poches de précarité », un « deux poids, deux mesures » en matière de salaires, un manque de visibilité sur le numérique, ou encore « un management insuffisamment respectueux ». « Les salariés n’y croient plus », se désole un journaliste.

Lors de l’assemblée générale du groupe Lagardère le 10 mai, le patron du groupe a cependant assuré que la station ne serait pas vendue. « On la redressera ! Je la redresserai ! Et j’espère qu’un jour, le plus tôt possible, on se retrouvera et on parlera sur des chiffres qui seront évidemment assez différents », a-t-il déclaré aux actionnaires. Contacté par Le Monde, Laurent Guimier n’a pas souhaité s’exprimer.