Le marché immobilier est porté par des conditions de crédit exceptionnelles, dans la mesure où les taux d’intérêt n’ont jamais été aussi bas (à 1,35 % en moyenne). / LIONEL BONAVENTURE / AFP

Selon les chiffres des notaires et de l’Insee publiés jeudi 23 mai, les logements anciens, en France, se renchérissent de 0,7 % en moyenne au premier trimestre de 2019, comparé au dernier trimestre de 2018. Sur un an, la hausse atteint 3 %, et même 3,7 %, pour les seuls appartements – ce qui témoigne d’une inflation encore vivace au cœur des villes – contre + 2,5 % pour les maisons.

Le marché immobilier, porté par des conditions de crédit exceptionnelles dans la mesure où les taux d’intérêt n’ont jamais été aussi bas (à 1,35 % en moyenne), d’après l’Observatoire Crédit Logement, reste dynamique, avec 985 000 transactions enregistrées en douze mois, entre février 2018 et mars 2019, soit 1% de plus que l’année précédente. Cela représente, là aussi, un record. En Ile-de-France, notamment, le rythme reste soutenu, avec une augmentation des prix de 3,9 % sur la même période, mais 2,5 % seulement en province.

A Paris, le coût du mètre carré a crû de 6,5 % en un an et atteint, en moyenne, 9 680 euros. A en croire les anticipations des notaires fondées sur les promesses de vente, il devrait flirter, d’ici à juillet, avec les 10 000 euros (9 990 euros), gagnant ainsi 27 % depuis le point bas de mai 2015.

La petite couronne subit la contagion

« La tension est forte dans la capitale, en particulier sur les grands appartements bourgeois des quartiers chic touchés par un “effet Brexit” et la demande pressante de ces expatriés revenant de Londres, au fort pouvoir d’achat », observe Elodie Frémont, notaire à Paris, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés (VIe arrondissement), où le mètre carré flambe à 16 390 euros, en augmentation de 16,8 % sur un an et de 7,5 % du côté de l’Odéon. Les quartiers populaires sont également concernés par la hausse (+ 13,8 % dans le XIXe arrondissement ; + 11,4 % dans le Xe).

La petite couronne subit la contagion, avec des prix en progression de 4,2 %, voire 4,9 % en Seine-Saint-Denis où, au premier trimestre 2019 et sur un an, les hausses dépassent les 7 % dans nombre de communes comme Asnières-sur-Seine (+ 9 %), Pantin (+ 7 %) ou Montreuil (+ 9,3 %). Dans le Val-de-Marne, le mètre carré, à Saint-Maur-des-Fossés, s’apprécie de 7,7 %.

Enfin, le marché, dans la grande couronne, retrouve de la vigueur, avec un accroissement du nombre de ventes de 17 % en un an, mais des prix contenus à une légère inflation de 0,5 %. « On efface tout juste les niveaux de prix de 2011, sauf dans les zones rurales », commente Christian Godard, notaire à Claye-Souilly (Seine-et-Marne).

Les droits de mutation, une aubaine pour les départements

La hausse des prix immobiliers est une aubaine pour les finances des départements, principaux bénéficiaires des droits de mutation. En effet, ces taxes sont déjà passées, en 2016, de 3,8 % à 4,5 % des prix de vente, et même 5,8%, en incluant la part communale de 1,20 %. L’association des départements réclame un nouveau coup de pouce de 0,20 point, qui ferait grimper le total des droits de mutation à 6,01 %, part communale incluse, soit un gain de 500 millions d’euros. Il faut aussi compter avec leur augmentation cachée, puisque les prix de vente incluent désormais les frais d’agence, augmentant mécaniquement l’assiette taxable. Depuis janvier 2018, un décret issu de la loi ALUR enjoint en effet aux agents immobiliers d’afficher le montant de leur commission sur chaque annonce, sauf si elle est réglée par le seul vendeur. Pour échapper à cette transparence, les agents immobiliers affichent donc un prix « commission incluse » soumis aux taxes : « Avec une commission d’agence moyenne de 5 %, Ie gain supplémentaire, pour les départements, avoisine les 600 millions d’euros par an », estime Thierry Delesalle, notaire chargé de la conjoncture immobilière.