L’agence Bloomberg affirme, jeudi 23 mai, que le groupe français Vivendi a approché le chinois Tencent Holding LDT, pour lui céder une participation minoritaire dans sa filiale Universal Music Group. Un chinois dans le capital du numéro un mondial de la musique, le groupe qui compte parmi ses artistes Taylor Swift, Kanye West , U2, Lady Gaga ou Drake ? Aucun commentaire chez Vivendi où l’on se borne à expliquer que « le processus suit son cours », à propos de l’évolution plutôt lente de la cession d’une participation inférieure à 50 % de sa plus belle filiale, UMG.

Une telle opération permettrait certes à Universal Music Group de se développer à l’international et notamment de prendre pied dans le marché chinois, assure Bloomberg . Mais, a contrario, un tel schéma aurait pour inconvénient de susciter la colère des autorités américaines – le plus important marché mondial de la musique – en pleines tensions commerciales américano-chinoises. Tencent n’a pas non plus souhaité commenter les affirmations de l’agence.

Sérénité et détermination

En juillet 2018, Vivendi avait annoncé le démarrage du processus de cession d’une part minoritaire d’Universal Music, finalement préférée à l’autre hypothèse – la mise en Bourse de cette filiale. Le groupe français avait alors prévenu que ce projet pourrait être achevé dans un délai de dix-huit mois. Mi-avril, lors de la publication des derniers résultats trimestriels, la direction de Vivendi avait expliqué que cette opération se déroulait « sereinement, avec détermination et sans précipitation ». Un prix de réserve – toujours confidentiel – a été fixé dès le lancement du processus de vente.

La valorisation d’Universal Music rebute-t-elle les investisseurs ? En janvier 2019, Morgan Stanley évaluait UMG entre 25,6 milliards et 37,2 milliards d’euros. Soit davantage que la valorisation de sa société mère... Deutsche Bank s’en tenait à 29,3 milliards d’euros. Goldman Sachs, de son côté, évoquait en septembre 2018 entre 22,7 et 25,1 milliards d’euros, tandis qu’Exane BNP Paribas tablait sur 25,7 milliards d’euros.

En évoquant  En attendant Godot  de Samuel Beckett, Giasone Salati, analyste de Macquarie Group Ldt demande ingénuement dans Bloomberg : « Pourquoi annoncer l’opération si longtemps à l’avance au lieu de le faire une fois qu’elle est conclue ? Peut-être que cela aide le cours de Vivendi ». De fait l’action Vivendi a progressé de 24 % depuis deux ans, malgré les difficultés rencontrées à la fois par les deux autres grosses filiales, Telecom Italia et Canal +.

La liste des acquéreurs éventuels d’Unviersal Music reste la même depuis des mois. Les analystes y font figurer Liberty Media, qui détient un tiers du capital du numéro un mondial des concerts, Live Nation Entertainment. Le chinois Alibaba est également souvent cité, tout comme le groupe américain KKR & Co et Alphabet, la maison mère de Google. Sans compter Facebook, Amazon, Spotify et Apple. Jean-Baptiste Sergeant, analyste chez MainFirst, restait dès février très circonspect sur cette dernière hypothèse en affirmant : « Si Apple était intéressé, cela fait longtemps qu’il aurait acheté ».