La tête de la liste de LRM pour les européennes, Nathalise Loiseau (au centre), et l’ancien ministre du développement Pascal Canfin (à gauche) lors du dernier meeting de campagne du parti, le 24 mai à la Mutualité à Paris. / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Mobilisation générale ! À deux jours des élections européennes, La République en marche (LRM) a tenu son dernier grand meeting, vendredi 24 mai, à la Mutualité à Paris. À quelques heures de la clôture officielle de la campagne, qui prendra fin vendredi à minuit, le camp macroniste a rassemblé ses principales têtes d’affiche. Etaient notamment présents des membres du gouvernement comme le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et des personnalités comme le patron du MoDem, François Bayrou, ou l’ex-eurodéputé écologiste, Daniel Cohn-Bendit. L’un des rares ayant réussi à soulever la foule.

L’ambiance a quelque peu été ternie par l’explosion d’un colis piégé à Lyon, juste avant le meeting, qui a fait une dizaine de blessés légers. Alors que sa présence était prévue, le premier ministre Edouard Philippe a ainsi décidé d’annuler sa participation au dernier moment. Un acte qualifié d’« attaque », sans plus de précisions, par Emmanuel Macron vendredi soir, en direct sur la chaîne d’un youtubeur.

Plusieurs messages de soutien ont été entonnés lors du meeting. « Je voudrais que nous ayons tous une pensée pour les victimes », a lancé la tête de liste de la majorité, Nathalie Loiseau, en introduction, devant près de 1 700 personnes, selon les organisateurs. « Ce soir, une partie de nos cœurs est à Lyon avec les blessés. Et nos pensées vont aux familles », a abondé le patron de LRM, Stanislas Guerini.

« Ne boudez pas les urnes ! »

Malgré cet imprévu, LRM s’est toutefois efforcée de mobiliser les électeurs pour faire barrage à l’extrême droite. Et ainsi permettre au parti présidentiel d’arriver en tête. « Votez, votez, votez dimanche ! », a notamment répété M. Guerini. « Ne boudez pas les urnes ! », a demandé Mme Loiseau, en appelant les abstentionnistes à se déplacer dimanche, afin de donner une « victoire » au camp présidentiel. Un défi compliqué : l’ensemble des sondages diffusés ces derniers jours donnent le Rassemblement national (RN) en première position. Le RN (24,5 %) est toujours en tête des intentions de vote devant LRM (23 %), selon un sondage Ipsos Sopra Steria diffusé vendredi.

À la tribune, les orateurs ont rivalisé d’arguments pour convaincre les électeurs de se déplacer aux urnes. Le numéro deux de la liste, Pascal Canfin, a axé son discours sur les ingérences étrangères, en appelant à « battre » l’alliance des « nationalistes à l’intérieur et à l’extérieur de l’Union européenne ». Dans son viseur ? « Les Le Pen, Salvini, Orban, Bannon, Poutine… » « Ne vous laissez pas voler l’élection ! », a-t-il exhorté. Avant de conclure, sous les applaudissements : « Le 26 mai vous avez le choix : soit vous voulez que Donald Trump, Poutine ou Bannon se réjouissent. Soit vous voulez que Trump dise fucking hell, Europe is back” ! ».

Dans la même logique, M. Le Drian a fustigé les « populistes », comme le RN, qui « se placent sous la dépendance d’intérêts étrangers ». « Quel scandale ! », s’est indigné le chef de la diplomatie française, en dénonçant « l’internationale des nationalismes », qui a pour but de « dépecer et déconstruire l’Europe ». « Quand on voit que l’Europe est menacée de délitement, on ne peut rester inerte. Il faut combattre ! », a-t-il poursuivi, en multipliant les critiques contre la formation de Marine Le Pen. « Le RN crie on arrive” mais cela fait cinq ans qu’ils siègent au Parlement européen et on n’a rien vu ! », a notamment assené l’ex-ministre de François Hollande, en se présentant comme « un homme de gauche », « militant européen » de longue date, « disciple de Jacques Delors ».

Refus du défaitisme

Daniel Cohn-Bendit a lui aussi a concentré ses attaques contre le RN. « Il faut crier plus fort car à l’heure actuelle, le Front national est toujours en tête. Il faut changer cela ! », a-t-il lancé, appelant la majorité à être « la force qui repoussera le nationalisme en France et en Europe ». « Le nationalisme, c’est la guerre ! », a-t-il encore déclaré, reprenant la célèbre formule de François Mitterrand. Avant d’appeler à « continuer le combat » pour l’Europe, qui constitue, à ses yeux, « la dernière utopie concrète, qui vaille le coup de se battre ».

« Ce qu’ils veulent, c’est la haine ! », a renchéri François Bayrou, en accusant les nationalistes de chercher à « détruire l’Europe ». « Au moment où le projet européen est menacé, il faut que des femmes et des hommes se lèvent pour la défendre ! »

Alors que beaucoup, au sein de LRM, estiment que la victoire est désormais quasi compromise, au vu des sondages donnant un avantage au RN, les orateurs ont tenté de maintenir l’espoir d’un dénouement heureux. « Tout est possible ! Aucun espoir ne nous est interdit ! », a lancé l’ex-journaliste de France inter, Bernard Guetta, en huitième position sur la liste Renaissance. « Cette liste, nous la défendrons jusqu’à dimanche, jusqu’à la victoire ! », a encore déclaré Pierre Person, délégué général adjoint de LRM.

Les macronistes voient dans la surprise créée par les travaillistes aux Pays-Bas un motif d’espoir, leur laissant penser qu’ils pourront faire mentir les sondages dimanche. « Regardez aux Pays-Bas : les nationalistes devaient gagner, et ce sont les travaillistes qui l’ont emporté », a par exemple souligné M. Canfin. « Dimanche, nous devons gagner, a appuyé Nathalie Loiseau. Pour cela, nous devons continuer à mobiliser. Chaque voix comptera. Les nationalistes doivent être combattus jusqu’à la dernière minute ! »