Marine Le Pen en meeting à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), le 24 mai. / PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS

Derniers feux de campagne au Rassemblement national (RN). Les spots balaient la scène d’Hénin-Beaumont. Marine Le Pen vient de conclure un dernier discours dans son fief du Pas-de-Calais, vendredi 24 mai. « Cette Marseillaise-là, c’est la dernière de la campagne alors je veux vous entendre ! » Sur un mur de brique en arrière-plan, la flamme de l’ex-Front national trône sur un panneau géant affichant un ultime slogan : « Un seul jour, un seul tour, un seul vote. Dimanche 26 mai : votez RN. »

Les coupes de champagne s’entrechoquent au milieu des sourires militants. A deux jours du scrutin européen, ce dernier meeting prend déjà des airs de victoire alors que la liste du Rassemblement national rivalise avec celle de La République en marche (LRM) en tête des sondages. A la tribune, Marine Le Pen en profite pour saluer la performance de son poulain de 23 ans, Jordan Bardella. « Nous sommes fiers de l’exploit que Jordan a d’ores et déjà accompli », lance celle qui préside, selon ses propres termes, « le premier parti d’opposition et même déjà premier parti de France ».

Dire non à Macron

Et de convoquer ses derniers arguments de campagne. Ou plutôt son dernier, au singulier. La patronne du RN souligne en effet un « enjeu triple », pour dimanche 26 mai. « Un enjeu européen, dire non à l’Europe de Macron ; un enjeu national, dire non à la politique de Macron ; un enjeu civilisationnel, dire non à la vision destructrice de Macron. » Soit, en résumé, un enjeu unique : dire non à Macron. Depuis des mois, le parti lepéniste use copieusement de cette stratégie anti-macroniste avec l’objectif assumé de mobiliser dans un scrutin européen à l’abstention souvent record. Marine Le Pen n’y fera pas exception à quelques heures de la clôture officielle de la campagne des européennes.

« Du vote de dimanche dépend tout le reste du quinquennat », lance-t-elle en transformant une nouvelle fois l’élection européenne en référendum contre le chef de l’Etat, « pour ou contre son action, voire pour ou contre sa personne » : « Le 26 mai, c’est la dernière sortie avant l’autoroute, après il faudra sortir le portefeuille. »

Pour tenter de ravir une première place qui consoliderait sa voix d’opposante en France, et lui offrirait un moyen de peser davantage sur le jeu européen, Marine Le Pen appelle donc à la mobilisation générale des électeurs « souverainistes » dans les urnes… derrière sa liste, et uniquement la sienne.

Appel aux électeurs ne pas « gâcher » leurs voix

A Hénin-Beaumont, elle a en effet ciblé ceux qui pourraient être tentés de voter pour les listes en difficulté dans les sondages. Celles qui sont crédités de moins de 5 %, et qui pourraient donc ne pas obtenir d’élus au Parlement européen. « Dimanche, ni abstention ni dispersion », a-t-elle lancé, ajoutant que « rendre sa voix utile, c’est délaisser les votes infructueux de témoignage ».

Jordan Bardella a lui aussi répété son argument du « vote utile » contre « l’insulteur en chef Emmanuel Macron », un « méprisant de la République qui gouverne contre son peuple » et « traite les Français comme des ennemis ». Plus tôt dans la journée, il avait directement et nommément appelé les électeurs de Nicolas Dupont-Aignan (président de Debout la France), François-Xavier Bellamy (tête de liste des Républicains) et de La France insoumise à ne pas « gâcher » leur voix. Un « coup bas », a jugé l’ancien allié de Marine Le Pen dans l’entre-deux-tours de la présidentielle, M. Dupont-Aignan.

Pour s’affirmer un peu plus comme seule incarnation du « rassemblement des patriotes » et du « ni droite ni gauche » cher à Marine Le Pen, le RN a d’ailleurs laissé une place de choix à sa toute dernière prise de guerre. Sur la scène de l’ancienne terre rouge du bassin minier du Pas-de-Calais, Andréa Kotarac, ancien conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes de La France insoumise, est venu appeler à « faire barrage à Emmanuel Macron » en votant pour la liste lepéniste. « Vote utile », « barrage »… Un vocabulaire choisi, témoignant de la place prise aujourd’hui par le parti d’extrême droite dans le paysage politique. En s’appuyant sur ses résultats électoraux, celui-ci peut en effet désormais se permettre d’utiliser les stratégies si longtemps employées pour le battre. Et continuer à grimper dans les sondages.

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