La décision de faire figurer le portrait d’Harriet Tubmanavait été annoncée au printemps 2016 par l’administration de Barack Obama. / Handout / REUTERS

Le projet de faire figurer le portrait d’Harriet Tubman, militante anti-esclavagiste noire sur les billets de 20 dollars est reporté au moins jusqu’à… 2028. Elle aurait été la première personnalité noire à figurer sur un billet de banque aux Etats-Unis.

« La raison principale pour redessiner le billet de 20 dollars est le problème des contrefaçons », a déclaré le secrétaire américain au trésor, Steven Mnuchin, lors d’une audition au Congrèsk, mercredi. « Sur cette base », le nouveau billet « ne sortira pas avant 2028 », a-t-il également déclaré.

Harriet Tubman (1822-1913), qui aida à la libération d’esclaves puis participa à la lutte pour le droit de vote des femmes, devait remplacer dès 2020 le président populiste Andrew Jackson (1767-1845), un personnage admiré par Donald Trump et comme lui très controversé.

Le secrétaire au trésor n’a pas donné d’explication sur ce report, affirmant se concentrer sur « les questions de sécurité » alors que cette coupure est l’une des plus utilisées aux Etats-Unis.

Un choix « purement politiquement correct » selon Trump

La décision avait été annoncée au printemps 2016 par l’administration de Barack Obama. Pendant la campagne présidentielle, Donald Trump avait qualifié ce choix de « purement politiquement correct », suggérant que le portrait de l’abolitionniste irait mieux sur le billet de 2 dollars, une coupure qui n’est plus imprimée.

Harriet Tubman avait été choisie après une vaste enquête d’opinion menée par le Trésor. Women on 20s (« femmes sur le billet de 20 »), une association militant pour que les femmes soient enfin à l’honneur sur les billets de banque, avait aussi recueilli plus d’un demi-million de voix lors d’une enquête en ligne. La militante avait été la première de quatre finalistes, devant notamment Rosa Parks, figure historique du combat pour les droits civiques, et la première dame Eleanor Roosevelt.

Le visage d’Andrew Jackson, septième président américain, au pouvoir de 1829 à 1837, est présent sur les coupures depuis 1928. Donald Trump a affiché le portrait de son lointain prédécesseur dans le Bureau ovale et aime se comparer à un « grand homme » qui s’en est pris « à l’élite arrogante ». Ce bouillant général, vainqueur d’une bataille historique contre les Anglais à la Nouvelle-Orléans en 1815, se définissait comme « un homme du peuple ». Mais il est aussi resté dans l’histoire pour avoir massivement fait déporter les tribus indiennes, un exode surnommé le « Sentier des larmes » qui a fait des milliers de morts.