Les deux journalistes libyens, Mohamed Al-Gorj et Mohamed Shabani, qui avaient disparu le 2 mai sur une ligne de front au sud de Tripoli, ont regagné leur ville natale de Zinten vendredi 24 mai, a annoncé leur employeur, la chaîne de télévision Libya Al-Ahrar. L’information a été confirmée par Reporters sans frontières (RSF) qui a exprimé son « soulagement ».

La disparition de MM. Al-Gorj et Shibani, dont aucun groupe n’avait revendiqué la capture et qui n’avaient donné aucun signe de vie durant trois semaines, avait nourri les spéculations les plus pessimistes parmi leurs proches. Les deux journalistes avaient été vus pour la dernière fois le 2 mai sur la ligne de front d’Aziziyah, une localité située à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Tripoli. La zone est le théâtre de violents combats entre les forces loyales au gouvernement d’« accord national » (GAN) de Faïez Sarraj et l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar qui a déclenché début avril l’offensive contre la capitale. Les affrontements ont fait au moins 510 morts et 2 467 blessés et causé le déplacement de plus de 80 000 personnes, selon des agences de l’ONU.

Pas de revendication, mais une forte suspicion

Selon toute vraisemblance, MM. Al-Gorj et Shabani ont été capturés par la 7e Brigade, la principale milice de Tarhouna, localité du sud de Tripoli, qui a fait allégeance au maréchal Haftar. La chaîne de télévision Libya Al-Ahrar qui les emploie est proche du gouvernement de M. Sarraj et est, à ce titre, considérée comme un adversaire par le camp de M. Haftar.

Avant de rejoindre cette chaîne de télévision, Mohamed Al-Gorj avait été le porte-parole de la Garde des équipements pétroliers (GEP) de sa ville de Zinten, une cité du djebel (mont) Néfoussa située à 160 km au sud-ouest de Tripoli. Zinten avait pris le parti du maréchal Haftar lors de la guerre civile de 2014-2015 contre une coalition (Aube de la Libye) à forte présence islamiste ancrée à Tripoli et Misrata. Toutefois, une partie de la cité a pris ses distances avec le camp de Haftar pour soutenir depuis trois ans le gouvernement d’« accord national » (GAN) de M. Sarraj, reconnu par la communauté internationale. M. Al Gorj avait lui aussi évolué de positions pro-Haftar vers un soutien au GAN de Sarraj.