LA LISTE DE LA MATINALE

La chanteuse américaine Melody Gardot au château d'Hérouville (Val-d’Oise). / REMY GRANDROQUES

Cette semaine, un parfum de Festival de Cannes souffle sur « La Case du siècle », qui se penche sur l’histoire éphémère de la Continental Films ; « Infrarouge » fait le portrait de Nick Bollettieri, le plus charismatique et le plus haï des entraîneurs de tennis ; et Arte enregistre une de ses sessions au mythique château d’Hérouville, avec Melody Gardot.

Le cinéma français sous l’Occupation

A l’heure du Festival de Cannes, dont le faux départ remonte aux premières heures du deuxième conflit mondial, l’émission « La Case du siècle » a la bonne idée de se pencher sur la situation du cinéma français à l’été 1940, quand tout le milieu est brutalement à l’arrêt, tournages interrompus et studios déserts.

Une aubaine pour un producteur berlinois, Alfred Greven (1897-1973), camarade d’escadrille de Goering lors de la Grande Guerre et nazi de la première heure. Ce dernier va faire main basse sur une industrie en jachère, en créant une société de production française financée par des capitaux allemands et au service des intérêts nazis, la Continental Films.

Dans ce documentaire, Pierre-Henri Gibert raconte ainsi l’extravagant épisode (assez bref : trente films, de L’Assassinat du Père Noël de Christian-Jaque [1941] aux Caves du Majestic de Richard Pottier [1944]), qui s’affiche comme un paradoxal petit âge d’or grâce à Decoin, Clouzot et Tourneur notamment (Premier rendez-vous, Les Inconnus dans la maison, L’assassin habite au 21, La Main du Diable, Le Corbeau). Le supplice d’Harry Baur, les sections de résistance au sein de la firme, la survie de l’enseigne – bientôt UGC, dès 1946 –, tout donne un autre éclairage à la légende de la Continental. Philippe-Jean Catinchi

« La Case du siècle : 1940, main basse sur le cinéma français », écrit et réalisé par Pierre-Henri Gibert (France, 2019, 52 min). France.tv/france-5/la-case-du-siecle

L’égotisme de Nick Ballotieri, coach d’Andre Agassi

A l’heure où Roland-Garros accueille un public toujours plus nombreux, Love Means Zero dessine, dans un documentaire exceptionnel, le portrait de Nick Bollettieri, le plus charismatique, mais aussi le plus critiqué et le plus haï des entraîneurs de tennis. Entre ses mains sont passés Monica Seles, Jim Courier, Mary Pierce, Boris Becker, Jimmy Arias, les sœurs Williams… Mais l’histoire retiendra surtout qu’il fut le coach d’Andre Agassi.

Invisible réalisateur et producteur à l’écran, Jason Kohn mène l’interview du vieux monsieur de 85 ans – au moment du tournage en 2017 –, assis dos aux courts défraîchis de l’Academie de tennis qu’il a fondée à Bradenton, en Floride. Buriné par le soleil, Nick Bollettieri égrène ses succès, les 180 titres du Grand Chelem remportés par « ses élèves ». Des honneurs vécus comme les siens par ce fils d’Italiens qui ne voulait plus « être personne ».

Jason attaque : « Agassi n’a pas voulu participer au film… » Le vieil homme ne se démonte pas : « Ça ne me gêne pas. » Pas encore. Lui qui n’a pas hésité à manipuler, à martyriser de jeunes joueurs, a un talon d’Achille : Andre Agassi, qu’il a recueilli contre l’avis de beaucoup, qu’il a porté aux sommets, avant la rupture. Et Jason Kohn va au fond de l’entretien comme on va au bout de soi-même pour percer l’égotisme du vieil entraîneur. Le tout porté par une bande-son pop-rock au top. Catherine Pacary

« Love Means Zero », de Jason Kohn (Etats-Unis, 2017, 90 min). Jusqu’au 29 mai sur France.tv/france-2/infrarouge/985055-love-means-zero.html.

Jazz à Hérouville, avec Melody Gardot

A l’heure où l’on réserve ses places pour les festivals d’été, Arte propose une série de sessions acoustiques dans le studio mythique du château d’Hérouville, à quelques dizaines de kilomètres de Paris, qui a accueilli Elton John, David Bowie ou Claude Nougaro…

Après Sting et Shaggy, c’est au tour de l’Américaine Melody Gardot de venir s’installer avec ses musiciens, dans ce lieu mythique du Val-d’Oise pour un « live » d’un peu moins d’une heure. A ses débuts, en 2006, on a connu la chanteuse de jazz un brin rétro toute frêle, avec de longs cheveux blonds et des lunettes sur le nez pour compenser une hypersensibilité à la lumière. Les lunettes sont toujours là, mais la silhouette est affirmée, le visage a mûri, et la canne a disparu.

Du très classique Baby I’m A Fool à If the Stars Were Mine, aux accents brésiliens, en passant par le magnifiquement mélancolique If Ever I Recall Your Face, la musicienne revisite quelques titres de son répertoire dans une ambiance intime et chaleureuse, accompagnée par un ensemble qui laisse la part belle aux cordes (violon, violoncelle, guitare). Parti prendre l’air dans le jardin, le groupe livre une très belle version des Etoiles façon jazz manouche. Audrey Fournier

« Arte Sessions : Melody Gardot au château d’Hérouville », réalisé par Julien Faustino (France, 2018, 51 min), Jusqu’au 13 septembre sur Arte.tv.

Sans oublier, en ce week-end d’élections européennes, nos Replays pour comprendre – et célébrer – l’Europe.