Le leader de Génération.s Benoît Hamon, ici lors du vote pour les européennes dans un bureau de Trappes (Yvelines), le 26 mai 2019. / LUCAS BARIOULET / AFP

Pas facile de gérer une claque électorale. Génération.s a d’abord annoncé le « retrait » de son leader. Puis corrigé : « Benoît Hamon prend du recul ». Au lendemain du scrutin européen qui a vu la liste emmenée par l’ancien candidat PS à la présidentielle atteindre tout juste 3,3 %, seuil de remboursement des frais de campagne, pas question de donner l’impression qu’il désertait le terrain. Il se donne « un temps de réflexion » pour voir comment il peut continuer et prendre part à la reconstruction de la gauche.

La gueule de bois a été sévère pour celui qui a échoué à se faire élire député européen. Il y croyait, pourtant, à son destin à gauche, depuis qu’il avait quitté le Parti socialiste (PS) et créé son propre mouvement, mariant les combats sociaux et écologistes. « Je tirerai les leçons d’un deuxième échec majeur au suffrage universel », avait-il averti quelques jours avant le scrutin. Dimanche 26 mai au soir, il n’y eut pas de soirée électorale ni possibilité de joindre la tête de liste et ses amis. Tout juste un communiqué admettant « une déception » devant le faible score obtenu. « Il nous reste à convaincre », ajoutait le court texte. Dans un SMS, M. Hamon expliquait lundi matin : « Cela fait trois ans que je suis en campagne permanente. J’aiderai au rassemblement de la gauche sans exclusive mais j’ai besoin de me poser et de réfléchir. »

Une campagne « avec un vent de face »

Il faut dire que c’est la troisième défaite que subit le Brestois. Après celle de la présidentielle de 2017 qui avait vu le PS éliminé du second tour, il avait été sèchement battu lors de la législative à Trappes (Yvelines). La campagne européenne devait être celle où il pouvait retrouver la dynamique de la campagne présidentielle. Et remobiliser une partie des 2,5 millions de voix obtenues en mai 2017. Las, les couacs et pépins se sont accumulés : il y eut la défection d’une de ses porte-parole, Aurore Lalucq, partie rejoindre la liste de Raphaël Glucksmann, puis le refus des banques de lui prêter de l’argent pour sa campagne. Ensuite, il lui a fallu batailler pour avoir droit aux débats télévisés. Mais surtout, les sondages restaient imperturbablement bas. L’ancien député des Yvelines avait même reconnu « faire campagne avec un vent de face ».

Cette campagne aura-t-elle été celle de trop ? M. Hamon ne veut manifestement plus être aux avant-postes. « Il continuera à participer à nos travaux et à œuvrer à dépasser les clivages à gauche », explique Guillaume Balas, ancien eurodéputé. Le bras droit de M. Hamon précise que ce dernier reste membre de Génération.s et conseiller régional d’Ile-de-France. Il va cependant davantage s’investir dans sa société de conseil, spécialisée dans le domaine de l’économie sociale et solidaire. Ses amis, eux, continueront à gérer le mouvement. Et à porter le projet d’une « maison commune » que Benoît Hamon appelle de ses vœux depuis des mois. Jusqu’à son hypothétique retour.

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