Après des hésitations, l’ex-roi des Belges Albert II a accepté, « dans le respect de l’institution judiciaire », de se soumettre à un test ADN dans le cadre de l’affaire qui l’oppose à Delphine Boël, sa fille adultérine présumée. Il s’est rendu dans un hôpital de Bruxelles, où l’échantillon sera conservé dans un coffre, a indiqué, mardi 28 mai, un communiqué officiel.

Le 16 mai, la cour d’appel de Bruxelles avait, en effet, décidé que les résultats de l’expertise resteraient confidentiels en l’attente d’une décision de la Cour de cassation. Les avocats du roi ont introduit un pourvoi contre les décisions des juges qui l’ont obligé à accepter le test de paternité pour comparer son ADN à celui de Mme Boël, 51 ans, qui entend être reconnue comme sa fille biologique. Albert II espère encore voir ces arrêts cassés. Mais si la plus haute cour du royaume confirme les décisions antérieures de la justice, les résultats de l’expertise seront dévoilés. La dernière décision de la cour d’appel était assortie d’une astreinte de 5 000 euros par jour en cas de refus.

En octobre 2018, les juges d’appel avaient indiqué, sur la base d’un autre test ADN, que Jacques Boël, l’homme d’affaires qui avait reconnu Delphine à sa naissance, n’était pas son père légal. Albert II avait admis avoir eu, dans les années 1960, une liaison extraconjugale avec Sybille de Sélys Longchamp, laquelle allait ensuite épouser M. Boël.

Partager l’héritage

Il y a quelques jours, l’un des avocats du roi avait expliqué que l’ex-monarque se soumettrait probablement au test, mais qu’il était très affecté par la situation. « Depuis cinq ans, on le persécute en revenant avec cette histoire qui remonte à cinquante ans. Et son état de santé est loin d’être bon », avait déclaré Me Guy Hiernaux.

Delphine Boël avait fait répondre par son conseil, Me Marc Uyttendaele, que son but n’était pas de nuire à son père présumé ou d’agiter l’opinion publique, mais seulement de faire établir la vérité. « Je ne doutais pas du comportement du roi, c’est un soulagement », a expliqué, mardi, Me Uyttendaele. La semaine dernière, en réponse à son confrère, l’avocat indiquait :

« Le souhait de ma cliente n’a jamais été de faire du mal à qui que soit, et certainement pas à celui qu’elle considère comme son père. Elle regrette plus que quiconque que ce qui aurait dû être une affaire privée provoque, par la force des choses, des débats publics. »

Si Mme Boël finissait par être reconnue comme la fille du roi qui a abdiqué en 2013 au profit de son fils aîné, Philippe, elle entrerait dans la lignée royale au côté des trois enfants d’Albert II. Et ceux-ci seraient dès lors contraints de partager leur héritage. La fille adultérine d’Albert II n’entrerait pas, en revanche dans l’ordre de succession et n’accéderait pas au titre de princesse de Belgique – elle dit, d’ailleurs, qu’elle l’aurait refusé.