Un coureur, un rugbyman, beaucoup d’alcool, une bagarre et, près de deux ans plus tard, une amende salée et du sursis. Le champion du monde du 800 m Pierre-Ambroise Bosse a été condamné, mardi 28 mai, à une amende de 1 000 euros pour une violente rixe arrosée survenue une nuit d’août 2017 en Gironde, au cours de laquelle il avait été gravement blessé au visage, engendrant une fin de saison prématurée. L’autre protagoniste de la rixe, un ancien joueur amateur de rugby dont le tribunal correctionnel de Bordeaux a retenu un « acharnement de violence » sur l’athlète, avec notamment un coup de poing et des coups de pied au visage, a été condamné à huit mois de prison avec sursis.

Les deux hommes, l’un, Bosse, âgé de 27 ans, l’autre de 26 ans, ont été reconnus coupables. Bosse, absent au délibéré, de « violences avec usage ou menace d’une arme, en l’espèce une bouteille de bière », n’ayant pas entraîné d’incapacité totale de travail (ITT). Son adversaire, qui lui était présent mardi, de « violences en état d’ivresse ayant entraîné une ITT de dix-huit jours ». L’audience, le 30 avril, avait vu les deux prévenus se renvoyer la responsabilité du déclenchement de l’altercation nocturne, le 30 août sur le parking du casino de Gujan-Mestras, près d’Arcachon (Gironde), où Pierre-Ambroise Bosse a gardé des attaches. Il venait d’y fêter avec des amis sa médaille d’or aux Mondiaux de Londres, décrochée trois semaines plus tôt.

« Un animal sauvage »

Un athlète qui s’est dit « énervé » par des demandes pressantes de selfies, deux protagonistes alcoolisés, un Bosse qui reconnaissait avoir peut-être « chambré » un peu, une « gifle » qu’il disait avoir reçue (ce que l’autre nia), une bouteille de bière lancée par l’athlète. Le décor était planté pour les violents coups qui suivirent. Le tribunal a reproché à « PAB » son énervement, loin de « la grande capacité de concentration et de maîtrise de lui-même qu’on attend d’un sportif de haut niveau ». Mais il a aussi stigmatisé les coups et l’acharnement de son adversaire, décrit par des témoins comme « un animal sauvage », des « actes d’une particulière gravité, qui portent atteinte à l’intégrité de la personne humaine ».

Bosse a été condamné à verser 300 euros au titre du préjudice moral à son adversaire. Mais celui-ci devra verser 5 000 euros à l’athlète à titre de provision sur le préjudice corporel, dans l’attente d’une expertise qui a été ordonnée. La défense de Bosse avait demandé cette expertise ou, à défaut, des dommages de plusieurs centaines de milliers d’euros, entre pertes professionnelles, meetings non tenus, soins de santé, perte de sponsoring, préjudice corporel et préjudice moral.