ARTE - MARDI 28 MAI -20 H 50. DOCUMENTAIRE

En matière de documentaires historiques abordant des thèmes délicats de l’histoire contemporaine mais veillant à être accessibles au grand public, David Korn-Brzoza a depuis longtemps fait ses preuves. Ses travaux sur la police de Vichy ou les Jeunesses hitlériennes, pour ne citer que les plus récents, restent notamment dans les mémoires. Cette fois, en compagnie de l’historien Johann Chapoutot, il s’attaque aux étroites relations entretenues par le régime national-socialiste avec les milieux scientifiques. Et, de fait, à l’instrumentalisation des sciences humaines par les dirigeants nazis, Himmler, chef de la SS, en tête, pour démontrer la supériorité évidente de la « race germanique » sur le reste de l’humanité.

On assiste, à l’aide d’archives parfois inédites, à la mise en place d’une communauté scientifique au service d’un combat idéologique et racial

Comment des jeunes gens brillants ont-ils versé dans l’horreur ? Pourquoi des médecins, juristes, historiens, linguistes, archéologues ou biologistes de haut niveau sont-ils devenus au fil des ans falsificateurs, pilleurs, parfois tueurs ? Des abjectes expériences commises par des médecins sur des détenus dans les camps (Auschwitz bien sûr, mais aussi Dora, Dachau ou le Struthof en Alsace) en passant par la présence de juristes, d’historiens et d’archéologues dans des bataillons de tueurs en Ukraine ou en Crimée, la liste des crimes est longue, les terrains d’expérimentations également.

« L’héritage des ancêtres »

En un peu plus d’une heure et demie, on assiste, à l’aide d’archives parfois inédites, à la mise en place d’une communauté scientifique au service d’un combat idéologique et racial. Les délires de Himmler, ancien technicien agronome, féru de mythologie et sans aucune formation scientifique sérieuse, sont au centre de ces dérives. Avant-guerre, le responsable de la SS encourage les expéditions lointaines (Tibet, Amérique latine, Asie) pour tenter de trouver trace de « germanitude ». En 1935, il nomme un spécialiste de la préhistoire et un raciologue à la tête de l’Ahnenerbe (« Héritage des ancêtres »), un institut de recherche dépendant de la SS qui multipliera les missions plus ou moins loufoques.

Après la guerre, des médecins nazis sont jugés. Mais la plupart échapperont à toute peine sérieuse. Beaucoup de scientifiques ayant collaboré avec le régime national-socialiste continueront d’enseigner. On estime à près de 100 000 les victimes d’expérimentations pseudo-médicales entre 1933 et 1945.

Sciences nazies. La race, le sol et le sang, de David Korn-Brzoza et Johann Chapoutot (Fr, 2019, 100 min).

www.arte.tv/fr/videos/080962-000-A/sciences-nazies-la-race-le-sol-et-le-sang/