« Nous ne nous laisserons pas intimider par les pays développés », a lancé Yeo Bee Yin, la ministre chargée de l’énergie, de l’environnement et des sciences malaisienne. / VINCENT THIAN / AP

Après la Chine, en 2018, la Malaisie ne veut plus être la « poubelle du monde ». Elle a décidé, mardi 28 mai, de retourner à l’envoyeur des centaines de tonnes de déchets plastique. « La Malaisie ne sera pas la décharge du monde », a déclaré la ministre chargée de l’énergie, de l’environnement et des sciences malaisienne, Yeo Bee Yin, après avoir inspecté plusieurs conteneurs remplis de déchets à Port Klang, le port le plus actif du pays.

Comme plusieurs autres pays d’Asie du Sud-Est, la Malaisie s’était placée sur le créneau laissé vacant par Pékin. Cet afflux a entraîné une multiplication rapide du nombre d’usines de retraitement, opérant pour beaucoup sans permis et avec peu de considération pour la protection de l’environnement.

Triplement des importations

La Malaisie autorise l’importation de déchets plastique propres et homogènes à des fins de recyclage. Mais de plus en plus de voix demandent au gouvernement d’interdire les importations de tous les déchets plastique quels qu’ils soient. Les chiffres officiels montrent que les importations de plastique par la Malaisie ont triplé depuis 2016 à 870 000 tonnes l’an passé.

Selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), environ 300 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année. Et l’essentiel finit dans des décharges ou dans les océans, générant une pollution que la communauté internationale est actuellement incapable de gérer. On estime à 9 % la quantité de plastiques produite entre 1950 et 2015 qui a été recyclée.

« Nous exhortons les pays développés à cesser d’expédier leurs déchets dans notre pays. Nous les retournerons sans pitié à leur pays d’origine », a-t-elle ajouté à Port Klang. Plus de 120 conteneurs ont été inspectés et une soixantaine, représentant 3 000 tonnes de déchets, devraient être renvoyés en Espagne, en Australie, aux Etats-Unis, au Canada, en Arabie saoudite, au Japon, en Chine et au Bangladesh, selon The Borneo Post. Le Malay Mail remarque qu’un conteneur venant de Chine renfermait des déchets français.

« Nous ne nous laisserons pas intimider par les pays développés. » Le ministère a annoncé que 450 tonnes de déchets plastiques contaminés provenant d’Australie, du Bangladesh, du Canada, de Chine, du Japon, d’Arabie saoudite et des Etats-Unis seraient renvoyées.

Recyclage illégal

Les responsables du port ont fait état de défauts dans la déclaration de ces conteneurs, sans dire quand ils seraient réexpédiés. Mme Yeo a promis de sévir contre les importations illégales et les usines sans agrément, en qualifiant de « traîtres » les Malaisiens impliqués dans cette activité. Elle a déclaré que 150 usines illégales de recyclage avaient été fermées.

Lee Chee Kwang, de l’association Environment Protection Agency Kuala Langat, a estimé que Kuala Lumpur avait « échoué misérablement » dans la gestion du problème. « Le gouvernement doit interdire l’entrée de tous les déchets plastique et les déclarer ennemis publics numéro un », a-t-il dit.

Joshua Tee, un représentant d’un village, a signalé que 12 000 habitants de l’Etat de Selangor, dans le centre, avaient manifesté contre l’activité d’une usine de recyclage autorisée à opérer près de chez eux. « Les habitants se plaignent de crise d’asthme et de démangeaisons », a-t-il dénoncé.