Le procès s’était ouvert au début de la semaine, sans lui et vingt-trois ans après les faits. Vendredi 31 mai, le meurtrier présumé de la productrice française de cinéma Sophie Toscan du Plantier, survenu en décembre 1996 en Irlande, Ian Bailey a été condamné par la cour d’assises de Paris à vingt-cinq ans de prison. L’ancien journaliste que l’Irlande refuse d’extrader a par ailleurs été visé par un nouveau mandat d’arrêt.

La cour a également délivré un nouveau mandat d’arrêt à l’encontre de l’ex-journaliste pigiste de 62 ans, que Dublin a refusé par deux fois d’extrader. M. Bailey, qui clame son innocence, a dénoncé une « parodie de procès ».

Mariée au célèbre producteur de cinéma Daniel Toscan du Plantier (mort en 2003), la victime avait été retrouvée morte au matin du 23 décembre 1996, en vêtements de nuit, en contrebas de sa maison isolée de Skull, un village de la côte sud-ouest de l’Irlande, où elle était venue passer quelques jours avant Noël. La Française de 39 ans a eu le crâne fracassé et portait de nombreuses blessures de défense, démontrant qu’elle s’était farouchement débattue.

Connu pour des violences conjugales

Malgré l’absence de preuve scientifique le reliant au crime, Ian Bailey, un excentrique voisin, résidant à quelques kilomètres de là et l’un des premiers sur les lieux le jour de la découverte du corps, avait rapidement fait figure de suspect. Plusieurs témoins ont notamment affirmé que cet homme connu pour des violences conjugales leur avait avoué le meurtre ou reconnu indirectement celui-ci, notamment sous l’empire de l’alcool.

Cités par le ministère public, ces témoins ne feront pas le voyage en France. La cour d’assises a constaté qu’ils n’avaient pas donné suite aux courriers de convocation ou qu’ils n’avaient pas pu être retrouvés. Placé en garde à vue à deux reprises, en 1997 et 1998, Ian Bailey n’a jamais été poursuivi par la justice irlandaise, faute de preuves « au-delà du doute raisonnable ». Les autorités françaises ont délivré deux mandats d’arrêt européens à l’encontre du Britannique en 2010 et 2016, mais l’Irlande a refusé sa remise, invoquant l’absence de réciprocité entre les deux pays en matière d’extradition.

Lire notre reportage, quinze ans après les faits : Les mystères de Skull