Des manifestants brandissent des portraits de Kamel Eddine Fekhar à Alger, vendredi 31 mai. / RYAD KRAMDI / AFP

Plusieurs milliers de personnes ont assisté samedi 1er juin à Alger à l’enterrement de Kamel Eddine Fekhar, un militant des droits humains mort en détention. Ce médecin de 54 ans, également militant de la cause mozabite, une minorité berbérophone du pays, a été enterré au cimetière d’Al Alia dans la capitale algérienne.

Le militant des droits humains avait été placé en détention le 31 mars pour « atteintes aux institutions », et observait depuis une grève de la faim. Il est mort le 28 mai au CHU de Blida où il avait été transféré la veille « dans un état comateux » de l’hôpital de Ghardaïa, selon son avocat Me Salah Dabouz.

Emprisonnement « arbitraire et illégal »

Son avocat affime que son client était détenu dans des « conditions inhumaines » au pavillon carcéral de l’hôpital de Ghardaïa. L’avocat a notamment accusé les magistrats qui ont ordonné sa détention de l’avoir « laissé mourir en prison ».

Amnesty International a estimé que son emprisonnement « arbitraire et illégal » était lié à ses seules publications d’opinions sur les réseaux sociaux. Le ministère de la justice a annoncé mercredi avoir ordonné l’ouverture d’une enquête approfondie sur les circonstances du décès. Vendredi déjà, lors des manifestations hebdomadaires contre le régime que connaît l’Algérie depuis des semaines, les protestataires avaient rendu hommage à Kamel Eddin Fekhar.

Kamel Eddine Fekhar avait déjà purgé une peine de deux ans de prison notamment pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » et « trouble à l’ordre public » et avait été libéré en juillet 2017. Il faisait partie des militants arrêtés après des violences communautaires dont la région du M’zab (dont Ghardaïa est la principale ville) a été le théâtre en 2015 entre Mozabites, des Berbères de rite ibadite, un courant minoritaire de l’islam, et Chaâmbas, des Arabes de rite malékite.