L’ambassadeur américain à Berlin, Richard Grenell, samedi 1er juin. / FABRIZIO BENSCH / REUTERS

Plusieurs personnalités politiques ont participé, samedi 1er juin, à une manifestation contre l’antisémitisme, en plein débat en Allemagne sur le port de la kippa. Il s’agissait d’un contre-rassemblement organisé en solidarité avec les juifs pour la Journée de Jérusalem, événement annuel de protestation contre l’annexion de Jérusalem-Est.

Plusieurs élus locaux berlinois, des membres du Bundestag, ainsi que l’ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne, Richard Grenell, et le commissaire du gouvernement chargé de l’antisémitisme, Felix Klein, ont participé à ce rassemblement, au-dessus duquel flottaient des drapeaux israéliens, dans le centre de la capitale. M. Grenell s’en est pris dans un discours au régime iranien, accusé de propager une « idéologie antisémite haineuse ».

Plusieurs de ces manifestants arboraient une kippa, alors que le port de cette calotte dans l’espace public est l’objet d’un âpre débat depuis une semaine en Allemagne. M. Klein avait conseillé le 25 mai aux juifs de ne pas porter la kippa dans la rue, une déclaration qui a suscité des critiques au sein de la communauté juive et en Israël, et dont le gouvernement allemand s’est lui-même démarqué. Les Etats-Unis, par la voix du secrétaire d’Etat Mike Pompeo, se sont dit eux-mêmes « préoccupés » vendredi de voir les juifs dissuadés de porter la kippa.

Hausse des actes antisémites

Le gouvernement allemand avait finalement appelé dans la semaine la population au port de la kippa, à l’occasion de cette Journée de Jérusalem samedi. « Nous nous opposons à toute forme d’antisémitisme, qu’il vienne de droite, de gauche ou islamiste », a prévenu M. Klein lors du rassemblement.

La ministre de la famille, Franziska Giffey (SPD) a, plus largement, appelé samedi dans le quotidien Tagesspiegel à un engagement accru de la société civile contre l’antisémitisme en Allemagne. Bild, le quotidien le plus lu d’Allemagne, a de son côté proposé une kippa à découper en une de son édition de lundi, pour combattre ce fléau.

Malgré des décennies de repentance pour l’Holocauste, l’Allemagne ne fait pas exception en Europe où les attaques contre les juifs se sont répandues, la majorité commises par des militants d’extrême droite. Les actes criminels à caractère antisémite ont augmenté de quelque 20 % en Allemagne l’an passé, selon le ministère de l’Intérieur.

Fin avril, une attaque antisémite avait particulièrement choqué à Berlin. Un Israélien portant la kippa avait été frappé à coups de ceinture par un Syrien dans le quartier huppé de Prenzlauer Berg. La victime avait pu filmer une partie de la scène et l’avait postée sur Internet.