Divock Origi avec le trophée de la Ligue des champions. / Manu Fernandez / AP

Une carrière, et une réputation, se jouent finalement à peu de chose. Après son improbable doublé en demi-finale face au FC Barcelone, l’attaquant belge de Liverpool Divock Origi a scellé la victoire de son équipe en finale de la Ligue des champions face à Tottenham (2-0) en inscrivant le deuxième but en toute fin de match, samedi 1er juin. Trois semaines qui auront transformé le destin de ce joueur formé à Genk, passé par Lille, remplaçant à Liverpool, mais désormais héros de tout un peuple, pour l’éternité.

Le buteur de 24 ans, qui ne comptait que 20 apparitions toutes compétitions confondues cette saison avec les Reds, a donc été l’un des grands artisans de la conquête du sixième sacre du club de la Mersey en Ligue des champions. Entré à la 59e minute de jeu en remplacement du titulaire habituel, le Brésilien Firmino, Divock Origi a marqué à la 87e minute d’un bel enchaînement contrôle du pied gauche-frappe croisée qui n’a laissé aucune chance à Hugo Lloris, et ce alors que les Spurs poussaient pour égaliser.

« Je n’ai pas trop compris, c’est un moment spécial »

« Je n’ai pas trop compris, c’est un moment spécial, que je ne vais jamais oublier, savourait le joueur après la rencontre. C’était important pour nous, pour l’équipe, pour le club, pour la ville. Maintenant il faut savourer, il faut profiter. » Il n’est pas le seul à n’avoir « pas trop compris » tant personne n’attendait qu’il se mue en « super-sub ». « Origi a été horrible. Il est entré dans un match si important avec une attitude….s’il n’avait pas marqué il aurait mérité des coups », a même analysé après la rencontre l’ancienne gloire du football italien Andrea Pirlo au micro de Sky Sport Italia, comme une parfaite illustration de la carrière sinusoïdale de l’attaquant belge.

Formé à Genk, en Belgique, le joueur d’origine kenyane avait rejoint le centre de formation de Lille en 2012 à seulement 15 ans avant de se révéler chez les pros trois ans plus tard. Puissant, adroit devant le but, il ne tarde pas à attirer les convoitises des clubs étrangers. Liverpool le recrute en 2014 mais le prête à Lille dans la foulée afin qu’il continue à s’aguerrir. Il est alors sélectionné par la Belgique pour disputer la Coupe du monde au Brésil, prémices d’une carrière qui s’annonce alors brillante.

Mais Divock Origi peine à confirmer les attentes placées en lui et ses débuts à Liverpool sont un vrai calvaire. Le jeune attaquant ne joue pas une seule minute sous les ordres de Brendan Rogers et il faut attendre l’arrivée de Jurgen Klopp à la tête des Reds pour voir le natif d’Ostende relancer sa carrière. Mais des blessures à répétition et la concurrence freinent encore sa progression et il est finalement prêté au club allemand de Wolfsbourg la saison dernière. Il ne convainc pas en Bundesliga et revient l’été dernier sur les bords de la Mersey, dans un certain anonymat.

La confiance de Jürgen Klopp

Barré par les trois attaquants Mohamed Salah, Sadio Mané et Roberto Firmino, Divock Origi doit se contenter d’un statut de remplaçant à Liverpool. Mais il peut compter sur la confiance de Jürgen Klopp qui, en décembre dernier, saluait un joueur « toujours à l’écoute, toujours motivé. C’est un mec qui mérite de jouer plus, mais il a des joueurs fantastiques devant lui. »

Origi profite de la blessure de Firmino lors de la demi-finale retour face au Barça pour rendre à son entraîneur la confiance qu’il lui a accordée. Il est l’un des grands artisans de la renversante qualification de Liverpool face au FC Barcelone en inscrivant un incroyable doublé lors de la victoire des Anglais face aux Catalans (victoire 4 à 0 au match retour après une défaite 3 à 0 à l’aller).

« Quand un joueur joue si peu, je sais que cela donne l’impression que je ne l’aime pas ou que je n’ai pas confiance en lui. C’est faux », avait affirmé l’entraîneur allemand après la qualification face aux Catalans. La longue étreinte entre les deux hommes sur la pelouse du Metropolitano de Madrid après le coup de sifflet final en disait long sur le respect mutuel entre les deux hommes, qui ont finalement lié leurs sorts pour conquérir leur première Ligue des champions.

Divock Origi, qui a marqué trois buts lors de ses deux derniers matches de Ligue des champions, après être resté muet lors de ses six premiers dans la compétition, n’avait pas remporté le moindre trophée en sept saisons chez les professionnels. Durant cette campagne de Ligue des champions, la première de sa carrière, l’ancien Lillois a frappé trois fois, et marqué trois buts. Le destin d’un joueur se joue finalement à peu de choses.