Qui a deux pouces et veut aller en quarts ? / PHILIPPE LOPEZ / AFP

LE MATCH À NE PAS RATER. Gaël Monfils en quarts de finale à Roland-Garros ? Le public français attend ça depuis 2016. Opposé, lundi 3 juin, au finaliste de l’édition précédente, l’Autrichien Dominic Thiem, le Français aspire à prolonger l’aventure. S’il est loin d’être favori face à la « superstar » – les mots sont de Federer –, numéro 4 mondial (et premier des « non-Federer, Djokovic ou Nadal »), Monfils est capable de se transcender.

Bien sûr, le numéro 1 français n’a jamais battu Thiem en quatre confrontations, mais ses trois premiers tours passés sans encombre ont rempli la jauge de confiance. Seul joueur avec Federer et Djokovic à ne pas avoir perdu le moindre set en route – Nadal en a cédé un à Goffin –, Gaël Monfils vise à n’en pas douter à faire vivre à l’Autrichien la même mésaventure que samedi. Une expulsion de Roland-Garros. Mais ce coup-ci, Serena Williams n’y serait pour rien.

Kei Nishikori (Japon)-Benoît Paire (France) [14], court Suzanne-Lenglen, 2e rotation.

À VOIR AUSSI. En raison d’un affrontement dantesque sur le Suzanne-Lenglen (voir ci-dessous), Kei Nishikori et Benoît Paire n’ont pas achevé leur rencontre, rattrapés par la nuit. On espère que cette dernière aura été de bons conseils pour le Français, mal embarqué et ayant semblé par moments retomber dans ses travers (2-6, 7-6 [10-8], 2-6). 2019, année Paire ? Début de réponse lundi.

Kei Nishikori (Japon)-Benoît Paire (France) [14], court Suzanne-Lenglen, 2e rotation.

Si Novak Djokovic devrait poursuivre sa promenade contre l’inattendu Allemand Jan-Lennard Struff (45e), chez les dames, une étrange rencontre attend son homologue numéro 1 mondiale. Tenante du titre, Simona Halep affronte la surprise polonaise, Iga Swiatek, 18 ans à peine, et 104e mondiale.

Sloane Stephens (Etats-Unis)-Garbine Muguruza (Espagne), court Philippe-Chatrier, 4e rotation.

  • Les hommes du jour : Wawrinka et Tsitsipas

Stan le géant. / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Pendant 5 h 09, les deux gladiateurs ont tant bataillé sous le cagnard du court Suzanne-Lenglen comme si leur vie en dépendait, qu’ils auraient tous les deux mérité de gagner. Stan Wawrinka et Stefanos Tsitsipas ont livré un huitième de finale monumental, pour le moment le plus beau match de la quinzaine, et c’est le Suisse qui a eu le dernier mot (7-6, 5-7, 6-4, 3-6, 8-6).

Certains rallyes furent stratosphériques, à l’image d’une balle de set écartée par Wawrinka dans le deuxième set : monté au filet pour conclure le point, l’Helvète perdait l’ascendant dans l’échange après un lob de Tsitsipas, avant de réussir à conclure après 23 coups de raquette d’une subtile amortie flirtant avec le filet.

Avec la fougue de D’Artagnan, Tsitsipas, lui, courait sur toutes les balles, multipliant les plongeons au filet. Mais le Grec a manqué de réalisme sur les points importants (5 balles de break converties sur 27 au total), et montré des sautes d’humeur, comme ces trois bouteilles explosées qui lui ont valu un avertissement de l’arbitre, ou se frappant violemment la tête avec la main. Péchés de jeunesse qui rappellent qu’après tout le 6e mondial n’a que 20 ans.

Une fois n’est pas coutume, le Grec, visage cramoisi, regard vide, s’est montré lapidaire à l’heure de commenter le match. « Cela fait longtemps que je n’avais pas pleuré après un match. Je vais essayer d’apprendre autant que je peux de ce match. » Vu la vitesse à laquelle le gamin imprime, les spectateurs parisiens devraient vite le revoir parmi les prétendants.

« Je suis revenu de blessure pour des moments comme ça, c’est la raison pour laquelle je joue au tennis », exultait de son côté Wawrinka, lui qui a été opéré deux fois au genou gauche en 2017. Le Suisse a gagné le droit d’affronter mardi son compatriote Federer en quarts de finale. Lors de leur dernier duel ici, en 2015, le cadet avait « écrasé et pilonné » Federer, selon ses propres mots. Wawrinka et son fameux short à carreaux avaient ensuite remporté le tournoi.

  • L’amende du jour

Elle n’a pas fait le déplacement pour des prunes. En la matière, c’est une sacrée amende dont a écopé l’Américaine Anna Tatishvili. Après avoir perdu (6-0, 6-1) au premier tour du tournoi contre la Grecque Maria Sakkari, le juge-arbitre du tournoi a estimé qu’elle avait livré une performance en dessous « des standards professionnels requis ». Résultat : une sanction de 51 520 dollars (46 000 euros), soit la somme exacte que perçoit un participant au premier tour de Roland-Garros cette année.

Cette amende est l’application d’un nouveau règlement visant à ce que les joueurs blessés ou insuffisamment préparés n’entrent dans un tournoi uniquement pour toucher leur prime de participation. Or, Tatishvili, qui bénéficie d’un classement protégé (en raison de blessures) n’avait pas joué le moindre tournoi depuis octobre 2017. De quoi justifier la décision du juge-arbitre la concernant.

  • La phrase du jour

« Est-ce que je peux rester ou je dois quitter la salle ? »

Même le « roi » s’en mêle. Après son expéditive victoire en huitièmes de finale, Roger Federer s’est exprimé sur la polémique concernant le traitement de Dominic Thiem la veille. Rappelons que le numéro 4 mondial et finaliste de l’an passé avait été prié de dégager la salle d’interview principale pour faire place à une Serena Williams venant de se faire éliminer et décidée à en finir également avec ses obligations.

Si elle n’a pas fait rire l’Autrichien, son voisin suisse a d’abord pris le parti de « la superstar » Thiem, avant de prendre celui d’en rire. « Pour moi, celui qui est toujours dans le tournoi doit avoir la priorité », a insisté le Suisse, imaginant une « incompréhension ». « Je pense juste que c’est une situation malheureuse et plutôt marrante en fait. On vient d’en rigoler dans les vestiaires. Sa manière de le dire, c’était super. J’adore son accent. »

Programme du lundi 3 juin

Les premières rencontres (rotations) débutent à 11 heures sur chaque court et se suivent à chaque fin de match. Les Français sont indiqués en gras.

  • Court Philippe-Chatrier

Sofia Kenin (Etats-Unis) - Ashleigh Barty (Etats-Unis/N.8)

Novak Djokovic (Serbie/N.1) - Jan-Lennard Struff (Allemagne)

Dominic Thiem (Autriche/N.4) - Gaël Monfils (France/N.14)

Simona Halep (Roumanie/N.3) - Iga Swiatek (Pologne)

  • Court Suzanne-Lenglen

Katerina Siniakova (République tchèque) - Madison Keys (Etats-Unis/N.14)

Kei Nishikori (Japon/N.7) - Benoît Paire (France), fin du match

Fabio Fognini (Italie/N.9) - Alexander Zverev (Allemagne/N.5)

Karen Khachanov (Russie/N.10) - Juan Martin Del Potro (Argentine/N.8)

Amanda Anisimova (Etats-Unis) - Aliona Bolsova (Espagne)