Photo prise par Robert F. Sargent, US Coast Guards (USCG) du fond du LCVP à OMAHA Photo : NATIONAL ARCHIVES # 26-G-2343, Credit U.S. Coast Guard. / National Archives / U.S. Coast Guard.

Il y a soixante-quinze ans jour pour jour, 6 939 navires débarquaient 132 700 hommes sur les plages de Normandie pour libérer l’Europe du joug nazi. Jeudi 6 juin, la France commémore le débarquement allié du 6 juin 1944, en présence du président français Emmanuel Macron et de son homologue américain, Donald Trump, dans un contexte diplomatique délicat. Quelque 500 vétérans, souvent centenaires, sont attendus aux célébrations de ce « jour J ».

« Bien sûr, il faut que nous honorions les jeunes soldats qui ont péri dans ce débarquement, les derniers vétérans, les résistants, a déclaré mardi soir sur France Culture Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’Etat auprès de la ministre des armées. Mais, au-delà, c’est l’image de Nations alliées qui, en coopérant, ont terrassé l’ennemi. C’est le multilatéralisme tel que l’entend le président de la République », a-t-elle ajouté.

La poignée de main à la mi-journée entre Emmanuel Macron et Donald Trump sera ainsi scrutée avec attention, sur fond de remise en cause profonde, par le président américain, de ce multilatéralisme. L’Elysée affirme toutefois que le niveau de « confiance » est « au plus haut niveau » avec Washington. La rencontre bilatérale est prévue à 13 h 30 à la préfecture de Caen pour un entretien puis un déjeuner.

Les deux chefs d’Etat auront auparavant, à partir de 11 heures, co-présidé une cérémonie au cimetière américain de Colleville-sur-mer, où sont attendues 12 000 personnes - un record selon la préfecture. Environ 160 vétérans de la Seconde Guerre mondiale (45 du Jour J) y sont annoncés parmi les 9 387 croix blanches surplombant Omaha Beach, ainsi qu’un défilé aérien.

Attaque de Donald Trump

Le 13 novembre, à peine rentré de Paris, où il avait célébré la paix avec d’autres dirigeants du monde, Donald Trump s’était vivement attaqué à son homologue français. Les Français « commençaient à apprendre l’allemand à Paris avant que les Etats-Unis n’arrivent », avait affirmé le président américain, en référence à l’occupation par l’Allemagne nazie à partir de 1940 jusqu’à la libération par les Alliés.

La Fédération syndicale unitaire (FSU), la Confédération générale du travail (CGT) et la France insoumise ont appelé à manifester jeudi à 17 h 30 à Caen contre la venue de Donald Trump, qui incarne, selon leur appel, « le racisme, le sexisme et le climato-négationnisme ».

Mercredi à Portsmouth, Donald Trump, Emmanuel Macron et la reine Elizabeth II ont donné le coup d’envoi des célébrations de ce 75e anniversaire. Les 16 pays représentés ont adopté une « Déclaration » pour « faire en sorte que les sacrifices du passé ne soient jamais vains et jamais oubliés ». Leurs représentants ont assisté mercredi soir au départ en bateau de 300 vétérans britanniques pour la France.

La journée du 6 juin débutera par la pose, à 8 h 30, de la première pierre d’un mémorial britannique à Ver-sur-mer (Calvados), en présence d’Emmanuel Macron, de Theresa May et de vétérans britanniques. Ce sera le dernier rendez-vous officiel de Mme May avant sa démission vendredi.

Le président de la République française rencontrera ensuite à 9 h 30 deux vétérans français, avant de présider à 16 h 30, à Colleville-Montgomery (Calvados), une cérémonie en l’honneur des 177 Français du commando Kieffer qui ont débarqué le 6 juin 1944. De son côté, le premier ministre Edouard Philippe présidera en fin de journée une cérémonie à Courseulles-sur-mer (Calvados), en présence de plusieurs têtes couronnées européennes.

Normandie en fête

carte débarquement en Normandie du 6 juin 1944 seconde guerre mondiale opération overlord / Infographie Le Monde

Mais la Normandie était déjà en fête mercredi, avec notamment des parachutages, une cérémonie amérindienne à Omaha Beach, et des dizaines de milliers de collectionneurs de véhicules militaires qui sillonnaient les routes proches des plages du Débarquement. Au total, plus de 280 événements ont été labellisés pour ce 75e anniversaire.

« On a vu des vétérans de plus de 90 ans, c’est toujours très émouvant de les voir, mais il y a aussi beaucoup de jeunes : l’histoire continue de se transmettre », assurait mercredi Oliver Haugen, 44 ans, et Ariel Davis, un couple franco-américain en visite au Mémorial de Caen. De cinq à six millions de touristes sont attendus en 2019 sur les sites historiques normands.

Etape clé de la libération de l’Europe du joug nazi, ce débarquement est le plus important de l’histoire par le nombre de navires engagés. Près de 3 000 civils normands ont perdu la vie les 6 et 7 juin, soit presque autant que de militaires alliés le Jour J.