Des semaines qu’il attendait ça. D’empoigner de nouveau des épaules. D’attraper des mains. D’embrasser des têtes blondes. Sevré de bains de foule depuis le début de la crise des « gilets jaunes », il y a déjà plus de six mois, Emmanuel Macron s’est offert, jeudi 6 juin, un premier rattrapage à l’occasion du 75e anniversaire du Débarquement. Sa première véritable sortie sur le territoire français depuis la fin du grand débat, intervenue le 25 avril avec la première conférence de presse du quinquennat.

A Colleville-Montgomery (Calvados), où il était venu rendre hommage au commando Kieffer, ces 177 soldats qui furent les seuls tricolores à débarquer le 6 juin 1944 sur les plages normandes, le chef de l’Etat est resté près d’une heure à répondre aux « bravo monsieur le président », « continuez comme ça » et autres « on est avec vous ». Accompagné de son épouse, Brigitte, et de la ministre des armées, Florence Parly, Emmanuel Macron n’a pas boudé son plaisir, répondant à toutes les sollicitations, jusqu’à s’agenouiller pour une photo de groupe avec des « bérets verts » ou avec les enfants d’une école. « Ça lui fait du bien », soufflait son entourage.

Le contexte se prêtait, il est vrai, à la mise en scène de la réconciliation. Tout au long de la journée, le chef de l’Etat a multiplié les séquences d’hommage aux vétérans du « D-Day », que ce soit au côté de la première ministre britannique, Theresa May, à Ver-sur-Mer, ou surtout avec le président américain, Donald Trump, au cimetière de Colleville-sur-Mer. Des moments de concorde et d’exaltation du roman national qui ne prêtaient pas aux polémiques ou aux revendications. Aucune manifestation n’a d’ailleurs émaillé le périple présidentiel dans le bocage, il est vrai quadrillé par les forces de l’ordre.

Plusieurs déplacements prévus

A l’Elysée, on veut y voir le signe que l’enfermement auquel le chef de l’Etat avait été contraint ces derniers mois n’est plus qu’un mauvais souvenir. Le 4 décembre, au Puy-en-Velay, le cortège présidentiel avait été pris à partie, obligeant M. Macron, qui était venu soutenir les fonctionnaires dont la préfecture avait été incendiée par des « gilets jaunes », à précipiter son départ. A l’époque, certains avaient parlé de « traumatisme » pour un président qui n’avait pas pris la mesure de la détestation qu’il inspirait à une partie de la population.

Fort de cette sortie réussie, le chef de l’Etat compte vite reprendre ses déplacements, pour renouer les « mille fils » avec les Français, une expression du poète René Char qu’il affectionne. « Je vais passer beaucoup de temps sur le terrain, avec tout le monde, de manière apaisée », a lui-même précisé M. Macron, alors qu’il était interpellé à Colleville-Montgomery. Comprendre : moins de discours et davantage de contacts « au plus près du quotidien ». « Le grand débat ne doit pas être qu’une parenthèse, reconnaît-on à l’Elysée. Le président souhaite poursuivre ses échanges avec les Français en allant à leur rencontre. »

Malgré un agenda international chargé en juin, le chef de l’Etat devrait ainsi effectuer plusieurs déplacements en France ces prochaines semaines. Lundi, il envisage par exemple de se rendre à Ornans (Doubs) pour célébrer le bicentenaire de la naissance de Gustave Courbet. L’occasion aussi d’échanger avec une dizaine de jeunes récemment inscrits au Pass culture, un dispositif qu’il souhaite promouvoir. « L’humain au cœur de la politique, cela doit se traduire aussi dans les déplacements du président », sourit un proche du chef de l’Etat.