Logo du Crédit agricole. La « stratégie climat » publiée jeudi 6 juin par le groupe Crédit agricole, comportant de nouvelles mesures de restriction des soutiens de l’établissement au secteur du charbon. / Stephane Mahe / REUTERS

Les associations de protection de l’environnement décernent rarement un satisfecit aux banques, d’ordinaire tancées pour l’insuffisance de leurs engagements climatiques. Mais la « stratégie climat » publiée jeudi 6 juin par le groupe Crédit agricole, comportant de nouvelles mesures de restriction des soutiens de l’établissement au secteur du charbon, a été aussitôt saluée par les ONG Les Amis de la Terre et Oxfam France. « Ce sont les meilleures pratiques jamais adoptées par l’industrie financière sur le secteur du charbon », a réagi Lucie Pinson, des Amis de la Terre.

La première banque sur le territoire français s’est engagée à sortir totalement du charbon à long terme. Elle a prévu de réduire à zéro l’exposition de ses portefeuilles de financement et d’investissement au charbon d’ici 2030 dans les pays de l’Union européenne et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), d’ici 2040 pour la Chine, et d’ici 2050 dans le reste du monde. « Nous aurions souhaité que cette sortie totale intervienne d’ici 2040, mais c’est notre seul bémol », note Lucie Pinson. Le groupe communiquera l’exposition charbon thermique de ses portefeuilles tous les ans.

Pour atteindre cet objectif, le Crédit agricole va demander aux entreprises qu’il finance ou dans lesquelles il a investi, de lui communiquer d’ici 2021 un plan détaillé de fermeture (et non de vente) de leurs actifs industriels d’extraction et de production de charbon thermique aligné avec son propre plan de sortie (dates et zones géographiques). Le groupe est ainsi la première institution financière « à exiger que les entreprises publient un tel plan de sortie », soulignent les deux ONG.

Limiter le réchauffement à 1,5°C maximum

Dès à présent, la banque prévoit de ne pas développer de relation avec des entreprises qui tirent plus de 25 % de leur chiffre d’affaires du charbon thermique (extraction et production d’énergie à partir de charbon). « Pour les entreprises au-delà de ce seuil et dont la note de transition est dégradée, seuls des financements dédiés à des projets d’énergies renouvelables ou de réduction de gaz à effet de serre seront possibles », précise le Crédit agricole.

Le groupe s’engage enfin à ne plus travailler avec les entreprises développant ou projetant de développer de nouvelles capacités charbon thermique (producteurs, extracteurs, centrales, infrastructures de transport).

Pour Les Amis de la Terre et Oxfam France, ces engagements « marquent une tolérance zéro vis-à-vis de l’expansion de ce secteur et soutiennent une sortie totale du secteur dans les temps impartis par la science climatique pour limiter le réchauffement à 1,5°C maximum ». Les deux associations invitent les autres grandes banques françaises à suivre cet exemple. « Nous espérons désormais que le Crédit agricole prendra des engagements similaires sur le secteur du pétrole et du gaz, mais cela s’annonce plus difficile », prévient Lucie Pinson.

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