Plus du quart des volumes de pesticides utilisés dans l’agriculture américaine sont interdits dans l’Union européenne, et 3 % et 2 % sont interdits en Chine et au Brésil, respectivement, selon une étude publiée jeudi dans la revue Environmental Health.

Il s’agit principalement d’herbicides, mais aussi d’insecticides et de fongicides. Sur 374 principes actifs autorisés pour l’agriculture aux Etats-Unis en 2016, 72 étaient interdits dans l’Union européenne. Deux produits en particulier sont interdits à la fois dans l’Union européenne, au Brésil et en Chine : le paraquat, un herbicide dangereux et banni d’Europe depuis 2007, et le phorate, un insecticide neurotoxique dont l’Etat de New York a interdit l’aspersion aérienne.

A l’inverse, les Etats-Unis n’interdisent que deux ou trois des pesticides qui sont autorisés dans chaque autre pays.

« A la traîne »

« A l’origine, le régulateur américain était très bien, dit l’auteur de l’étude, Nathan Donley, scientifique au Centre pour la diversité biologique, une ONG. Beaucoup d’Américains sont toujours dans cet état d’esprit. Ils ne se rendent pas compte à quel point les Etats-Unis sont devenus à la traîne ».

L’Agence de protection de l’environnement (EPA) a été créée en 1970 et a interdit certains pesticides rapidement. Selon lui, la faiblesse du régulateur ne dépend pas vraiment du pouvoir politique, démocrate ou républicain. L’étude s’arrête d’ailleurs en 2016, dernière année de la présidence de Barack Obama, et ne couvre pas l’EPA de Donald Trump, qui l’a fortement affaiblie.

Le bureau des pesticides de l’EPA est à blâmer, dit à l’Agence France-Presse Nathan Donley, qui dénonce l’influence des lobbys des pesticides et agricoles sur les décisionnaires.

« Quand l’EPA prend des décisions que le secteur agricole n’aime pas, ils se retrouvent dans une situation politique délicate », ajoute-t-il, car c’est le Congrès qui décide du budget de l’EPA.