Benjamin Griveaux le 19 décembre 2019. / PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

Paris vaut bien d’avancer son réveil. Vendredi 7 juin, c’est dès 5 heures du matin que Benjamin Griveaux a arpenté les allées du marché international de Rungis (Val-de-Marne), le plus grand marché de produits agricoles au monde, et celui qui nourrit la capitale. Objectif du candidat à l’investiture de La République en marche (LRM) pour les futures municipales : montrer son engagement dans cette précampagne, et se distinguer de ses rivaux comme Cédric Villani ou Mounir Mahjoubi en lançant quelques propositions personnelles sur l’alimentation, « un sujet primordial, puisqu’il a des implications économiques, écologiques et de santé publique ».

Considéré comme le favori de la compétition interne à LRM depuis qu’il a quitté le gouvernement fin mars avec la bénédiction officieuse de l’Elysée, l’ancien ministre est ressorti renforcé des élections européennes. D’abord, l’hypothèse d’une candidature d’Edouard Philippe à Paris, qui aurait obligé Benjamin Griveaux à s’effacer, s’est éloignée : le premier ministre devrait rester à Matignon dans les mois à venir. Ensuite, l’excellent score du parti présidentiel à Paris, arrivé nettement en tête le 26 mai, avec 32,9 % des voix, a donné du crédit à l’analyse de l’ex-porte parole, qui estime pouvoir gagner les municipales de 2020 avec une majorité claire, sans avoir besoin de nouer une alliance avec la droite ou la gauche.

« Une proposition par semaine »

Enfin, la direction du parti a plutôt validé le calendrier rapide demandé par Benjamin Griveaux. La Commission nationale d’investiture devrait désigner le candidat de LRM pour Paris « fin juin ou début juillet », a promis sa coprésidente Marie Guévenoux. Le 6 juin, le comité politique parisien de LRM s’est aussi déclaré favorable à une investiture avant l’été. L’affaire n’est cependant pas complètement réglée. Plusieurs autres candidats, dont Anne Lebreton, Hugues Renson et Cédric Villani, préféreraient avoir plus de temps pour faire valoir leurs projets, et réclament que la décision ne soit pas prise avant septembre. « Quand on s’est réuni en mars, on était tous d’accord pour un choix après les européennes. Ce qui valait en mars ne vaut donc plus en juin ? », glisse Benjamin Griveaux en passant près des caisses de poissons. Compte tenu de l’enjeu parisien, le choix final reviendra à Emmanuel Macron.

Si le député est si pressé de se lancer, c’est qu’il estime que le parti présidentiel a déjà pris du retard, en particulier face à la maire socialiste de Paris. « Anne Hidalgo est en campagne depuis un an, elle fait une proposition par semaine, et on ne peut pas la laisser avancer comme cela », explique-t-il. En outre, pour bâtir son programme, Benjamin Griveaux veut faire participer les Parisiens pendant deux mois : « Si on veut être prêt à temps, il faut y aller », lâche un de ses proches.

Echo à Juppé

Sans attendre, l’ex-socialiste a profité de sa visite à Rungis pour tester la possibilité d’étendre les horaires de marchés dans certains quartiers de la capitale. Aux halles bio, entre les salades et les tomates qui défilent par palettes entières, le candidat interroge grossistes et producteurs : pourquoi certains marchés ne se tiendraient-ils pas le soir, de 18 heures à 21 heures ? Selon lui, cela permettrait aux Parisiens, habitués des grandes surfaces à cause de leurs horaires de travail, de se tourner vers des aliments frais, produits localement. « Logistiquement c’est faisable, mais il faudrait embaucher », répond un professionnel.

Benjamin Griveaux veut également mettre fin aux différences de qualité des cantines scolaires selon les arrondissements, en fixant les mêmes objectifs dans les contrats avec tous les délégataires. Il plaide aussi pour que soit prise en compte la saisonnalité des aliments dans les écoles. « On va arrêter de manger des tomates en janvier et en février », résume l’ancien strauss-kahnien, comme en écho à la promesse faite par Alain Juppé en 2009 dans le titre d’un de ses livres (Plon) : « Je ne mangerai plus de cerises en hiver ».