Wendie Renard est félicitée par ses coéquipières. / LIONEL BONAVENTURE / AFP

Il a soufflé comme un vent de fraîcheur sur le Parc des Princes, aux allures parfois de tempête d’émotions et accompagnée de buts en rafale. Vendredi 7 juin, Miguel, dont les vents mesurés dans la capitale à plus de 100 km/h ont conduit les autorités à fermer la fan zone prévue en centre-ville, n’y est cette fois-ci pour rien.

Les fautives portent un maillot bleu, des chaussettes rouges et ont débuté magistralement leur Coupe du monde par une belle victoire 4 à 0 face à une équipe de Corée du Sud impuissante, balayée par la double buteuse Wendie Renard et ses coéquipières.

Impériale et élue joueuse du match, la défenseure d’1 m 87 a marqué par deux fois de la tête suite à des corners (35e et 45e+2), tandis que deux autres joueuses de l’Olympique lyonnais (OL), Eugénie Le Sommer (9e) et Amandine Henry (85e) avaient ouvert puis clôturé le score.

Comme dans un rêve, le scénario imaginé la veille en conférence de presse par la capitaine Henry s’est parfaitement réalisé : « Je me suis fait un petit film dans la tête : un stade plein, une belle performance, avec de belles émotions. » Et Amandine Henry avait vu juste.

Record d’affluence

La communion avec le public, très différent de celui qui fréquente d’habitude le Parc ou les matchs des Bleus, a été en en effet parfaite. Une atmosphère bon enfant, seulement entachée d’un petit couac au niveau de la billetterie, qui a fait rater une bonne partie de la première période à une centaine de malchanceux. La faute apparemment à des problèmes de faux billets revendus plusieurs fois en ligne.

Pas de quoi entacher l’enthousiasme des 45 261 spectateurs, record d’affluence pour une rencontre des Bleues en France. On notait la présence de beaucoup de groupes de jeunes d’enfants ou d’adolescents, à l’image de cette trentaine de collégiens et collégiennes, en section football, venus d’Athis-Mons dans l’Essonne, mais aussi de nombreuses familles. Presque pas de sifflets descendus des tribunes, des encouragements et des cris de joie à chaque action française et quand même des chants traditionnels comme le « Et 1, et 2, et 3 - zéro » ou « Allez les Bleues, allez les Bleues ».

De quoi ravir même les plus expérimentées des joueuses françaises, à l’image de la milieu de terrain Elise Bussaglia. « C’est une belle victoire, avec quatre buts, une belle soirée. On avait hâte de débuter, a livré la Bleue aux 189 sélections, ça a été dur de faire sortir les premières paroles pendant La Marseillaise. On avait les larmes aux yeux. C’était intense mais on voulait démarrer le match fort. »

Autre pilier de l’équipe de France, 33 ans comme Bussaglia, la meneuse de jeu Gaëtane Thiney est revenue sur la manière dont les footballeuses françaises avaient choisi de gérer leurs émotions. « On s’était donné le droit de vivre nos émotions à fond. Si on avait envie de crier, on criait… Si on avait envie de sourire, on souriait… Parce que personne ne peut les contrôler ou les maîtriser. Par contre, on voulait rentrer à fond dans le match et on l’a fait », a confié Thiney.

L’héroïne du soir, Wendie Renard avouait, elle, une pensée pour son père, décédé lorsqu’elle n’avait que huit ans : « Ce sont toujours des émotions fortes quand on marque des buts. J’ai pensé à mon papa si vous voulez savoir. »

« De bon augure pour la suite »

A aucun moment, malgré ce tourbillon d’émotions et de sentiments, les joueuses tricolores n’ont paru tendues ou dépassées par l’enjeu. Pourtant, les Bleues avaient conscience de disputer plus qu’une simple rencontre de football.

Ce match d’ouverture face aux Sud-Coréennes pouvait déterminer la suite du parcours dans la première grande compétition féminine de football jamais organisée en France, la troisième Coupe du monde après celles des hommes en 1938 et en 1998.

Vingt et un ans après le sacre de Zinedine Zidane au Stade de France, la sélectionneuse Corinne Diacre, réputée pour sa rigueur, avait habilement martelé le même message depuis des jours face à la presse, il ne fallait « pas jouer le match avant l’heure. » Ses protégées l’ont écouté et ont évité cet écueil.

Véritable force tranquille, première femme à avoir entraîné un club professionnel masculin, l’ex-internationale excelle lorsqu’il s’agit de prévenir ses joueuses de tout excès d’euphorie : « Tout n’est pas parfait, on a pris quelques contres notamment en deuxième période. Il y a des petites choses à revoir mais dans l’ensemble on a fait un match sérieux, de bon augure pour la suite. Mais c’est juste une étape, il ne faut pas s’enflammer. On reste les pieds sur Terre, il y a un long chemin à parcourir. »

Après cette première victoire rassurante, dans un mimétisme parfait, toutes ont propagé la parole de l’exigeante entraîneuse. « On sait que l’on n’a rien gagné, hormis ce match 4-0 », a lâché Elise Bussaglia. « On va bosser sur ce que l’on doit améliorer, tout ce qui n’a pas marché dans le jeu. Ça a bien marché sur les côtés mais on peut jouer un peu plus dans l’axe. On doit varier plus notre jeu », a analysé Gaëtane Thiney, perfectionniste.

Les footballeuses françaises tenteront de mettre en application ces paroles dès le 12 juin. A Nice, elles affronteront la Norvège lors du deuxième match du groupe A. L’occasion idéale de confirmer qu’elles ont bien le vent en poupe.

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