Que reste-t-il aux smartphones à 1 000 euros ? De bien maigres atouts face aux mobiles moitié moins chers : des photos un brin meilleures, un confort en main légèrement amélioré, un chargeur sans fil, une construction résistante à l’eau. Pour 500 euros, on a déjà presque tout. Nous avons donc testé les cinq modèles les plus prometteurs autour de ce tarif.

NICOLAS SIX / LE MONDE

Le dernier en date et le plus attendu, le Oneplus 7, est sorti lundi 3 juin. Quel modèle choisir, parmi ces smartphones qui se ressemblent beaucoup ?

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Nous avons capturé avec chaque smartphone une centaine de photos nocturnes et diurnes, en intérieur comme en extérieur, par ciel bleu et couvert. La définition d’une bonne photo étant subjective, nous nous sommes contentés de traquer les erreurs sur lesquelles les amateurs de photo pourront se mettre d’accord.

La journée, les photos sont excellentes, tout particulièrement celles du Google, du Huawei Mate 20 et du Oneplus 7. Les images du Xiaomi Mi 9 sont un rien moins agréables, celles du Oppo Reno le sont encore moins : certaines sont un peu ternes.

La nuit, les erreurs franches demeurent rares quand l’éclairage artificiel est intense. Mais dans la pénombre, les photos se dégradent nettement. C’est le seul moment où l’on observe une grosse différence avec les images de notre smartphone de référence à 1 000 euros, le P30 Pro de Huawei. Les Oneplus 7 et Huawei Mate 20 s’en sortent moins mal que l’Oppo Reno et le Xiaomi Mi 9, nettement distanciés. Leurs clichés manquent de netteté, ils sont aussi plus souvent ternes et sombres.

Dans les pires conditions d’éclairage, où la plupart des smartphones rendent les armes, le OnePlus s’en sort étonnamment bien. Mais nettement moins bien que le P30 pro, le smartphone à 1000 euros qui prend les meilleures photos. / NICOLAS SIX / LE MONDE

Nous avons accordé au Xiaomi Mi 9 et au Huawei Mate 20 un demi-point de bonus car ils embarquent deux objectifs photo supplémentaires. Leur grand-angle est le plus utile des deux : comme il voit beaucoup plus large, il sauve la mise lorsqu’on n’arrive pas à faire rentrer dans le cadre un paysage entier ou un groupe d’amis par exemple. Quant à leur zoom x2, il améliore la qualité d’image lorsqu’on veut chercher un détail lointain, même si le mobile de Google fait presque aussi bien sur ce plan.

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Tout pour les yeux. Les écarts sont assez ténus côté confort visuel, la qualité d’image est impeccable et les différences de lisibilité au soleil sont minimes. L’écran du Google est 10 % moins vaste que celui de ses concurrents, mais il est tout aussi large (68 millimètres), et c’est l’essentiel car cela conditionne la taille des textes et photos qui s’affichent. Seul le Huawei est un rien plus large (3 millimètres) que ses concurrents, et aussi plus vaste (10 %), et donc un peu plus agréable à l’œil. A noter, les personnes très sensibles aux couleurs devront jouer sur les réglages du Xiaomi et du Huawei pour réchauffer leurs tonalités froides.

Peu agréables au creux de la paume. Comme la plupart des mobiles modernes, ces smartphones privilégient le confort visuel au détriment du confort en main. Aucun n’est facile à piloter d’une main, le Huawei Mate 20 encore moins que ses concurrents. Son écran est un peu plus étiré vers le haut, ce qui complique l’accès du pouce aux notifications. Surtout, sa taille plus large rend difficile de faire descendre le mobile dans la paume, afin d’aider le pouce à atteindre le haut. Comme le Oneplus, son lecteur d’empreintes digitales est situé sur son dos. L’atteindre requiert plus de concentration que celui de ses concurrents, situé sur la face avant, sous l’écran même.

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Dans la première famille, à laquelle appartiennent Google et Oneplus, l’écran paraît limpide au premier abord, car les applications sont rangées à part, dans un petit tiroir. Dans la seconde famille, celle de Huawei et Xiaomi, les applications sont toutes logées sur l’écran d’accueil, comme sur iPhone. Ça paraît d’abord beaucoup moins clair, mais au final, beaucoup d’utilisateurs s’y retrouvent mieux : il n’est pas nécessaire d’apprendre à utiliser le tiroir, et les applications ne sont jamais présentes à deux endroits comme sur les mobiles de la première famille.

Juger de la simplicité d’un smartphone, c’est s’attacher à des dizaines de petits détails : les icônes des applications se ressemblent-elles trop ? Le fond d’écran est-il suffisamment discret ? Les applications ne comportent-elles pas trop de boutons ? Etc. Parmi les smartphones testés, aucun n’est exemplaire en tout. Mais le modèle de Huawei nous paraît un peu plus recommandable à qui cherche un mobile simple.

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La surprise vient de la pauvreté des options du Pixel 3a XL de Google, le smartphone que l’on attendait pourtant sur ce terrain. Il sera certes le premier à profiter des mises à jour d’Android, mais ses menus sont étrangement dépouillés. Ses concurrents proposent tous beaucoup plus d’options ergonomiques avancées et de fonctions pointues, souvent cachés dans les paramètres.

Le Huawei est le meilleur sur ce terrain avec, par exemple, la possibilité de réduire la taille de l’affichage pour piloter le mobile à une main, le contrôle des téléviseurs grâce à son émetteur infrarouge, l’adaptation automatique des couleurs à l’éclairage ambiant (l’équivalent du Truetone d’Apple), la possibilité d’indiquer sur les icônes d’applications le nombre de nouveaux messages, via de petits badges, comme sur iPhone.

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Vidéo. Les films et séries sont magnifiques sur ces smartphones dotés de très beaux écrans XL. Mais si vous avez l’habitude de télécharger vos vidéos avant de les regarder, la mémoire de 64 Go du Xiaomi et du Google risque d’être trop étroite. Et comme il est impossible de leur ajouter une carte mémoire, mieux vaut opter pour leurs concurrents qui recèlent 128 Go de mémoire. L’écran du Huawei étant plus large, les vidéos sont un petit peu plus spectaculaires. Mais son contraste est aussi moins profond car son écran LED n’affiche pas des noirs parfaits, comme les afficheurs OLED de ses concurrents. La différence est nette sur les séries sombres ou les « space operas ».

Musique. Le Xiaomi et le Oneplus n’ont pas de prise audio filaire. A la différence de Oneplus, Xiaomi a la décence de fournir un adaptateur. Nous n’avons donc pas pu tester la qualité sonore du Oneplus, mais celle de ses concurrents est bonne, le Huawei sortant un peu du lot par sa précision, sa fidélité, et la sensation d’espace qu’il procure, légèrement supérieures.

Jeux 3D. L’Oppo Reno et Google Pixel 3A XL font tourner la plupart des jeux 3D gourmands en bonne qualité. Mais les plus exigeants, comme Fortnite, ne passent parfois qu’en basse définition. Deux fois plus rapide, le smartphone de Huawei fait tourner n’importe quel titre en qualité maximale, comme le Oneplus 7 et le Xiaomi Mi 9, environ trois fois plus rapides.

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Tous ces smartphones ont d’excellentes autonomies, leur batterie est difficile à épuiser en une journée, même en regardant Youtube et en jouant. En prenant garde à ne pas faire d’excès, on peut en espérer deux jours d’autonomie. En usage modéré, les mobiles de Huawei et Google tiennent jusqu’à trois jours.

La recharge est relativement rapide sur tous les modèles : il faut compter environ 1 h 30 pour remplir la batterie – 2 heures pour le Google. Seul le Xiaomi Mi 9 est compatible avec la charge sans fil, mais via un chargeur maison assez coûteux (30 euros).

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Solidité. C’est le gros défaut de ces smartphones. Aucun n’est étanche, sauf le Huawei Mate 20, qui résiste à la pluie mais pas à l’immersion. Les mobiles des quatre constructeurs chinois ont les mêmes faiblesses structurelles : un fragile dos en verre, bombé qui plus est, fort mal protégé en cas de chute par leur pourtour en aluminium trop fin. Le Pixel 3a XL de Google est bien plus inquiétant encore. Sa conception « tout plastique » rappelle les mobiles bas de gamme. Certes, ce matériau ne casse pas en cas de chute. Mais il est extrêmement souple et protège très mal l’électronique interne du mobile. Espérons que les renforts internes de l’appareil suffiront à lui éviter les casses. En outre, le plastique est extrêmement sensible aux griffes.

Rapidité. C’est le grand écart : l’Oppo Reno et le Google Pixel 3a XL sont légèrement moins rapides que le… Oneplus 5, un modèle qui remonte à 2017. Il est fort possible que leurs menus se mettent à ralentir dans les deux ans à cause des mises à jour logicielles. Leurs concurrents, deux fois plus rapides aux tests des applications de mesure de la performance Geekbench et Antutu, devraient rester vifs pendant trois ou quatre années, tout particulièrement le Oneplus 7, dont la mémoire est extrêmement rapide. Côté jeux, l’écart de performances est équivalent.

Mémoire. Si vous prenez des photos, des vidéos, que vous installez des jeux 3D et des applications vidéo, vous risquez de saturer la mémoire des Xiaomi et Google rapidement : 64 go ne suffisent clairement pas. D’autant que cette mémoire est non extensible. Xiaomi propose une version 128 Go du Mi 9, nettement plus chère, mais pas Google. Les concurrents proposent tous 128 Go de mémoire.

Notre vainqueur

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Le Huawei Mate 20 est le clair vainqueur de ce comparatif : il est le meilleur en tout, sauf en confort, car il est un peu plus massif en main. Sorti fin 2018, et originellement vendu 800 euros, son tarif a chuté à 500 euros, ce qui en fait une redoutable affaire.

Cela dit, Huawei connaît en ce moment de gros ennuis, Google lui refusant notamment l’accès à ses logiciels. Pour les consommateurs français, cela pose deux questions : le Mate 20 Pro continuera-t-il de profiter des mises à jour de sécurité d’Android ? Bénéficiera-t-il des prochaines versions d’Android ? Et la réponse est incertaine.

Par prudence, on pourrait vous conseiller d’opter pour son concurrent, le Oneplus 7, qui domine d’une courte tête ses poursuivants. Mais il coûte 60 euros de plus, nous vous conseillons donc de regarder aussi le Xiaomi et le Google. Pour affiner votre jugement, pensez à fabriquer votre propre note, selon les critères les plus importants pour vous :