Abdel-Basset al-Sarout (à gauche) chante lors d’un rassemblement de commémoration du début de la révolution syrienne, dans la province d’Idlib, le 15 mars 2019. / OMAR HAJ KADOUR / AFP

Un ancien joueur de football syrien devenu combattant rebelle, dont le parcours avait fait l’objet d’un documentaire primé, est mort des suites de ses blessures, samedi 8 juin, après avoir affronté les forces du régime dans le nord-ouest de la Syrie, a appris l’Agence France presse auprès de sa faction.

Jamil al-Saleh, commandant de sa faction rebelle Jaich al-Ezza, a annoncé la mort de Sarout sur Twitter, le qualifiant de « martyr » mort « en combattant au nom d’Allah ». Il a également diffusé une vidéo montrant Sarout chantant « Nous reviendrons, Homs », en référence à sa ville natale reprise par le régime aux rebelles. Un autre commandant du groupe rebelle, Mahmoud al-Mahmoud, a confirmé sa mort, affirmant qu’il avait été « blessé avant-hier dans la bataille pour libérer Tal Maleh », un village dans le nord de la province de Hama.

Abdel-Basset al-Sarout était un gardien de but de 27 ans, originaire de la ville de Homs, devenu l’interprète le plus populaire des chansons contestataires après le début du soulèvement syrien en mars 2011. Après la répression brutale par le régime de Bachar al-Assad des manifestations pacifiques, Sarout était devenu commandant au sein de la rébellion. Le documentaire « Homs, chronique d’une révolte » du réalisateur Talal Derki, qui retrace son parcours, a reçu en 2014 le Grand prix du jury au festival américain du cinéma indépendant de Sundance.

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« Il est mort en espérant réaliser les rêves des Syriens »

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) avait auparavant rapporté qu’il avait été blessé dans des affrontements dans la nuit de jeudi à vendredi, avant de succomber à ses blessures samedi 8 juin.

Des opposants syriens lui ont rendu hommage sur Twitter. « Le gardien de but de la liberté, l’icône de Homs, le chanteur de la place publique, le son inoubliable de la révolution syrienne est tombé en martyr », a écrit le chercheur et opposant Ahmad Abazeed. Hadi al-Bahra, membre du Comité des négociations syriennes, qui représente les principaux groupes d’opposition, a écrit : « Sarout restera en vie (…) Il est mort en espérant réaliser les rêves des Syriens ».

Selon l’OSDH, le village de Tal Maleh où il a été blessé a été pris au régime à la faveur d’une contre-attaque lancée jeudi par des djihadistes et des rebelles islamistes. Près de 170 combattants sont morts depuis jeudi, d’après l’OSDH qui précise que 37 combattants du régime et 28 djihadistes et rebelles ont été tués dans la seule journée de samedi.

La province de Hama où se trouve Tal Maleh jouxte celle d’Idlib, dominée par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda). Cette région est le théâtre depuis fin avril d’un regain de violence, alors que le pouvoir de Bachar al-Assad et son allié russe bombardent quasi quotidiennement le secteur.