Des centaines de manifestants de l’opposition ont été arrêtés dimanche 9 juin au Kazakhstan, comme ici dans la ville d’Almaty. / MARIYA GORDEYEVA / REUTERS

Des centaines de manifestants de l’opposition ont été arrêtés dimanche 9 juin au Kazakhstan, où se déroule la première présidentielle après trente ans au pouvoir de Noursoultan Nazarbaïev.

  • Les journalistes de l’AFP ont vu les policiers interpeller et conduire dans des véhicules des centaines de personnes dans les deux premières villes du Kazakhstan, Almaty et la capitale Astana. L’un des correspondants de l’AFP a été brièvement interpellé avant d’être remis en liberté, tandis qu’un autre s’est vu confisquer son équipement vidéo.
  • Deux journalistes de Radio Free Europe-Radio Liberty, Petr Trotsenko à Almaty et Saniya Toiken à Astana, ont également été interpellés, puis relâchés, ainsi que Marius Fossum, de l’organisation de défense des droits humains Comité Helsinki norvégien.
  • Et l’opposant le plus virulent, l’ancien banquier qui vit maintenant en exil Moukhtar Abliazov, avait appelé à des manifestations dans le pays dimanche.

Une transition politique décrite comme « une illusion », selon l’ONG Human Rights Watch

Plusieurs manifestations avaient émaillé la campagne électorale, provoquant une réponse sévère des autorités, qui ont intensifié la répression contre les médias et les opposants dans les semaines ayant précédé le vote. Dans un communiqué, l’ONG Human Right Watch (HRW) a expliqué que l’idée d’une transition politique était « une illusion » et mis en lumière la poursuite de violations des droits de l’homme sous la présidence par intérim de M. Tokaïev :

« Les autorités kazakhes interrompent de façon routinière les protestations pacifiques, emmènent de force leurs participants – leur attachant parfois les mains et les pieds – et les sanctionnent en leur infligeant des amendes et de courtes peines d’emprisonnement. »

Mais, même si cette journée d’élection est marquée par les plus importantes manifestations que cette ex-république soviétique d’Asie centrale ait connues en trois ans, Kassym-Jomart Tokaïev, le successeur que s’est choisi l’ancien chef de l’Etat, est quasiment assuré de l’emporter en dépit de la présence de six autres candidats.

M. Tokaïev, 66 ans, un ancien diplomate de carrière, affronte six adversaires mais aucun n’est connu du grand public et un seul peut être considéré comme un réel opposant. A l’inverse, le président par intérim a pu compter sur le soutien de nombreuses célébrités et sur les ressources de l’Etat, mises à sa disposition pour sa campagne électorale.

Des élections jamais reconnues comme libres et justes par les observateurs internationaux

Il semblera néanmoins difficile de faire aussi bien que l’ancien président kazakh, élu une première fois en 1991 puis réélu à quatre reprises avec des scores dépassant les 80 %. En 2015, dans un contexte de difficultés économiques, Noursoultan Nazarbaïev avait obtenu 98 % des voix pour un taux de participation de 95 %.

Ces élections n’ont jamais été reconnues comme libres et justes par les observateurs internationaux et il est probable qu’il en sera de même pour celle-ci. Selon l’un des deux organismes de sondages autorisés à fonctionner, M. Tokaïev est crédité de près de 73 % des voix.