C’est une phrase qui risque de renforcer encore un peu plus l’opposition des Palestiniens à la future initiative de paix américaine au Proche-Orient, issue d’une administration américaine dont Ramallah dénonce le parti pris pro-israélien. Dans une interview au quotidien américain The New York Times, samedi 8 juin, l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman, a affirmé : « Dans certaines circonstances (…) je pense qu’Israël a le droit de conserver une partie de, mais pas toute, la Cisjordanie », territoire palestinien occupé par Israël depuis plus de cinquante ans.

Dans un communiqué publié samedi soir, le porte-parole du gouvernement palestinien, Ibrahim Melhem, a condamné ces propos, dénonçant une politique étrangère américaine dirigée par « un groupe dont certains n’ont pas la maturité politique nécessaire et parmi lesquels se trouvent des extrémistes ». Le numéro deux de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erekat, a lui qualifié M. Friedman « d’ambassadeur extrémiste des colons » israéliens, sur Twitter, avant d’ajouter : « Leur vision consiste à annexer un territoire occupé, un crime de guerre selon le droit international ».

« Sur quel principe fonde-t-il sa conviction ? », a demandé le ministère palestinien des affaires étrangères, évoquant l’interview de M. Friedman. « Sur le droit international interdisant l’annexion d’un territoire par la force ? Ou la réalité imposée par les forces d’occupation ? », a-t-il poursuivi dans un communiqué dimanche, envisageant de déposer une plainte auprès de la Cour pénale internationale (CPI).

Les contacts officiels suspendus

La colonisation par Israël de la Cisjordanie occupée et de Jérusalem-Est annexée, illégale au regard du droit international, s’est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens depuis 1967. Résultat, plus de 600 000 colons israéliens y mènent une coexistence souvent conflictuelle avec près de 3 millions de Palestiniens. M. Friedman a soutenu des intérêts de colons israéliens, et la fondation familiale de Jared Kushner, gendre et conseiller du président américain chargé du plan de paix, a financé des colonies israéliennes.

Depuis décembre 2017, la direction palestinienne a suspendu les contacts officiels avec le gouvernement américain, après la reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale d’Israël. La communauté internationale a désapprouvé la décision américaine, les Palestiniens espérant faire de Jérusalem-Est la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

Washington a toutefois prévu de présenter fin juin à Bahreïn le volet économique de son plan, sans qu’aucune date n’ait toutefois été fixée pour la présentation du plan dans son ensemble. Sans compter qu’Israël entame une nouvelle période électorale après l’échec du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, à former une coalition à l’issue des législatives d’avril, ce qui devrait encore retarder le calendrier.