Les forces de sécurité dans la ville d’Omdourman, le 9 juin. / - / AFP

Quatre personnes ont été tuées, dimanche 9 juin, au Soudan, où le mouvement de contestation a entamé un mouvement de désobéissance civile pour pousser le Conseil militaire à remettre le pouvoir aux civils.

Deux des quatre personnes décédées dimanche ont été tuées par balles à Khartoum et dans la ville voisine d’Omdourman, tandis que les deux autres ont été « battues et poignardées » et sont mortes dans un hôpital d’Omdourman, selon des communiqués d’un comité des médecins proche de la contestation.

Ces personnes ont été victimes « du Conseil militaire de transition » et de ses « milices », a accusé le comité. Plus généralement, les manifestants accusent les RSF (Forces de soutien rapide) d’être à l’origine de la violente dispersion, lundi 3 juin, du campement installé depuis le 6 avril devant le quartier général de l’armée à Khartoum, et de la répression qui a suivi. Le bilan de celle-ci s’élève désormais à 118 morts et plus de 500 blessés, selon le même comité.

Demande de la remise du pouvoir aux civils

Chef de ces groupes paramilitaires, le redouté général Mohammed Hamdan Daglo dit « Hemeidti », aussi n° 2 du Conseil militaire de transition, a affirmé qu’il « ne permettra pas le chaos », au lendemain de l’évacuation violente du sit-in. Le Conseil militaire de transition est au pouvoir depuis la destitution le 11 avril par l’armée du président Omar Al-Bachir, que réclamait le mouvement de contestation déclenché le 19 décembre par le triplement du prix du pain dans un climat de crise économique aiguë.

La contestation réclame, depuis le départ de d’Omar Al-Bachir, que les généraux remettent le pouvoir à un gouvernement civil. Mais les négociations entre les deux camps sont suspendues depuis le 20 mai en raison de divergences sur la transition. Prise en étau entre la violente répression et l’impasse des négociations, la contestation avait appelé à une « vraie désobéissance civile » à compter de dimanche et jusqu’à l’avènement d’un pouvoir civil. Avec des pneus, des briques ou même des troncs d’arbres, les protestataires s’étaient mis dès le matin à construire de nouveaux barrages routiers notamment au nord de la capitale.

Banques, pharmacies, restaurants, coiffeurs ou encore magasins de vêtements, la plupart des commerces avaient laissé leur rideau baissé. A Omdourman, des habitants sont allés acheter des produits de première nécessité dans des épiceries, mais la ville est restée éteinte, tout comme à Al-Obeid ou Madani, dans le centre du pays.

Le mouvement de contestation agite la menace de la désobéissance civile depuis plusieurs semaines. Fin mai, une grève générale de deux jours lancée pour faire plier les généraux, était parvenue à paralyser le pays.