Le président gabonais Ali Bongo à son retour à Libreville, le 23 mars 2019. / STEVE JORDAN / AFP

Après près de six mois de silence, le président du Gabon Ali Bongo Ondimba, qui se remet d’un accident vasculaire cérébral (AVC), s’est affiché samedi soir 8 juin comme maître du jeu politique en annonçant un remaniement ministériel.

Dans un discours enregistré de huit minutes diffusé par la télévision nationale, il a déclaré avoir demandé à son premier ministre la formation d’un nouveau gouvernement plus restreint, constitué de femmes et d’hommes prêts à donner la priorité à l’intérêt général et « capable de faire preuve d’exemplarité ». Il a fait cette annonce alors que le « kévazingogate », un trafic de bois précieux, a viré récemment au scandale politique.

« Le ménage doit être fait au sein de notre classe politique, au sein de laquelle le mot “éthique” doit résonner avec force », a-t-il ajouté. « Ceux qui se mettent en travers de cette voie sont prévenus : ils seront sèchement écartés », a averti M. Bongo, au pouvoir depuis 2009 dans ce pays pétrolier d’Afrique centrale. « Comme vous le savez, je viens de traverser une période difficile de ma vie, a déclaré M. Bongo au sujet de sa santé. Vaincre de telles épreuves renforce votre détermination à poursuivre vos aspirations et à tout mettre en œuvre pour les concrétiser. »

Un « retour définitif »

Après cinq mois de convalescence à l’étranger à la suite de son AVC, Ali Bongo est rentré le 23 mars à Libreville pour un « retour définitif ». « Il y a eu une utilisation abondante de ciseaux pour faire le montage de cette vidéo », a affirmé à l’AFP l’un des représentants de la société civile, Marc Ona. « Pour convaincre les Gabonais de sa capacité à continuer à diriger le pays, il aurait fallu organiser une conférence de presse avec les journalistes », a estimé cet opposant.

Samedi soir, le président a rendu un hommage à son prédécesseur, le qualifiant de « père fondateur » et saluant « son pragmatisme et sa ténacité ». « Il nous a légué un précieux héritage et des fondements qu’il nous revient de consolider pour aller plus loin », a-t-il souligné. « Il est capital pour notre nation d’en finir une fois pour toutes avec la corruption qui gangrène nos institutions. Il est capital d’en finir avec la mauvaise gestion, la mauvaise gouvernance », a affirmé le chef de l’Etat.

Ali Bongo s’était adressé à la nation dans un bref discours de fin d’année, enregistré à Rabat, lieu de sa convalescence, diffusé le 31 décembre. Depuis, il n’avait fait aucune déclaration publique, mais a multiplié les entretiens au palais présidentiel avec des chefs d’Etat africains, dont les présidents sénégalais et ivoirien, Macky Sall et Alassane Ouattara. Il s’est également entretenu mercredi avec le président tchadien Idriss Déby Itno.