C’est dans une atmosphère conflictuelle que commencent cette semaine les négociations du plan de sauvegarde de l’emploi des 111 salariés parisiens de Neptune Energy, anciennement employés du groupe Engie (ex-GDF-Suez). La décision de fermeture de leur société a été présentée au personnel par la direction britannique du groupe, mardi 28 mai, deux ans après son acquisition. A l’époque, Engie était désireux d’abandonner le secteur de l’exploration- production d’hydrocarbures.

Pour expliquer sa décision, Neptune Energy, détenue par des fonds d’investissements britanniques, américains et chinois, a fait état d’un « nouveau modèle opérationnel » appliqué depuis l’été 2018, et ne maintenant une présence que dans les pays possédant des actifs dans le domaine de l’exploration-production, ce qui n’est pas le cas de la France. La procédure de fermeture devrait être terminée en juin 2020, mais 80 % des salariés devraient être déjà licenciés d’ici novembre. L’entreprise insiste sur la conformité de sa procédure aux réglementations en vigueur.

Colère des syndicats

Dans un communiqué daté du 6 juin, la fédération CGT Mines-Energie accuse Engie d’avoir « sous-traité les licenciements à un fonds étranger ». Lena Dauphin, déléguée syndicale CGT de Neptune Energy évoque l’incompréhension des salariés qui ont vu dans cette vente un abandon de l’Etat, propriétaire d’environ 25 % d’Engie. Le syndicat fustige non seulement le principe même de la vente, mais aussi la décision de vendre au moment où le baril était bas, autour de 40 dollars, pour une somme de 4,6 milliards d’euros jugée trop faible par les salariés. Pour le syndicat, le « désengagement de l’Etat » est en « contradiction » avec les propos tenus par la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie et des finances, Agnès Pannier-Runacher, sur l’urgence de garder les activités industrielles en France. La CGT accuse en outre le groupe, dont le siège social est à Londres, de créer des postes en doublon hors de France.

De son côté, Engie n’a pas souhaité se prononcer sur cette décision, qui respecte l’accord passé avec Neptune, au moment de la vente en 2017, de préserver les emplois en France pendant une durée de deux ans. La décision de vendre l’ex-GDF-Suez est pour sa part liée à sa volonté de devenir « le leader mondial de la transition zéro carbone. »

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