Des militants de la cause homosexuelle protestent contre le rejet par l’Eglise catholique du mariage homosexuel, le 16 décembre 2012. / Alessandro Bianchi / REUTERS

En pleine tempête déclenchée par les violences sexuelles au sein de l’Eglise catholique mais aussi par la mise en lumière de la prégnance de l’homosexualité dans le clergé par le livre de Frédéric Martel, Sodoma (éditions Robert Laffont), c’est un texte qui ne passe pas inaperçu. Le Vatican a publié, lundi 10 juin, un document à l’intention des communautés éducatives des écoles catholiques consacré à ce que le Saint-Siège appelle « l’idéologie du genre », qu’il combat.

« Transgenre », « queer », « intersexualité », « fluidité », « polyamour » : le texte de la Congrégation pour l’éducation catholique, intitulé « Il les créa homme et femme, Pour un chemin de dialogue sur la question du genre dans l’éducation », est d’abord une attaque en règle contre ces notions considérées comme autant d’atteintes « à la foi et à la juste raison ».

Ce document, qui doit être maintenant diffusé par l’intermédiaire des conférences épiscopales, systématise, d’un point de vue théologique et philosophique, l’opposition de l’Eglise catholique à l’évolution du regard que la société pose sur les questions de sexualité et de genre. Il cite abondamment des textes des deux précédents papes, Jean Paul II et Benoît XVI, qui leur ont attaché une grande importance, mais aussi de François, qui s’est inscrit à cet égard dans leur exact sillage.

Le pontife argentin dénonce ainsi très souvent « les colonisations idéologiques ». Cette expression recouvre les pressions que, selon le Vatican, les gouvernements occidentaux exerceraient, à travers leur action ou leurs aides internationales, pour « imposer » à d’autres pays leurs normes sociales, familiales et sexuelles.

Appel à la résistance

La Congrégation pour l’éducation catholique inscrit la position de l’Eglise catholique dans son refus de l’une des caractéristiques de la postmodernité, à savoir « l’individu radicalement autonome ».

« Dans une opposition croissante entre nature et culture, écrit-elle, les propositions de genre confluent dans le queer, c’est-à-dire dans une dimension fluide, flexible, nomade, jusqu’à soutenir l’émancipation complète de l’individu de toute définition sexuelle donnée a priori, entraînant la disparition de classifications considérées comme rigides. (…) On voudrait que chaque individu puisse choisir sa propre condition et que la société se limite à garantir ce droit. »

Résolument hostile à ce point de vue, la Congrégation pour l’éducation catholique appelle les pédagogues à la résistance. Elle leur demande de défendre le lien, à ses yeux intrinsèque, entre différence sexuelle, famille, procréation et union à Dieu. « L’homme et la femme sont contestés dans leur exigence qui provient de la création, étant des formes complémentaires de la personne humaine », rappelle le texte en citant Benoît XVI. Il insiste également sur le « droit » de l’enfant « à grandir dans une famille avec un père et une mère ».

« Un Etat démocratique ne peut, en effet, réduire la proposition éducative à une pensée unique », le texte du Saint-Siège

Elle encourage les écoles catholiques à prendre en charge l’éducation à la sexualité et à l’affectivité selon ces vues.

« Un Etat démocratique ne peut, en effet, réduire la proposition éducative à une pensée unique, en particulier dans une matière si délicate qui touche la vision fondamentale de la nature humaine et le droit naturel des parents à un libre choix éducatif », affirme le document.

En dépit de la tourmente qui secoue l’Eglise catholique, le Saint-Siège n’entend pas faire profil bas sur ce chapitre.