Utilisatrice d’une trottinette électrique, le 3 mars. / KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Un homme de 25 ans qui circulait sur une trottinette électrique à Paris est mort lundi 10 juin au soir après une collision avec un camion. C’est le premier accident mortel dans la capitale impliquant ce nouveau mode de transport, au cœur de vifs débats.

L’accident s’est produit lundi soir vers 22 h 30 dans le 18arrondissement, dans le quartier de la Goutte d’Or, selon une source policière confirmant une information d’Europe 1. Le jeune homme a refusé la priorité à un camion qui l’a percuté, selon des sources concordantes. Evacué par les pompiers en arrêt cardio-respiratoire, il a succombé à ses blessures à l’hôpital.

Le chauffeur du camion a été placé en garde à vue et une enquête pour « homicide involontaire » a été ouverte par le parquet de Paris, confiée au service du traitement judiciaire des accidents (STJA). En avril, un piéton octogénaire avait été percuté par une trottinette à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) et n’avait pas survécu.

L’accident de lundi montre « la nécessité de rappeler les règles élémentaires à respecter par les usagers », a réagi Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris. « Il faut que la police nationale soit mobilisée pour sanctionner les usagers qui grillent par exemple un feu. »

Casse-tête pour la Mairie de Paris

Apparues il y a un an, les trottinettes – dont le nombre dans la capitale est évalué à environ 20 000 – sont devenues un véritable casse-tête pour la Mairie de Paris, faute de loi pour les réguler. Interdiction de stationnement sur les trottoirs, limitation de vitesse à 20 voire 8 km/h : la maire de Paris, Anne Hidalgo, a listé jeudi plusieurs mesures pour mettre un terme aux nuisances causées par les trottinettes électriques, par ailleurs impliquées dans plusieurs accidents.

Le même jour, les députés avaient adopté des mesures visant à « donner aux collectivités les outils » pour mieux réguler les trottinettes et autres engins mis à disposition sur la voie publique. La ministre des transports, Elisabeth Borne, s’est dite « dans le principe favorable au développement des nouvelles mobilités » et a dit voir dans ces engins « une bonne chose ». Mais, a-t-elle noté, le développement est « totalement anarchique, ce qui pose des problèmes de sécurité » pour les usagers et les autres utilisateurs de l’espace public.

Elle a rappelé qu’un décret, actuellement en préparation, était attendu « à la rentrée » sur ces questions. Il devra définir des règles d’usage, sur l’éclairage, la vitesse maximale de ces engins et devrait interdire leur circulation sur les trottoirs.

Vote contre le port obligatoire du casque

Vendredi, l’Assemblée nationale a d’ores et déjà voté – au terme de vifs débats – contre le port obligatoire du casque à vélo ou en trottinette électrique, dans le cadre de l’examen du projet de loi sur les mobilités. « Le gouvernement est résolument contre l’obligation du port du casque sur les vélos au-delà de 12 ans » et « sur les trottinettes », qui vont être bridées à 20 km/h, a déclaré Elisabeth Borne. Et de lancer : « Les Français en ont marre qu’on leur impose des obligations. On recommande le port du casque et chacun prend ses responsabilités. »

La question a toutefois divisé la majorité. Thomas Mesnier, député LRM et médecin urgentiste, s’est dit « choqué » par « certains des arguments entendus ». « On est là pour prendre nos responsabilités, pour assurer la sécurité des Français », a-t-il plaidé.

L’Assemblée a également ouvert la voie à une possibilité pour certaines communes de déroger à la future interdiction de circulation sur les trottoirs, avec le soutien de la ministre et au grand dam d’élus LRM.

La trottinette électrique ne fait pas seulement débat en France. En mai, l’Allemagne a autorisé leur arrivée après de vives discussions, inspirées notamment de l’exemple parisien, et encadrant plus strictement leur utilisation. Outre-Rhin, la réglementation cantonne ainsi les trottinettes aux pistes cyclables et à la route et les interdit aux moins de 14 ans, en attendant d’éventuelles précisions sur le port du casque ou l’obligation d’assurance.