Donald Trump, le 11 juin à la Maison Blanche, brandissant la copie de l’accord conclu avec le Mexique sur l’immigration. / LEAH MILLIS / REUTERS

Ses mimiques, ses gestes, ses cheveux, son langage corporel se prêtent bien à la photographie et font de lui un très bon client témoignent les photographes de l’Agence France-Presse (AFP) accrédités à la Maison Blanche. Tellement bon client qu’il peut commettre des faux pas.

Il a ainsi assuré, mardi 11 juin, qu’une partie de l’accord sur l’immigration conclu avec le Mexique restait confidentielle et a nargué les journalistes en brandissant une page du document… qu’ils se sont empressés de déchiffrer.

« La grande majorité de l’accord avec le Mexique n’a pas encore été révélée », avait tweeté dans la matinée le président américain qui s’est dit « très content » de l’issue des tractations avec son voisin.

Menacé de se voir imposer des droits de douane, Mexico s’est engagé vendredi soir à prendre plusieurs mesures pour freiner les migrants originaires d’Amérique centrale qui traversent son territoire avant d’entrer clandestinement aux Etats-Unis.

La plupart de ces mesures, dont des renforts à la frontière avec le Guatemala, avaient été convenues lors de négociations antérieures, a toutefois assuré le New York Times, minimisant la portée de l’accord. « Je ne sais pas où le Times est allé chercher son histoire », a rétorqué mardi le milliardaire républicain qui avait déjà évoqué la veille une clause secrète « très puissante » aux mains des Etats-Unis.

Un bilan après quarante-cinq jours

Comme pour le prouver, il a sorti un papier blanc de sa veste lors d’un échange avec la presse. « Voici l’accord », a-t-il lancé, avant de se reprendre : « Non, je vais laisser Mexico le divulguer au bon moment. »

Mais la feuille est lisible en filigrane – éclairée par un soleil éclatant – sur les gros plans des photographes, notamment ceux de Jabin Botsford, du Washington Post. Il y est mentionné que les Etats-Unis feront le point sur les progrès enregistrés à la frontière sud « quarante-cinq jours calendaires après la signature de l’accord ».

Mais cette disposition n’a rien de secret. Le Mexique a déjà fait savoir que l’accord prévoyait un bilan après quarante-cinq jours.

Si le flux de clandestins traversant le pays pour se rendre aux Etats-Unis n’est pas freiné d’ici là, l’accord pourra être revu, avec notamment une réforme de la législation mexicaine sur le droit d’asile, ont aussi reconnu les autorités mexicaines.

Le ministre des affaires étrangères mexicain est resté évasif sur ce qu’avait précisément accepté son pays en cas de progrès insuffisants aux yeux des Américains après quarante-cinq jours. « Mexico ne va pas échouer. Mexico est ouvert aux négociations si nous échouons mais nous n’allons pas échouer », a déclaré à la presse Marcelo Ebrard. « Il y a tout ici, absolument tout. Il n’existe rien d’autre qui ne soit pas dans ce document », a-t-il aussi avancé, niant toute annexe secrète.

Donald Trump a fait de la lutte contre l’immigration illégale un des marqueurs de sa présidence. Mais les arrestations de migrants à la frontière sud des Etats-Unis, de l’ordre de 20 000 par mois à son arrivée à la Maison Blanche, n’ont cessé d’augmenter depuis, avec un pic à plus de 140 000 en mai.