Dans le cadre d’un partenariat entre l’agence Magnum Photos et Le Monde, tous les tirages présentés ci-dessous (et bien d’autres) sont accessibles à la vente en cliquant sur ce lien.

Les boîtes d’archives de l’agence Magnum Photos sont remplies de morceaux de temps et d’espace arrachés au monde. Des images qui se sont imposées aux photographes, qui nous les ont transmises et dont on ne peut plus, à notre tour, se libérer. Ces photographies, aussi variées soient-elles, deviennent aussi nos images intimes. Elles rejoignent nos fantasmes, enrichissent nos imaginaires, éclaircissent nos zones d’ombres.

Ces grands photographes de l’agence Magnum, tels que Gilles Peress, Gregory Halpern ou Cristina de Middel, offrent ici un échantillon de leurs obsessions. Rencontres éblouissantes avec la bizarrerie du réel, moments érotiques, graves, inquiétants, ces photographies sont toutes traversées par le désir de voir. Elles offrent des images fixes à toutes nos idées fixes.

Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

Café. Tokyo, Japon. 1996.

« Une serveuse se tient dans l’embrasure de la porte d’entrée d’un café et attire mon attention. Alors que j’essaye de mettre au point mon objectif, la porte se referme lentement. Je me suis dit : “Sois rapide.” Un instant plus tard, la vitre de la porte me bouche la vue mais un salutaire “Pourquoi pas ?” me pousse à faire une autre prise. Si un appareil photo est ton arme, “Pourquoi pas ?” est ton signal. Sans ça, tu ne peux rien réussir. »

Gueorgui Pinkhassov

Enri Canaj/Magnum Photos

Un migrant ghanéen dans son appartement à Castel Volturno, Italie. 2018.

« Obsession : un moment particulier où vous vous déconnectez de tout le reste pour partir à votre propre rencontre. Voyager seul avec le vrai vous. »

Enri Canaj

Thomas Hoepker / Magnum Photos

Andy Warhol à sa Factory à Union Square. New York, Etats-Unis. 1981.

« Encouragé par les prix photos pour la jeunesse de Photokina, influencé par le livre “Subjective Photography” d’Otto Steinert, impressionné par une visite de l’exposition Edward Steichen à laquelle Fritz Gruber m’avait amené lors de mon premier voyage à New York, inspiré par les premiers articles parus dans “Twen”, qui venait juste d’être fondé par Willy Fleckhaus, j’ai commencé à douter de plus en plus de l’intérêt de mes études en histoire de l’art. Dans les musées et durant mes voyages en Italie, j’ai réalisé que j’étais plus intéressé par les gens se tenant devant les œuvres d’art que par les chefs-d’œuvre qu’ils regardaient. Quand “Münchner Illustrierte” m’a proposé un contrat de photographe en 1960, j’ai enfin trouvé mon métier. »

Thomas Hoepker

Cornell Capa/Magnum Photos

Marilyn Monroe par Cornell Capa sur le tournage du film Les Misfits. Nevada, USA. 1960.

« Notre obsession n’est pas près de s’arrêter… Personne ne ressemble un tant soit peu à Monroe et je pense qu’il n’y en aura jamais plus. »

David Thomson

Elliott Erwitt / Magnum Photos

New York, USA. 2000.

« Je suis obsédé par les chiens parce qu’ils me rappellent les gens, mais avec plus de poils. »

Elliott Erwitt

Tim Hetherington / Magnum Phot

Ballon de football artisanal. Kuito, Angola. 2002.

« Le sport est extrêmement populaire dans la culture angolaise. L’école de football au côté de l’ingéniosité de chacun permet à tout le monde de participer. Après des années de guerre civile, le sport facilite la réhabilitation, en réunissant les gens et en leur laissant la libre expression de leur talent. »

Imperial War Museums, Tim Hetherington Estate

Trent Parke / Magnum Photos

Plage de Bondi, Sydney, Australie. 2000.

« J’ai toujours eu deux obsessions dans la vie : le cricket et la photographie. Pour expliquer cela davantage : mon travail a toujours tourné autour de l’Australie et de la lumière… »

Trent Parke

RENÉ BURRI / Magnum Photos

Ecurie, cheval, piscine et maison dessinée par l’architecte Luis Barragan. Cuadra San Cristobal, Mexique. 1976.

« L’hommage personnel de René Burri à l’esprit de Luis Barragan. »

Clotilde Burri Blanc, épouse de René Burri

Christopher Anderson / Magnum

Pia avec un ballon à Gracia. Barcelone, Espagne. 2016.

« J’ai choisi cette image car j’y ai remarqué plusieurs de mes obsessions. La première, la plus évidente, c’est mon obsession pour les photographies de famille. On me dit que la couleur rouge apparaît souvent dans mes photos, peut-être qu’on peut appeler ça une obsession. Et j’aime beaucoup “Le Ballon rouge” d’Albert Lamorisse… Mais je n’appellerais pas ça une obsession. »

Christopher Anderson

Constantine Manos / Magnum Photos New York

Mardi Gras. Nouvelle-Orléans, Louisiane, USA. 1993.

« Cette photo a été prise à la Nouvelle-Orléans en 1993. Elle faisait partie d’un projet au long cours qui consistait à faire des photos couleurs à travers tous les Etats-Unis et qui a été publié dans deux livres : “American Color” et “American Color 2”. Les livres n’avaient pas pour vocation d’être des reportages mais devaient capturer des moments uniques “américains”. Pour moi, en tant que photographe, ce furent des projets obsédants que j’ai réalisés sur mon temps libre et mes deniers personnels. Je crois que l’obsession est une force puissante qui motive les gens créatifs. »

Constantine Manos

Patrick Zachmann /Magnum Photos

Des juifs en France : célébration pour le 33anniversaire de la création de l’Etat d’Israël. Paris, France. 1981.

« L’art c’est de l’obsession. La photographie parle de la mémoire et du passé. J’ai toujours été obsédé par la mémoire. Ou, pour être plus précis, par le manque de mémoire. Ma propre amnésie ainsi que celle d’un certain nombre de sociétés et de pays qui ne veulent pas se rappeler de périodes ou côtés sombres de leur histoire. Et je suis inquiet et obsédé par la répétition de l’histoire. Cet enfant juif que j’ai photographié à Paris dans les années 1980 m’a rappelé, consciemment ou non, la célèbre image de l’enfant du Ghetto de Varsovie avec une casquette sur sa tête et ses mains levées. Et par conséquent, cette image nous ramène au meurtre de six millions de juifs et à l’antisémitisme qui, malheureusement, ressurgit ces derniers temps comme si les leçons de l’histoire étaient inutiles. »

Patrick Zachmann

Abbas / Magnum Photos

Le réalisateur Abbas Kiarostami sur les collines environnant la capitale. Iran, Téhéran. 1997.

« Je dois tout voir tout le temps et, même avec mon œil dans l’objectif, je dois être conscient de tout ce qui se passe à l’extérieur du rectangle. »

Abbas, Return to Mexico : Journeys Beyond the Mask (W.W. Norton, 1992)

Eli Reed / Magnum Photos

Scène de rue de Harlem, New York. 1987

« Mon obsession c’est de regarder la vie telle qu’elle est, au lieu de ce qu’elle devrait être. »

Eli Reed

Bruce Gilden / Magnum Photos

New York, Etats-Unis. 1977

« Mon regard a été attiré par cet homme et son cigare dans les rues de New York. Mon obsession pour les cigares me vient de mon père au look de mafieux, qui portait des chapeaux, des bagues au petit doigt et fumait des cigares. »

Bruce Gilden

Larry Towell / Magnum Photos

Mennonites. Capulin, Chihuahua, Mexique. 1996

« J’ai documenté les vies des vieilles colonies de mennonites émigrant en tant que travailleurs agricoles entre l’Ontario au Canada et plus d’une douzaine de colonies au Mexique, qui viennent au printemps et repartent à l’automne. Pendant dix ans, j’ai photographié leurs migrations et leurs modes de vie, ainsi que le choc des cultures entre le nord et le sud. Quand j’ai commencé, la plupart des colonies n’avaient ni électricité ni voiture. Au moment où j’ai terminé, tous, à part les plus traditionalistes, s’étaient convertis à un mode de vie plus libéral à la suite d’un long conflit qui divisa l’Eglise. Les dimanches, les adolescents marchaient sur les chemins de terre de la colonie et flirtaient les uns avec les autres. En tant que non-mennonite, j’étais libre de conduire un véhicule. Un dimanche, j’ai pris cette photo à travers le rétroviseur de mon camion. »

Larry Towell

Guy Le Querrec / Magnum Photos

Au marché, point de rencontre pour les marchands du Niger et du Nigeria. Baleyara, Niger. 1993.

« Au printemps 1939, après avoir écouté Duke Ellington au Palais de Chaillot, Boris Vian a dit que “sans le jazz la vie serait une erreur”. Je savais que je ne ferais pas cette erreur. A partir du moment où le jazz est entré dans ma vie quand j’étais adolescent, il est devenu une influence très importante dans ma carrière photographique. Que ce soit pour des disques, des concerts ou des publications, mon travail (sur scène et en dehors) est construit sur des improvisations musicales et photographiques… En 1993, j’ai passé un mois à voyager à travers l’Afrique de l’Ouest. Au Niger, à Baleyara, pendant que j’étais sur un marché de rue, j’ai vu un ballet de cornes : se cherchant entre elles tout en essayant d’échapper les unes aux autres. Dans ce mouvement incessant, lent et robotique, les cornes se croisaient et se séparaient au rythme syncopé des égratignures, des frottements et des collisions. Ce concert eut lieu un dimanche 4 avril. »

Guy Le Querrec

Werner Bischof / Magnum Photos

Photomontage. Zurich, Suisse. 1941.

« Werner Bischof… pense et travaille dès le départ en termes photographiques. Il utilise les éléments graphiques de la photographie pour arriver à ses fins, c’est-à-dire la cristallisation et l’interprétation de l’objet. Il trouve des possibilités nouvelles et inexplorées de l’approche et de la technique photographique qui sont inaccessibles à l’artiste créatif se basant sur les principes techniques du dessin. »

Hans Finsler

Wayne Miller/Magnum Photos

Joan Miller. Orinda, Californie, Etats-Unis. 1955.

« Wayne n’était pas obnubilé par le fait de photographier Joan, sa femme, mais c’était comme une obligation. Ses yeux l’ont suivie avec son appareil photo tout au long de leurs soixante-dix ans de mariage. Une fois, elle a dit : “Wayne n’a jamais pensé avoir fait un bon travail en me prenant en photo.” Elle était son terrain d’expérimentation et sa source d’inspiration. »

Jeanette Miller, fille de Wayne Miller

Gilles Peress / Magnum Photos

Jean-Luc Godard. Cannes, France. 1985.

« Au Festival de Cannes, pendant qu’il se préparait pour la projection de son film “Détective” (1985), Godard était obsédé par la précision de la projection et a passé un certain temps à s’assurer que tout était parfait. La précision est un gros problème. »

Gilles Peress

Mark Power / Magnum Photos

Touchet, Etat de Washington, USA. 2019.

« D’Ed Ruscha à William Eggleston, l’histoire de la photographie américaine est truffée d’images de stations-service. Ces structures modestes restent un symbole déterminant de la culture américaine ; plus de 100 000 sont aujourd’hui en service à travers les Etats-Unis, même si ce n’est plus que la moitié de celles qui existaient dans les années 1950, l’âge d’or de la consommation. J’étais dans le nord-ouest du Pacifique plus tôt cette année-là à travailler sur mon projet au long cours “Good Morning, America” (ma propre petite obsession) quand quelques-unes des pires tempêtes de neige depuis des décennies se sont abattues sur l’Etat de Washington. La neige a tendance à simplifier, homogénéiser et embellir un paysage et, bien que ce soit un cliché, je n’ai pas pu m’empêcher de prendre celle-ci. »

Mark Power

Bieke Depoorter / Magnum Photo

Agata. Neuilly-Plaisance, France, 2018.

« Cette photo fait partie de ma série collaborative actuelle, “Agata”, dans laquelle Agata et moi explorons les complexités de l’entreprise photographique, aux prises avec la relation entre le photographe et son sujet. “Agata” est aussi l’histoire d’une jeune femme qui se cherche en jouant avec son identité comme si c’était un jouet. Dans cette photo elle endosse l’identité de Germaine, une femme qui est morte il y a plusieurs années dans la maison où Agata vit actuellement. Elle écrit à son sujet : “Elle n’avait aucune famille. Tout ce qu’elle a laissé derrière elle est resté intact ici. Avant c’était un mausolée pour ses sept chats, mais nous l’avons transformé en un temple vivant à sa mémoire. J’ai commencé à porter ses vêtements au quotidien. Je ne peux pas trop en faire, être trop dramatique, trop théâtrale. Enfin, je pourrais, mais alors nous ferions quelque chose de différent, ça changerait l’image et la manière dont nous travaillons. Nous l’avons senti en faisant ces photos de moi jouant Germaine. C’était une expérimentation. »

Bieke Depoorter

Paul Fusco / Magnum Photos

Cortège funèbre de Robert Kennedy. USA. 1968.

« Bien que j’aie pris cette image au début de ma carrière, elle est restée un témoin de mon envie de défendre l’outsider. La femme dans le champ dit ses adieux à Bobby Kennedy, un homme qui s’est battu contre l’oppression. Bien que je ne puisse pas savoir ce que pense cette femme, elle symbolise le citoyen américain moyen honorant un héros des droits civils. »

Paul Fusco

Steve McCurry / Magnum Photos

Tagong, Tibet. 1999

« J’ai photographié cette jeune femme à un festival hippique à Tagong, au Tibet. Son sens du style était rendu évident par la chemise vert émeraude qui contrastait avec le bleu et le rouge intenses de ses colliers et de son rouge à lèvre. L’arrière-plan rouge complétait la composition. »

Steve McCurry

Jim Goldberg / Magnum Photos

Station de bus, D965. Anatolie, Turquie. 1990.

« J’ai choisi les transports publics pour le voyage de ma lune de miel. Je me souviens m’être arrêté au milieu de nulle part à cet étrange et familier arrêt. Je réalise maintenant que j’ai fréquenté les arrêts de bus tout autour du monde : d’Hollywood à Athènes, de Pékin à Kiev. Ils dessinent la banalité des lieux fréquentés par ceux qui vivent là. »

Jim Goldberg

Gregory Halpern / Magnum Photo

Buffalo, Etat de New York, USA. 2011.

« Je suis continuellement intrigué par le paysage de Buffalo, dans l’Etat de New York, où j’ai grandi. Quand j’étais enfant, c’est la vision et les sensations provoquées par cet endroit qui m’a poussé à utiliser un appareil photo. La première chose que j’ai photographiée là-bas, c’était des maisons, qui sont d’ailleurs restées un élément de fascination pour moi. »

Gregory Halpern

Cristina de Middel / Magnum Ph

Puebla, Mexique. 2019.

« J’ai déménagé au Mexique en 2014, pourtant, dans mon esprit je vivais là-bas depuis déjà bien longtemps. Simultanément irréel, surréaliste et incroyablement dur, comme un film comique, dramatique et romantique diffusé en même temps sur un écran fantastique. Cela fait maintenant des années que je suis obnubilée par l’idée de faire le portrait du Mexique ; plus je crois m’en approcher, plus je sens que j’en suis loin. Cette photo a été prise près de Puebla. C’était la première fois que je voyais le volcan Popocatepetl, après en avoir rêvé tellement longtemps. J’ai passé trois jours à essayer de prendre une photo qui pourrait expliquer les émotions que je ressentais en me tenant si près d’un aussi gigantesque monstre de pierre. Utiliser un portrait de Benito Juarez (un symbole important du nationalisme mexicain et de la résistance aux interventions étrangères) m’a aidé à faire passer la dynamique unique qui existe entre la nature et la culture, toutes deux si puissantes et particulièrement importantes aujourd’hui au Mexique. »

Cristina de Middel

Emin Ozmen / Magnum Photos

Des enfants jouent dans l’eau, sur le toit d’une mosquée en partie engloutie à Savaşan. Halfeti, Turquie. 2018.

« Je ne sais pas pourquoi l’eau est souvent présente dans mes photos, comme une obsession inconsciente. Peut-être parce que l’eau est omniprésente dans mon pays bordé par la mer Méditerranée, traversé par le Tigre et l’Euphrate et ponctué de nombreux lacs. L’eau fait partie de moi, elle est là, palpitante. Dans cette photo, des enfants jouent tout en se tenant sur le toit de la mosquée engloutie, offrant une vision irréelle. Le village, accessible uniquement par bateau, attire beaucoup d’attention. Plus de 200 000 visiteurs viennent chaque année pour admirer un minaret visible au-dessus de l’eau. Le reste de la ville a disparu après la construction du barrage de Birecik. »

Emin Özmen

Lindokuhle Sobekwa / Magnum Ph

Daleside, Afrique du Sud. 2018.

« Mon obsession pour la photographie m’a permis de pénétrer dans des lieux et des espaces auxquels je croyais ne jamais avoir accès. Daleside était une zone majoritairement blanche où ma mère était employée de maison. Les jours où j’allais avec elle au travail, je n’avais pas le droit d’entrer dans la maison, alors je m’asseyais à l’extérieur et attendais qu’elle finisse de travailler. La seule fois où j’ai eu le droit de rentrer, c’était durant les vacances scolaires quand je travaillais dans le jardin à l’arrière. Ma mère se souvient d’une fois quand j’avais tout juste six mois : son employeur ne voulait toujours pas de moi dans la maison, alors elle m’enveloppait dans des tas de couvertures pour que je n’attrape pas froid et me mettait dehors sur la pelouse pour qu’elle puisse me voir depuis la maison. »

Lindokuhle Sobekwa

Alessandra Sanguinetti / Magnu

Buenos Aires, Argentine. 2001.

« Alors que je travaillais sur “Le Sixième Jour”, explorant la vie et la mort des animaux de la ferme, j’ai croisé un homme qui vivait avec son cheval. Il allait et venait comme bon lui semblait alors parfois il mettait du sucre sur la table pour l’inciter à rentrer pour la nuit. J’ai eu envie de photographier des animaux, particulièrement les animaux de la ferme, depuis que je suis enfant et à chaque fois que je le faisais, j’étais envahie d’un sentiment de nostalgie mélancolique. Je n’ai jamais compris l’origine de ce sentiment jusqu’à ce que je lise l’incroyable essai de John Berger “Pourquoi regarder les animaux ?”. Avec leurs vies parallèles, les animaux offrent à l’homme une amitié différente de toutes celles apportées par l’échange humain. Différente, parce que c’est une amitié offerte à la solitude de l’Homme en tant qu’espèce. » John Berger.

Alessandra Sanguinetti

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