Frédéric Péchier, le 29 mars 2017 à Besançon. / SEBASTIEN BOZON / AFP

L’anesthésiste Frédéric Péchier, soupçonné de 24 empoisonnements dont neuf mortels, reste en liberté sous contrôle judiciaire. Telle est la décision prise par la cour d’appel de Besançon, mercredi 12 juin, et annoncée par les avocats de la défense et des parties civiles à la presse.

A l’issue de quatre heures de débats et d’une heure de délibéré, les magistrats de la chambre de l’instruction de la cour d’appel ont ainsi de nouveau laissé l’anesthésiste libre, comme il l’est depuis sa première mise en examen dans cette affaire, prononcée en mars 2017 pour sept premiers cas d’empoisonnement.

Selon Me Jean-Yves Le Borgne, l’un des avocats du médecin, « la chambre de l’instruction a purement et simplement confirmé la décision qui avait été prise au mois de mai par le juge des libertés et de la détention » (JLD), juste après la seconde mise en examen de Frédéric Péchier, le 16 mai. La JLD avait alors laissé le médecin en liberté sous contrôle judiciaire, maintenant l’interdiction d’exercer prononcée dès 2017 et en y ajoutant une obligation d’éloignement de la région de Besançon. « C’était ce que nous sollicitions, c’était ce que nous espérions, c’était dans notre esprit ce que l’équité » mais aussi « le droit et la procédure pénale française commandaient », s’est félicité Me Le Borgne.

« Dénominateur commun »

Pour Me Stéphane Giuranna, l’un des avocats des parties civiles, la cour a estimé que le médecin avait certes « commis quelques entorses à son contrôle judiciaire », lui conseillant « de ne pas y revenir ». Mais « elle a décidé de ne pas se déjuger » puisque cette même cour l’avait déjà laissé en liberté sous contrôle judiciaire en 2017, a-t-il ajouté.

L’anesthésiste est soupçonné d’avoir pollué, entre 2008 et 2017, des poches de perfusion de 24 patients âgés de 4 à 80 ans pour provoquer des arrêts cardiaques, démontrer ses talents de réanimateur et discréditer ses collègues d’une clinique de Besançon avec lesquels il était en conflit. Pour le procureur de la République de Besançon, il est « le dénominateur commun » de tous ces « événements indésirables graves », comme les désigne le jargon médical. Parmi ses victimes présumées, certaines, restées plusieurs jours dans le coma après avoir subi des arrêts cardiaques à l’occasion d’opérations qui ne présentaient pas de difficultés particulières, en portent encore les séquelles.