L’E3 2019 s’est déroulé du 11 au 13 juin 2019 à Los Angeles. / Christian Petersen / AFP

Après deux jours et demi de salon, et une semaine et demie de conférences, l’Electronic Entertainment Exposition (E3) de Los Angeles, plus grand salon médiatique du jeu vidéo, s’est achevé dans la nuit du jeudi 13 au vendredi 14 juin. Un E3 privé de son principal acteur historique, Sony, mais qui restera malgré tout dans les mémoires. Sinon pour l’émotion suscitée, au moins pour l’impression que l’industrie du jeu vidéo ne s’appartient désormais plus vraiment.

  • Google Stadia prêt à se lancer

Le géant du Web a annoncé à quelques jours de l’ouverture du Salon son plan de lancement pour son service de jeu vidéo en streaming, Stadia. Il commencera à se déployer en novembre, accompagné d’une trentaine de jeux, pour la plupart vieux de plusieurs mois ou années. Le français Ubisoft a notamment apporté son soutien à cette nouvelle plateforme en prévoyant d’y rendre disponibles ses prochains blockbusters, ainsi que sa nouvelle offre de jeu en abonnement, Uplay+.

Le portail de jeux en illimité sur PC et sur Google Stadia, Uplay+, présenté par Ubisoft à l’E3 2019, lundi 10 juin. / Ubisoft

  • Netflix veut être plus visible dans le jeu vidéo

Déjà présent dans le monde du jeu vidéo par l’entremise de quelques jeux mobiles, d’une expérience de réalité virtuelle (Stranger Things) et d’un projet de jeu narratif dont on est sans nouvelles, le géant de la VOD a pour la première fois formalisé son souhait de développer de manière plus systématique ses franchises en jeux. Concrètement, la société produit actuellement trois projets (un jeu d’aventure Stranger Things 3, une adaptation de la future série Dark Crystal, un jeu d’enquête mobile Stranger Things) et entend confier ses personnages à des partenaires comme Ubisoft.

  • Tesla tend la main à l’industrie de la manette

C’était une présence inattendue : Elon Musk, le médiatique patron de la société Tesla, est venu sur la scène de l’éditeur Bethesda faire part de la sortie cet été de son premier pick-up autonome, et du lancement sur celui-ci du jeu de gestion Fallout Shelter. De nombreux analystes voient dans les voitures autonomes le prochain eldorado du jeu vidéo, les conducteurs ayant désormais du temps à tuer. Cette première annonce laisse en présager bien d’autres.

Elon Musk, dans une rencontre avec le concepteur de jeu Todd Howard, montre un jeu vidéo joué sur une Tesla Model 3. / MIKE BLAKE / REUTERS

  • Microsoft veut devenir la marque référente

Star de ce salon 2019, la firme de Redmond entend jouer de sa double casquette d’acteur historique du jeu vidéo et de géant mondial de l’informatique pour défier Google. À l’E3, Microsoft a annoncé la sortie en 2020 de sa prochaine console, la surpuissante « Scarlett » (c’est son nom de code), mais aussi communiqué sur l’enrichissement de son Xbox Game Pass, un service de jeu en abonnement qui passera dès octobre en technologie streaming. Le message : Microsoft fait comme Stadia, mais avant, et avec plus de légitimité et d’expertise dans le monde des pixels.

Le Project xCloud se veut la réponse de Microsoft au Stadia de Google : un service permettant de jouer à ses jeux sur n’importe quel support, en streaming. / Casey Rodgers / Casey Rodgers/Invision/AP

  • Nintendo joue les cartes Luigi, Animal Crossing et Zelda

À contre-courant de l’industrie – une habitude, pour cette ancienne compagnie de cartes à jouer – Nintendo n’a parlé ni technologie ni grandes alliances, pendant cet E3. Mais elle a joué ses meilleures cartes en termes de contenu – sa spécialité – avec l’annonce de plusieurs titres populaires sur Switch, comme l’arrivée prochaine de la parodie de jeu d’horreur Luigi’s Mansion 3, la sortie d’un Animal Crossing en mars 2020, et surtout en abattant un joker aussi inattendu qu’imbattable, l’annonce d’une suite au chef-d’oeuvre de 2017 The Legend of Zelda - Breath of the Wild.

« Luigi’s Mansion 3 » était l’une des attractions de Nintendo à l’E3. / Christian Petersen / AFP

  • « Cyberpunk 2077 » star du show, Ubi voit gris

Du côté des éditeurs tiers, pour la seconde année consécutive, le jeu de rôle cyberpunk des auteurs polonais de The Witcher a volé la vedette au reste du salon, malgré de nombreux coups de cœur moins médiatiques. Au rang des événements, Bandai Namco a levé le voile sur Elden Ring, le projet associant les créateurs de Dark Souls (From Software) à l’auteur de Game of Thrones (George R. R. Martin), tandis qu’Electronic Arts a annoncé le retour du mode « foot en salles », vingt ans après sa disparition, dans sa célèbre série footballistique FIFA 20.

Côté déceptions, le très classique Star Wars Jedi: Fallen Order du même Electronic Arts a laissé de marbre bien des observateurs, tandis qu’après deux éditions aussi intenses que mémorables, l’éditeur français Ubisoft, en panne soudaine de créativité, s’est embourbé dans une palanquée d’univers militaristes gris, anxiogènes et redondants – pas moins de sept projets Tom Clancy évoqués, un record. À relativiser par la présentation de sa nouvelle franchise, Gods & Monsters, jeu d’aventure dans un univers mythologique grec bien plus rayonnant.

« Cyberpunk 2077 », désormais attendu en avril 2020, a été pour la seconde année consécutive le jeu qui a concentré les attentions. / Christian Petersen / AFP