Photo, fournie le 13 juin 2019 par la marine américaine, montrant des dommages sur la coque du « Kokuka Courageous ». / HANDOUT / REUTERS

Torpilles, mines, et maintenant « objets volants »… Au lendemain d’explosions sur deux pétroliers, l’un japonais, l’autre norvégien, en mer d’Oman, le mystère s’épaissit.

L’équipage embarqué à bord du Kokuka Courageous, le pétrolier japonais attaqué jeudi, a signalé avoir vu un objet volant viser leur embarcation, selon les propos rapportés par Yutaka Katada, PDG de Kokuka Sangyo, la société propriétaire du tanker :

« Les marins disent que le bateau a été touché par un objet volant. Ils l’ont vu de leurs propres yeux. Nous avons reçu un rapport signalant que quelque chose avait volé vers le navire, puis il y a eu une explosion et il a été percé. »

M. Katada avait déclaré jeudi que le navire, qui transportait du méthanol, avait apparemment subi deux attaques successives. Après la première, « les marins ont manœuvré pour tenter de fuir, mais le bateau a de nouveau été ciblé trois heures plus tard » et touché à cette occasion, a-t-il détaillé. Un incendie s’est déclenché, et un membre de l’équipage, qui a été évacué, a été légèrement blessé.

Yutaka Katada a exclu que le bateau ait pu être touché par une torpille et précise que l’équipage a constaté qu’un bateau iranien croisait dans les alentours jeudi soir. Après l’avoir évacué jeudi, l’équipage a regagné le Kokuka Courageous vendredi pour le diriger vers Khor Fakkan, un port émirati, escorté par la marine américaine, a poursuivi le PDG de Kokuka Sangyo.

Accusations américaines

Les Etats-Unis, comme leurs alliés saoudiens, imputent à Téhéran la responsabilité des incidents. La marine américaine a publié jeudi une vidéo montrant, selon elle, une patrouille des gardiens de la révolution islamique (GRI), le corps d’élite de l’armée iranienne, retirant une mine-ventouse qui n’avait pas explosé sur une paroi de l’un des deux tankers attaqués jeudi dans le golfe d’Oman. Elle a aussi diffusé des photos des dommages commis sur la coque du pétrolier japonais.

Limpet Mine Attack in the Gulf of Oman: JUNE 13, 2019
Durée : 01:40

Plus tôt dans la journée, le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, avait assuré que « cette conclusion [s’appuyait] sur des renseignements, sur les armes utilisées, sur le niveau de savoir-faire nécessaire pour mener à bien l’opération, sur les attaques iraniennes analogues et récentes contre la marine marchande, et sur le fait qu’aucune organisation à la solde d’une puissance, dans la région, ne dispose des ressources et de l’efficacité requises pour passer à l’acte avec un tel degré de complexité ».

De son côté, l’Iran, par la voix du ministère iranien des affaires étrangères, a rejeté comme « sans fondement » les accusations des Etats-Unis. « Ces deux dernières années, le gouvernement des Etats-Unis fait preuve d’une approche agressive et représente une grave menace pour la stabilité dans la région et dans le monde, en violant toutes les règles internationales », a également dénoncé le président iranien Hassan Rohani, lors d’une réunion de l’Organisation de coopération de Shanghaî (OCS) à Bichkek, au Kirghizistan.

Les Emirats arabes unis ont dénoncé vendredi une « dangereuse escalade » : « L’attaque contre des pétroliers en mer d’Oman est un développement inquiétant et une escalade dangereuse », a dit le ministre d’Etat aux affaires étrangères, Anwar Gargash, sur Twitter. La Chine a appelé les parties concernées « au dialogue » pour régler leurs différends.

La région subit depuis plus d’un mois une escalade des tensions entre les Etats-Unis et l’Iran. Washington, qui ne cesse de durcir ses sanctions économiques et diplomatiques contre Téhéran après avoir claqué la porte il y a un an de l’accord international de 2015 sur le nucléaire iranien, a soudainement multiplié au début de mai les déploiements militaires au Moyen-Orient, accusant le régime iranien de préparer des attaques « imminentes » contre des intérêts américains.

Explosion de pétroliers dans le golfe Persique le 13 juin 2019 / golfe d'Oman / détroit d'Ormuz / Moyen-Orient / INFOGRAPHIE « LE MONDE »