Une perquisition menée fin 2017 à Paris a mis au jour un usage régulier, par Nicolas Sarkozy, de liquide en grosses coupures, conduisant à l’ouverture d’une enquête par le parquet national financier (PNF). Révélée par Mediapart, cette nouvelle affaire visant l’ancien président de la République a été confirmée, jeudi 13 juin, à l’Agence France-Presse (AFP) par une source judiciaire.

Cette source n’a pas précisé quels sont les éventuels délits visés par cette nouvelle procédure judiciaire du parquet anticorruption contre l’ancien président de la République. Dans son article publié mercredi, le site d’information rapporte qu’au cours des dernières années, Nicolas Sarkozy a « systématiquement » retiré de son compte des espèces en billets de 500 euros. Cette pratique « inhabituelle » a été découverte par des policiers et des magistrats dans le cadre de l’affaire des financements libyens.

« Lors d’une perquisition fin 2017 chez le célèbre antiquaire parisien Christian Deydier, (…) les policiers de l’Office anticorruption (OCLCIFF) ont mis la main sur un pli au nom de Nicolas Sarkozy, qui avait été déposé la veille dans la boutique d’antiquités », indique Mediapart. L’enveloppe – découverte lors de cette perquisition menée pour les investigations sur un possible financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007 –, contenait « un chèque de 2 000 euros » pour l’achat d’une antiquité au nom de l’ancien président, « ainsi que quatre billets de 500 euros ».

Statuette chinoise

Le PNF a alors ouvert une enquête incidente (c’est-à-dire ouverte au cours d’une autre procédure déjà engagée), dans laquelle l’ancien chef de l’Etat a été interrogé, selon Mediapart. M. Sarkozy a expliqué « qu’à l’époque, tous les mois, une de ses assistantes va en son nom retirer à la banque quelque 2 000 euros en grosses coupures, dont des billets de 500 euros », rapporte le média. La pratique n’est pas illégale, et il n’a pas été possible de relier avec certitude ces retraits aux sommes découvertes chez l’antiquaire. Par conséquent, « l’enquête judiciaire s’embourbe », note Mediapart.

L’ancien président a affirmé que les 2 000 euros découverts « étaient destinés à l’achat d’une statuette chinoise » qu’un de ses micropartis – l’Association de soutien à l’action de Nicolas Sarkozy (ASANS) – voulait offrir à Michel Gaudin, en apparente contradiction avec son objet social, selon Mediapart. Michel Gaudin est l’actuel directeur de cabinet de M. Sarkozy et, par ailleurs, trésorier de l’ASANS depuis 2012.

La révélation de cette affaire vient s’ajouter aux autres démêlés judiciaires de l’ancien président, qui vit sa retraite politique sous la menace de deux procès : un pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012 dans le cadre de l’affaire Bygmalion, le deuxième pour « trafic d’influence » et « corruption » présumée du haut magistrat Gilbert Azibert. La tenue de ces procès est suspendue à d’ultimes décisions de la Cour de cassation.

Dans l’affaire libyenne, il a été mis en examen le 21 mars 2018 pour « corruption passive », « recel de détournements de fonds publics libyens » et « financement illégal de campagne électorale ». De retour dans le bureau des juges, le 4 juin, il n’a pas répondu aux questions des magistrats, dont il a attaqué la compétence devant la cour d’appel.

L’affaire Bygmalion expliquée en 5 minutes
Durée : 04:57