Le Français Jean-Philippe Mateta célèbre son but avec ses coéquipiers lors du match amical de football des moins de 21 ans entre la France et l’Espagne au stade Michel-d’Ornano de Caen, le 19 novembre 2018. / CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Treize ans d’absence. Une éternité (ou presque) ! Pour la première fois depuis 2006, les Bleuets vont participer au championnat d’Europe espoirs de football. Et les moins de 21 ans tricolores abordent cette compétition, qui a lieu en Italie et à Saint-Marin du 16 au 30 juin, dans la peau de candidats potentiels à la victoire finale. 

Il s’agit là d’un sacré changement de perspectives. Car, depuis 2002 et la finale perdue contre la République tchèque par l’équipe alors emmenée par Mickaël Landreau, Jean-Alain Boumsong ou encore Sidney Govou, l’équipe de France espoirs a enchaîné les déconvenues. A la différence des autres catégories de jeunes, telles que les moins de 19 ans (U19) et les moins de 20 ans (U20), qui, elles, collectionnent les titres.

« Il y a quelque chose qui cloche », avait confié le sélectionneur des Bleuets, Sylvain Ripoll, lors de son intronisation, en mai 2017. « Quand on regarde les noms [des espoirs qui étaient appelés pendant une décennie], les potentiels individuels qui composent toutes ces sélections, il n’y a même pas photo. Ces équipes-là auraient dû se qualifier pour l’Euro et même beaucoup plus », avait-il expliqué au Monde.

Manifestement, Sylvain Ripoll a su trouver des solutions à cette « chose qui cloche ». En 2018, le ciel s’est enfin éclairci. Avec neuf victoires et un match nul en dix rencontres, les espoirs français ont réalisé une campagne de qualification quasi parfaite pour cet Euro. Ils ont affolé les compteurs avec 24 buts inscrits et 6 encaissés.

L’objectif : se qualifier pour les demi-finales

C’est donc une équipe de France considérée comme l’une des favorites qui se présentera, mardi 18 juin au stade Dino Manuzzi, à Cesena, en Italie, face à l’Angleterre, autre prétendante au titre, pour le premier choc de la compétition. Depuis 2009, les deux nations se sont rencontrées à trois reprises et les Bleuets l’ont à chaque fois emporté.

Dans un groupe plutôt relevé, les jeunes Bleus devront également se défaire de la Croatie et de la Roumanie s’ils ne veulent pas voir leur aventure s’arrêter brusquement. L’objectif est clair : se qualifier pour les demi-finales, synonymes de participation aux prochains Jeux olympiques (JO), où la France n’a plus figuré depuis 1996 à Atlanta ! Une participation aux JO 2020 serait d’autant plus profitable aux espoirs qu’ils seraient qualifiés d’office pour les Jeux de 2024, qui se dérouleront à Paris.

L’équipe de France peut compter sur un certain nombre de joueurs expérimentés malgré leur jeune âge : certains sont déjà des éléments importants dans leurs clubs et ont disputé des compétitions de haut niveau, comme la Ligue des champions et la Ligue Europa. C’est le cas, notamment, de Moussa Dembélé, Mattéo Guendouzi, ou encore Dayot Upamecano.

Titulaire à la pointe de l’attaque de l’Olympique lyonnais, Moussa Dembélé a inscrit 15 buts en 33 matchs de Ligue 1 cette saison. Milieu de terrain d’Arsenal, Mattéo Guendouzi est un titulaire indiscutable dans le onze des Gunners avec 33 matchs de Premier League disputés cette saison. Dayot Upamecano, lui, n’a pas été épargné par les blessures mais est un titulaire en puissance au sein du club allemand de Leipzig.

Manque d’intensité

Si les Bleuets nourrissent de grandes ambitions, il leur faudra tout à la fois faire preuve d’autorité et d’humilité. C’est ce que Didier Deshamps s’est chargé de leur rappeler, le 2 juin, avant leur départ pour l’Italie : « Si vous allez là-bas (…) avec le torse bombé et sur la pointe des pieds, vous allez vous faire défoncer. Même s’il y a peut-être moins de qualité en face. Mais ça passera pas », leur a expliqué le sélectionneur de l’équipe de France.

Visiblement, le discours de Didier Deschamps reste encore à assimiler. Depuis la phase de qualification pour l’Euro, les hommes de Sylvain Ripoll ont disputé six matchs amicaux, avec une seule victoire au compteur, quatre nuls et deux défaites. La dernière en date est celle enregistrée lors du dernier match de préparation à l’Euro, mardi 11 juin : les espoirs ont perdu 3-1 contre l’Autriche, alors qu’une semaine plus tôt, ils s’étaient imposés face à la Belgique (3-0).

Plus que la défaite, c’est le manque d’intensité contre les Autrichiens qu’a retenu Sylvain Ripoll, parlant d’« un rappel à l’ordre ». « On est irrégulier dans cette capacité à mettre beaucoup d’engagement et d’investissement, on était clairement en dessous des Autrichiens là-dessus. C’est difficile de gagner un match dans ces conditions », a relevé le sélectionneur.

« Il a manqué beaucoup de choses et on va travailler pour ne pas retrouver ça », a promis le défenseur central Moussa Niakhaté. Le joueur de Mayence (Allemagne) l’assure également : « Il y a des chouettes mecs dans cette équipe, un bon groupe, et on peut rêver d’une belle chose le 30 juin [jour de la finale de l’Euro]. Ce sera étape par étape, mais il y a de quoi faire. » Premiers éléments de réponse mardi contre l’Angleterre.

Un Euro éclair

Ce ne sera que le premier match pour les deux équipes et pourtant, le vainqueur de France - Angleterre, mardi 18 juin, prendra déjà une sérieuse option sur la qualification en phase finale de l’Euro. La compétition, qui ne dure que deux petites semaines, regroupe douze nations. Celles-ci sont partagées en trois poules de quatre équipes. Les premiers de chacun des trois groupes se qualifient, ainsi que le meilleur deuxième parmi les trois poules et jouent directement les demi-finales. Après trois matchs tout peut donc être fini. Et le futur vainqueur de l’Euro n’aura à disputer que cinq matchs pour remporter le titre. Les équipes doivent donc être prêtes d’entrée.