Cloud, sa grosse épée, et sa grosse préoccupation pour l’avenir de la planète. / Square Enix

Où étiez-vous en 1997 ? L’auteur de ces lignes, en tout cas, n’était pas devant une PlayStation première du nom, faute d’en posséder, faisant ainsi l’impasse sur un certain Final Fantasy VII dont on lui rebat les oreilles depuis.

Aussi, quand à l’E3 2019 (le plus gros salon du jeu vidéo, à Los Angeles), le hasard des rendez-vous fait qu’on se retrouve, manette en main, devant une démo de Final Fantasy VII Remake (qui doit sortir le 3 mars 2020 sur PlayStation 4), décision est prise de faire de notre manque d’expertise une force, et de tenter de répondre à cette question existentielle : peut-on apprécier le remake, sans avoir joué à l’original ?

  • Que raconte « Final Fantasy VII » ?

Que les exégètes de « FF7 » nous pardonnent. Tout ce que l’on sait de l’original est qu’il conte l’histoire de Cloud, un jeune homme impeccablement coiffé, qui mène dans la ville de Midgard des actions terroristes pour déstabiliser des industriels mal intentionnés.

Le jeu d’origine est culte à plus d’un titre. Premier jeu de la série distribué en Europe, premier jeu de la série en 3D, il a fait découvrir à toute une génération de joueurs une grammaire bien précise, avec ses combats en tour par tour, ses tableaux en 2D auxquels se superposent des personnages en 3D un peu grossière, et ses dialogues traduits de façon lamentable.

Cloud et son copain le gros baraqué à lunettes (absente de la photo : la copine marchande de fleurs). / Square Enix

  • Que reste-t-il du « Final Fantasy VII » d’origine dans ce remake ?

Pas grand-chose, sinon ses personnages iconiques (qu’on décrira, avec mauvaise foi, comme la fille aux fleurs et le gros musclé à lunettes de soleil) ; l’ambiance poisseuse de la ville de Midgard : et son introduction, ici reproduite quasiment plan par plan, qui voit Cloud entrer en scène accroché à un train lancé à toute allure.

Pour le reste, Final Fantasy VII Remake n’a pas peur de revoir intégralement sa copie, ou du moins la façon de se laisser jouer, proposant une progression qui rappelle celle d’un jeu d’action vue à la troisième personne. Dans la démonstration de vingt minutes de ce remake présentée à l’E3 2019, on progresse dans une usine sordide, s’enfonçant de plus en plus profondément dans une sorte de silo, sans qu’il n’y ait de séparation entre les moments d’exploration et les combats. Contrairement au jeu d’origine.

Très vite, on arrive au « boss » : un gigantesque robot scorpion capable de lancer des lasers avec sa queue. Un combat qui doit exister dans le jeu original, de manière statique, d’après ce que l’on sait : les héros et le monstre se faisaient face, et le joueur distribuait simplement les ordres d’action, sans contrôler directement ses personnages.

Les combats ont beau être longs, ils sont autrement plus dynamiques et captivants que dans les jeux de rôle d’époque. / Square Enix

  • Et quoi de neuf ?

Dans ce remake, le combat est à l’inverse extrêmement mis en scène, découpé en séquences radicalement différentes. Le robot grimpe aux murs, se déplace dans l’arène, tandis que nos héros se cachent derrière des obstacles pour éviter les dangereux lasers.

Le système de combat, intégralement en temps réel, laisse le joueur se promener où il veut, taper quand il veut, du moins avec ses attaques de base. Celles-ci remplissent une jauge qui peut ensuite servir à déchaîner des attaques spéciales, tel que Braver (Bravoure dans la VF d’origine), infligeant des dégâts supplémentaires. La troisième dimension permet en outre de viser, pour taper l’ennemi, par exemple, sur son point faible.

Un mélange d’action et de tactique autrement plus moderne et dynamique que le système en tour par tour originel, et qui fait passer ce combat qui aurait pu être interminable (le boss a un nombre incalculable de points de vie) comme une lettre à la poste. Et déjà, c’est la fin de la démo.

  • « Final Fantasy VII Remake » peut-il plaire, au-delà de la nostalgie ?

On sait déjà que ce remake n’est que le premier d’une série. Ce premier épisode se concentre sur les toutes premières heures du jeu, qu’il enrichira de manière à en faire un jeu à part entière.

A en croire les aficionados croisés lors du salon, cette nouvelle version est à même de faire passer le jeu d’origine pour un brouillon, une note d’intention, étirant des échanges expéditifs en dialogues autrement mieux écrits, modifiant un combat statique pour en faire un affrontement dantesque.

Final Fantasy VII, vu de 2019, peut paraître au profane un jeu lourdaud, lent, long, mal écrit (ou en tout cas mal traduit), et doté d’une 3D qui a très mal vieilli. Mais manette en main, la courte séquence aperçue à l’E3 laisse à penser que ce Remake pourrait être tout l’inverse, balayant les préjugés entretenus depuis 1997, et réconciliant, peut-être, enfin, ceux qui avaient une PlayStation 1 et ceux qui n’en avaient pas.