L’une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron va voir le jour. A partir de dimanche 16 juin, et pour une dizaine de jours, 2 000 jeunes de 16 ans vont expérimenter la concrétisation du Service national universel (SNU), que devront accomplir à terme tous les jeunes.

Pour cette première édition, à échelle réduite, 2 000 volontaires de 15 ou 16 ans ont été sélectionnés – sur 4 000 candidats –, dont 50 en situation de handicap. Ils ont été répartis sur treize départements, un par région métropolitaine auxquels s’ajoute la Guyane, où ils seront hébergés dans des « centres SNU » (internats, centres de vacances, Crous etc.) et encadrés par 450 adultes. Leurs frais de déplacement sont pris en charge par l’Etat. Aucun des volontaires n’effectue ce séjour SNU dans son département.

Les jeunes sont des lycéens, des décrocheurs scolaires, des apprentis, des élèves en CAP. Après cette première phase en hébergement collectif, ils devront réaliser une mission d’intérêt général cet été ou durant l’année scolaire 2019-2020 : deux semaines, d’affilée ou pas, au sein d’une association, maison de retraite, services de pompiers…

Le coût du SNU critiqué

Quatre objectifs ont été rattachés au SNU : « développer une culture de l’engagement » pour « accroître la cohésion et la résilience de la nation », « garantir un brassage social et territorial de l’ensemble d’une classe d’âge », « renforcer l’orientation en amont et l’accompagnement des jeunes dans la construction de leurs parcours personnel et professionnel » et enfin « valoriser les territoires et leur patrimoine culturel ».

Ses opposants, dont les organisations étudiantes, y voient surtout un coût faramineux, alors que l’enseignement supérieur par exemple crie misère. Le gouvernement n’a jamais donné de chiffre précis concernant le budget total de ce dispositif. Le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’éducation nationale Gabriel Attal, nommé en octobre 2018 pour piloter ce projet, évalue toutefois à 2 000 euros par jeune le coût des douze jours passés en hébergement collectif, cette année. Rapporté à 800 000 personnes, le budget serait donc, à terme, d’au moins 1,6 milliard d’euros par an.

Les organisations étudiantes s’interrogent également sur la réalité d’une meilleure « cohésion » de la nation par la grâce de deux semaines passées en commun. « Nous partageons les constats du gouvernement sur le manque de mixité sociale mais nous pensons que le SNU n’est pas la bonne réponse », déclare à l’Agence France-Presse (AFP) Orlane François, à la tête de la Fage, premier syndicat étudiant. « Deux semaines en caserne, ça peut séduire une partie de la population, nostalgique du service militaire, mais pas les jeunes qui sont quand même les premiers concernés. »

Un quotidien aux allures militaires

Uniforme (bleu marine, deux cocardes), levée des couleurs, chant de la Marseillaise à 8 heures, hébergement en maisonnée regroupées par cinq au sein d’une compagnie… Le SNU adopte un vocabulaire propre à l’armée. Le dispositif est appelé à se généraliser au fil des ans à l’ensemble d’une classe d’âge, soit 800 000 adolescents. L’an prochain, il sera étendu à 40 000 jeunes.

Au programme de ces douze jours : activités physiques en pleine nature, visites de sites, témoignages d’autres engagés, sensibilisation aux valeurs de liberté, égalité et fraternité, connaissance des principaux services publics, module d’initiation au code de la route. Avec pour fils rouges l’engagement et le développement durable, selon le ministère de l’éducation.

Les jeunes suivront également deux modules obligatoires, d’une journée chacun : « sécurité » et « défense et mémoire ». Et assisteront à quatre rendez-vous dans chaque centre SNU, que sont le match de la Coupe du monde féminine de foot France-Nigéria le 17 juin, la commémoration de l’Appel du 18 juin, la fête de la musique le 21 et la cérémonie de clôture le 28.