Canal+, dimanche 16 juin à 21 heures, documentaire

Elle est présente, que l’on soit jeune espoir ou athlète confirmé. Que l’on ait 20 ans comme Mathilde Gros, championne d’Europe de cyclisme sur piste, ou 42 comme Armel Le Cléac’h, navigateur aux trois tours du monde en solitaire à son actif. La peur, puisque c’est d’elle dont il s’agit, est souvent présente à des degrés divers, à des moments différents, dans la tête des champions suivis au plus près durant de longs mois par les auteurs de ce passionnant documentaire.

Johan Clarey, skieur : « Aller au-delà de nos appréhensions fait partie de notre job »

Au moment de dévaler une piste de ski dangereuse, de démarrer un Grand Prix de F1 au volant d’un bolide, de sauter dans le vide du haut d’un plongeoir de dix mètres, d’entrer en mêlée, la peur peut inhiber ou, au contraire, permettre à l’athlète de se dépasser. A l’aide de mots-clés (vitesse, vertige, solitude, dépassement, sang-froid, acceptation…) et en parcourant le monde (de vélodromes au Japon et en Pologne aux pistes de ski autrichiennes et italiennes en passant par les circuits de F1 à Bakou et Abou Dhabi, sans oublier les bassins d’entraînement et les terrains de rugby français), ce documentaire éclaire le sujet avec à-propos.

Mauvaises expériences passées

Les témoins interrogés (Mathilde Gros, Armel Le Cléac’h, le pilote Romain Grosjean, le plongeur Benjamin Auffret, le skieur Johan Clarey et le rugbyman Dimitri Szarzewski) se confient longuement, sans fausse pudeur ni langue de bois. Les images d’archives, parfois glaçantes, qui viennent illustrer les mauvaises expériences passées des uns et des autres (chutes, accidents, naufrage, ratés en tout genre) permettent aussi de mieux comprendre pourquoi ces champions, aussi forts soient-ils, connaissent ce sentiment.

« Au volant, on a toujours cette peur au ventre. Parfois de mauvaises pensées. Il faut les repousser », souligne Romain Grosjean qui a connu, à 350 km/h, de sacrées frayeurs. « Quand on part seul en mer, on est conscient de mettre sa vie en jeu. Et quand le stress bascule dans la peur, on perd le contrôle du bateau », affirme Armel Le Cléac’h. « Aller au-delà de nos appréhensions fait partie de notre job », estime le skieur Johan Clarey, suivi par le rugbyman Dimitri Szarzewski : « On peut avoir peur, mais il faut savoir la surmonter. » Plus facile à dire qu’à faire ? « Avec mon préparateur mental, on a banni le mot peur de mon vocabulaire ! », dit Mathilde Gros.

Sueur froide, de Guillaume Priou et Jean-Marie Goussard (Fr., 2019, 90 min). www.mycanal.fr/articles/sports/sueur-froide